Vous aussi, vous avez déjà promis de refaire le monde avec une bande de potes dans un bar ? Sans que cela ne débouche, toutefois, sur rien de concret le lendemain matin… Hormis, éventuellement, un solide mal de crâne ! Sachez que si vous aviez derrière vous une entreprise prospère, le résultat de ces digressions aurait pu être bien différent. Cet Ineos Grenadier en est une preuve tangible. Flash-back : nous sommes en 2017 et Jim Ratcliffe, le président d’Ineos (la deuxième plus grande entreprise chimique du monde), constate que le marché va manquer d’un 4X4 fonctionnel et répondant aussi aux exigences modernes. Bref, une sorte de mariage idéal entre l’archaïque Land Rover Defender, qui venait de prendre sa retraite, et son descendant annoncé comme nettement plus « technologique ». L’idée de construire un véhicule de zéro est alors venue à Jim Ratcliffe et quelques-uns de ses amis dans leur pub préféré, « The Grenadier », au Royaume-Uni. Moins de 5 ans plus tard, la branche automobile du groupe chimique, Ineos Automotive Limited, était née ; l’ancienne usine Smart en France rachetée à Mercedes et… nous voilà au volant du Grenadier développé avec l’aide des spécialistes de Magna Steyr ! Le premier modèle d’une famille destinée à accueillir aussi un Grenadier pick-up ; un Grenadier à hydrogène mais également un « baby-Grenadier » électrique d’ici 2026.
Look fonctionnel
Bien sûr, impossible de ne pas voir les similitudes esthétiques entre ce Grenadier et le Defender originel. Ce qui va certainement l’aider à récupérer une partie de la clientèle de l’illustre Land Rover… Mais sa forme est aussi dictée par la fonction : son profil cubique maximise son volume de chargement et permet de cerner facilement les contours de la carrosserie en tout-terrain. Ses porte-à-faux courts et sa garde au sol généreuse (26,4 cm) offrent en sus d’excellents angles d’attaque (35,5°) et de fuite (36,1°).
Ceinture utilitaire
En option, on peut également opter pour une « ceinture utilitaire » (soit des rails fixés à mi-hauteur des portières permettant d’arrimer des accessoires) ainsi que pour une échelle en aluminium afin d'accéder plus facilement à la galerie de toit.
Bref, l’Ineos Grenadier est parfaitement adapté à une utilisation aventurière/professionnelle. Et il regorge aussi de petites astuces pratiques à l’instar du petit compartiment de rangement verrouillable (20 litres) logé au cœur de sa roue de secours portée « à l’envers » ou encore du treuil optionnel intégré « dans » le pare-chocs, derrière la plaque d’immatriculation.
En revanche, on soulignera tout de même que l’accessoire déplaçant la prise d’air du moteur vers le pavillon n’est pas un véritable « Snorkel » et ne permet pas de relever la hauteur du passage à gué du Grenadier. Seulement de lui éviter de « mordre trop de poussière » sur les pistes. Mais cela dit, le Grenadier peut déjà évoluer dans 80 cm d’eau « de série ».
3 déclinaisons
En attendant sa future version pick-up baptisée Quartermaster, le Grenadier existe en trois variantes : Station Wagon à cinq places ; Utility Wagon à deux places (version utilitaire sur le marché belge) ou Utility Wagon à cinq places (mais qui n’est pas considérée comme un utilitaire en Belgique). Chez nous, le choix se portera donc plutôt entre la version Station Wagon offrant 5 places confortables ou l’Utility Wagon à 2 places (fiscalité utilitaire). Plusieurs lignes d’équipement sont proposées (Fieldmaster et Trialmaster par exemple) pour rendre le Grenadier soit plus « chic », soit plus « fonctionnel ». Mais dans tous les cas, le Grenadier peut être configuré à la carte (jantes acier ou alliage de 17 ou 18 pouces).
Avalanche de références…
Plus on découvre cet Ineos Grenadier, et plus on se rend compte que le « pari » de Jim Ratcliffe n’a rien d’un simple caprice imaginé à la hâte ! Regarder de près son châssis-échelle (section en acier de 3,5 mm aux cavités remplies de cire) et découvrir la liste des sous-traitants impliqués permet de se rendre compte que l’Ineos Grenadier est un vrai concentré de références : moteurs six cylindres en ligne BMW, boîte de vitesses automatique ZF, boîte de transfert Tremec, freins Brembo, sièges Recaro, etc. C’est clairement un outil pour professionnels taillé par des professionnels.
Habitacle modernisé, avec parcimonie
En se glissant à bord, on a un peu l’impression de pénétrer dans un cockpit d’avion. La console centrale et le pavillon regorgent de « gros » boutons. Ils permettent d’être actionnés facilement, même avec des gants. Et ils sont même « étanches » (classification IP54K), ce qui permet de laver l’habitacle du Grenadier à l’eau en cas de besoin (il y a 5 bouchons de vidange dans le plancher).
Mais s’il privilégie autant que possible l’analogique au numérique, le Grenadier n’en accueille pas moins une tablette de 12,3 pouces sur le sommet de sa planche de bord. C’est d’ailleurs elle qui remplace les traditionnels compteurs. Devant ses yeux, le conducteur ne retrouve en effet qu’un tout petit affichage minimaliste (dommage, de « bonnes vieilles aiguilles » auraient parfaitement terminé cet habitacle subtilement suranné selon nous).
Autre petit détail appréciable : il est possible de jouir de vitres « Safari », au-dessus des places avant. Elles peuvent être entrouvertes ou entièrement retirées.
Tout-terrain surdoué…
Inutile de disserter longuement sur les performances en tout-terrain du Grenadier. Avec son châssis échelle ; sa transmission intégrale permanente avec différentiel central verrouillable (en série) ; ses différentiels avant et arrière verrouillables (en option) ainsi que sa gamme de rapports courts, il « passe partout ». Et ce en laissant une agréable sensation de grip mécanique, à l’ancienne tout en offrant un excellent maintien grâce à ses sièges Recaro. Bien sûr, le Grenadier est aussi une bête de somme capable de tracter 3.500 kg, une charge utile allant jusqu’à 871 kg et un coffre XXL (plus de 2.000 litres, avec les sièges arrière repliés).
… et routier convaincant
Mais ce que l’on apprécie aussi, c’est que cette « rusticité » en tout-terrain ne se paie pas (trop) en inconfort sur la route. Le Grenadier présente un comportement routier convaincant. Certes, sa direction, avec une démultiplication assez marquée (3,85 tours) et peu de rappel en sortie de courbe, reste assez liée à l’univers du tout-terrain. Tout comme son diamètre de braquage important (13,5 m). Mais le confort de marche est acceptable ; l’insonorisation soignée et les performances offertes par les groupes motopropulseurs de premier plan. La boîte ZF à 8 rapports offre une partition sans faille et les six cylindres en ligne de BMW sont explosifs. L’essentiel des ventes ira certainement chez nous vers le 3.0 l diesel de 249 ch. Un moteur qui s’apprécie surtout pour son couple de 550 Nm disponible dès 1.250 tr/min et sa consommation officielle de 10,5 l/100 km. Le bloc 3.0 l essence offre plus d’allonge (286 ch pour 450 Nm) et une sonorité assez grisante. Mais son appétit moyen est fixé officiellement à 14,4 l/100 km.
Prix Ineos Grenadier
On l’a vu, le Grenadier est un tout-terrain compétent et qualitatif. Il ne faut donc pas s’attendre à des tarifs bradés. La version utilitaire à deux places est proposée à partir de 67.000 €. Comptez 76.500 € pour la variante Station Wagon à 5 places plus « cossue ». Notez que, dans tous les cas, les blocs essence et diesel sont proposés au même tarif. À titre de comparaison, le Land Rover Defender 110 avec son bloc diesel de 250 ch démarre à partir de 72.670 €. Comptez 66.130 € pour un Toyota Land Cruiser 5 portes diesel de 204 ch.
Notre verdict
Le pari né d’une discussion au pub « The Grenadier » est réussi : ce tout-terrain mêle subtilement rusticité et modernité. De quoi plaire aux puristes/professionnels tout en s’octroyant de légères concessions au mode moderne afin de rendre son usage confortable au quotidien.