Alors d'accord, pas grand monde n'a retenu le désastreux Nissan Murano Crosscabriolet, un cuisant échec et, il faut bien le reconnaître, le sex-appeal d'un étron (pardon, Monsieur Nissan, mais le Murano ne méritait pas ça…). Et personne, hormis les historiens de l'automobile, ne se souvient des variantes Jeepster de la Jeep, apparues sur différents marchés sous le label Willys au début des années '50. Il faut dire qu'à cette époque, il n'était guère question de SUV et les marketeurs fous n'avaient pas encore pris le pouvoir chez les constructeurs automobiles.

Ce n'est plus le cas maintenant, où il faut occuper le terrain, investir la moindre niche et faire parler de soi. Avec son image en béton et l'insolent succès de l'Evoque, un succès qui ne se dément pas puisqu'il se vend mieux aujourd'hui qu'à son lancement, Land Rover joue ici sur du velours. Quand le prototype de l'Evoque Cabriolet a pointé le bout de son "open roof", les réactions du public n'ont guère laissé planer le doute sur une éventuelle commercialisation.

100% Evoque

Les fans de l'Evoque se réjouiront de ce nouvel opus, préservant les atours esthétiques de cette success story. La ligne de caisse remontant vers l'arrière est maintenue, le style expressif de la poupe et de la face avant aussi. Celle-ci hérite d'un pare-chocs statutaire, voire agressif, avec ses entrées d'air bien marquées de part et d'autre de la calandre

Les autres n'y verront qu'une brique cunéiforme surmontée d'une capote de Golf Cabrio, avec un cul haut comme une armoire normande et l'inévitable bouclier avant qui tente de faire ressembler n'importe quelle Clio tunée à une Lamborghini… Choisissez votre camp, mais gardez en mémoire le véritable plébiscite dont jouit l'Evoque sur tous les marchés, un triomphe que peine à approcher le pourtant fort réussi et en réalité bien proche Discovery Sport. Plus de 500.000 Evoque ont trouvé preneur depuis son lancement: la personnalité affirmée du petit Range tient donc pour une bonne part dans son succès!

Coupé décapsulé

Ceci posé, le cabrio reste fort proche du coupé, hormis pour les ailes arrières, discrètement redessinées pour intégrer la capote et le nouveau panneau de coffre surmonté d'un aileron. Le choix de la capote en toile a été retenu pour diverses raisons, dont le poids réduit et la possibilité de l'actionner jusqu'à 48 km/h. Mise au point par Webasto, la capote cinq couches se replie en Z en 18 secondes et n'entame pas la capacité du coffre, 251 litres dans tous les cas de figure. Derrière les dossiers de sièges arrière se nichent des arceaux déployables en 90 millisecondes en cas d'accident.

Le décapsulage de l'Evoque a nécessité un solide renfort de la coque, histoire de préserver une rigidité sans faille, gage d'agrément routier et de capacités off-road préservées. Objectif atteint, nous le verrons plus loin!

Positionné haut de gamme, l'Evoque Convertible n'est disponible qu'avec les niveaux de finition SE Dynamic et HSE Dynamic, et d'office en quatre roues motrices avec boîte automatique. Résultat, une addition relativement salée, avec un ticket d'entrée fixé à 52.500 € pour le SE Dynamic TD4 150 ch, et jusqu'à 62.700 € pour le 2.0 L essence 240 ch en HSE Dynamic, puis commence le jeu des options et des packs… C'est ainsi que notre HSE Dynamic TD4 180 ch (55.400 €) recevait(!) entre autres le pack Black Design (3.550 €), le pack Driver Assistance (2.800 €), la peinture Phoenix Orange (1.630 €), les phares LEDs adaptatifs (1.270 €), l'affichage tête haute (1.320 €) et quelques autres éléments, comme le filet anti-remous, indispensable mais pingrement facturé 310€!

Premium!

Ceci dit, le cabrio assume son positionnement premium sans complexe, avec une finition classieuse comme les anglais en ont le secret. Les sièges électriques, magnifiquement dessinés, gratifient les occupants d'une assise idéale, permettant d'envisager des journées entières au volant. La dotation de base se veut assez complète, avec entre autres pour le HSE les phares au xénon avec signature LED, les jantes de 19", le cuir, la clim' automatique, l'éclairage d'ambiance configurable, ou encore l'infodivertissement InControl TouchPro avec navigation.

L'Evoque Convertible n'échappe pas aux affres de la connectivité, ce "truc" sans lequel un constructeur passe pour un attardé, mais qui s'avère impayable pour le commun des mortels et forcément rapidement obsolète: s'il est imaginable de troquer son smartphone contre un nouveau tous les ans, voire même tous les six mois, peu nombreux ceux qui changent de voiture au même rythme!

Le nouvel écran tactile de 10,2" offre une définition de 1.280 X 542 pixels, et sa technologie capacitive permet d'en jouer comme sur votre smartphone ou votre tablette: sympa de (dé)zoomer de deux doigts en mode navigation! Mais du coup, de nombreuses fonctions ne sont plus accessibles que via l'arborescence des menus et sous-menus de l'écran. Pas toujours évident ni intuitif, d'autant que l'écran devient parfois illisible en fonction de l'incidence du soleil. Et sur un cabrio, c'est plutôt fréquent!

De l'air, du gaz

Trêve de considérations, en route! Idéalement installés, les occupants profitent du grand air mais évitent les remous désagréables. Nous ne nous en sommes pas privés, effectuant la quasi totalité de notre essai en mode "open", sans considération particulière pour la température extérieure, parfois proche du zéro, ou pour la pluie légère qui nous accompagna sur les derniers kilomètres qui nous ramenaient à l'aéroport. Un vrai cabrio, exploitable au maximum!

RAS sur les autoroutes françaises, sans intérêt, mais révélation sur les petites routes de montagne. Nos Evoque, montées en 20" avec des pneus hiver, ont fait preuve d'une vivacité et d'une rigueur dignes d'une sportive! Nous nous sommes tous régalés de ces capacités routières, pas forcément attendues d'un SUV décapsulé. La rigidité n'est jamais prise en défaut, les réglages du châssis, la transmission active et les assistances électroniques telles que le répartiteur de couple au freinage (TVB) font le reste!

L'Evoque vire à plat, sans la moindre prise de roulis, tout en préservant un confort très acceptable. On peut se poser autant de questions qu'on veut sur la pertinence de vouloir doter un SUV lourd et haut sur pattes du comportement d'une sportive, force est de constater que c'est réussi et que ça marche! Enfin, presque! L'Evoque cabrio tutoie les deux tonnes, et les 180 ch du TD4 peinent parfois à la relance. Avec un tel châssis, les occasions de dépasser le "lambin-qui-se-traîne" se multiplient et quelques poneys de plus ne gâcheraient pas le plaisir.

Frimeur, mais pas que…!

A contrario, le surpoids de 260 kg n'a guère motivé les ingénieurs (ou les cost-killers?) qui n'ont pas jugé utile de renforcer les freins. Pas de panique, ça freine, mais nous aurions préféré un mordant et une attaque un peu plus francs. Petit bémol encore avec la boîte automatique. Celle-ci se bonifie avec le temps mais elle a parfois du mal à s'y retrouver parmi ses neuf rapports, une hésitation qui s'estompe toutefois en mode sport, plus réactif et plus adapté au rythme soutenu pratiqué sur les petites routes de Savoie.

Un Evoque ne serait pas un Land Rover s'il ne faisait pas preuves de réelles capacités off-road, avec ou sans toit. Nous nous sommes donc retrouvés à faire les zazous, testant des angles d'inclinaison conséquents (35°) et des croisements de pont sans la moindre incidence sur la rigidité de la caisse, exploitant le Terrain Response et le All-Terrain Progress Control (option à 280€) sur le terrain dédié aux scooters des Neiges au sommet de Courchevel. Pas de problème, l'Evoque assume, et de fort belle manière, avec ses pneus hiver 245/45 R20V!

Bilan très positif donc pour cet improbable cabriolet, bien agréable au quotidien avec son agrément décapoté, son comportement routier réjouissant et ses aptitudes off-road préservées. Un succès annoncé dans tous les quartiers chics: à peine moins pratique que l'Evoque Coupé, l'Evoque Convertible apporte un agrément qui ne sera tempéré que par un prix confortable, une consommation qui pourrait ne pas compter parmi les plus frugales en usage "intense" et un déficit de quelques chevaux dans les mêmes circonstances. Rien qui l'empêchera de briller à Knokke, Waterloo ou Courchevel… Avis aux amateurs, les carnets de commande s'allongent, et il semblerait bien qu'il n'y en aura pas pour tout le monde, cette année…