Après sa tentative siglée Urban Cruiser assez peu couronnée de succès, Toyota se relance enfin sur le juteux marché du crossover compact avec une variante SUV dérivée de sa Yaris. Pas question toutefois pour Toyota de se contenter d’ajouter de simples protections de carrosserie à sa citadine hybride pour la décliner en Cross. Si la base technique reste identique, les modifications apportées pour glisser d’un modèle à l’autre sont bien plus profondes. En version Cross, la Yaris s’étire d’ailleurs généreusement de plus de 20 cm grâce à l’allongement de ses porte-à-faux.
Du long de ses 4,17 m, la Yaris Cross aligne alors son encombrement sur celui de la Hyundai Kona Hybrid. Même si, profitant de son restylage caractérisé par des nouveaux pare-chocs à la fois plus lissés mais aussi un peu plus encombrants, cette dernière a vu sa longueur totale glisser de 4,17 m à 4,21 m lors de son opération de chirurgie plastique.
Finition, équipement : égalité
Si nos deux modèles affichent de « bonnes bouilles » à l’extérieur, il faudra se contenter de présentations plus classiques en se glissant à bord. Voire limite austère dans le cas de la Hyundai Kona…
Dans les deux cas, les matériaux utilisés s’avèrent tout de même globalement convaincants, à l’exception de quelques éléments moins flatteurs par-ci par-là.
À l’usage, la tablette tactile du Kona (10,25 pouces) se montre un peu plus séduisante et réactive que celle de la Yaris Cross (9 pouces). Même s’il faut souligner qu’elles sont toutes les deux connectées et qu’elles offrent des services sensiblement équivalents.
Enfin, notons que l’équipement est généreux et à la pointe du segment dans les deux cas. Egalité.
Confort : avantage Hyundai
Du côté des aspects pratiques, en revanche, pas d’égalité ! La Hyundai Kona se démarque grâce à ses places arrière nettement plus accueillantes. Cela passe d’abord par un angle d’ouverture des portes arrière sensiblement plus généreux. Celui de la Yaris Cross est, en effet, étonnamment étroit, ce qui ne facilite pas l’accès à son bord.
On pointera également un rayon aux genoux plus généreux à l’arrière de la Hyundai grâce à son empattement plus important (2,60 m contre 2,56 m).
Dans les deux cas, le volume de coffre offert reste en revanche plutôt équivalent. Sur le papier, « notre » Kona hybrid présentait certes le volume de chargement le plus généreux avec 374 l contre 320 l pour la Yaris Cross mise à notre disposition. Mais à sa décharge, cette dernière était équipée de la transmission intégrale optionnelle (indisponible sur la version hybride du Kona) recourant à un moteur électrique supplémentaire pour donner vie aux roues postérieures. En version deux roues motrices, notons d’ailleurs que le volume de coffre de la Yaris Hybrid monte même à 397l.
Côté confort, la Hyundai se démarque en raison d’un toucher de route un peu plus prévenant mais aussi d’une insonorisation globalement plus soignée. Surtout lors des grosses accélérations. Le trois cylindres hybride de la Yaris a, en effet, tendance à donner plus de voix que le quatre cylindres Hyundai dans l’effort.
Moteur : avantage Hyundai
Même si Toyota se pose en spécialiste de l’hybridation et que la dernière génération de sa chaine cinématique hybride compacte découverte sous le capot de la 4ème Yaris du nom se montre très efficace Hyundai possède aussi une belle expertise dans le domaine.
Non remaniée à l’occasion du restylage du Kona, la motorisation hybride du pétillant crossover Hyundai marie toujours un 1.6 GDi (quatre cylindres essence atmosphérique à injection directe) de 105 ch à un moteur électrique de 32 kW (43,5 ch) et 170 Nm de couple. Ce dernier est alimenté par une batterie lithium-ion polymère de 1,56 kWh. La puissance combinée du Hyundai Kona hybrid atteint 141 ch et 256 Nm de couple.
À l’usage, l’ensemble se montre agréable à manier tant en conduite urbaine que sur les plus grands axes. La boîte à double embrayage DCT (à 6 rapports) utilisée ici permet de conserver un certain agrément lors des plus fortes accélérations. Même si les performances globales restent assez moyennes avec un 0 à 100 km/h couvert en 11,0 s et une vitesse de pointe de 160 km/h.
La chaine hybride utilisée par Toyota pour animer sa Yaris Cross comprend, de son côté, un bloc trois cylindres 1.5 l de 92 ch couplé à deux moteurs électriques, dont un principal de 59 kW (80 ch) et 141 Nm. L’ensemble développe une puissance totale de 116 ch au travers d’une « boîte-pont » caractéristique des mécaniques hybrides de Toyota-Lexus. Notons que la batterie lithium-ion stocke, ici, seulement 0,8 kWh.
Si on le souhaite, il est possible avec la Yaris Cross, comme on l’a déjà écrit, de jouir d’un moteur électrique supplémentaire pour animer les roues postérieures et disposer d’une transmission intégrale AWD-i. Une attention rare dans le segment.
En route, la solution hybride retenue par Toyota s’apprécie surtout en conduite urbaine et coulée. On profite alors d’une mécanique souple et confortable. En conduite plus dynamique, la sensation de « mouliner », avec le trois cylindres grondant d’une voix caractéristique dans l’habitacle, se marque dans ce cas-ci plus qu’avec la Yaris classique, plus légère. Les performances globales s’en ressentent d’ailleurs, avec un 0 à 100 km/h glissant dans ce cas-ci à 11,8 s en version AWD-i contre 9,7 s pour la « simple » Yaris hybride…
Au final, la Hyundai remporte le point « moteur » grâce à son penchant électrique plus marqué. Sa batterie plus généreuse lui autorise en effet des déplacements en mode électrique plus longs. De plus, ses palettes derrière le volant offrent plusieurs niveaux de récupération en conduite électrique. La Yaris Cross se contente, de son côté, d’un unique mode « B » à actionner via le levier de sélection de marche.
Comportement routier : avantage Toyota
En conduite dynamique, la Yaris Cross se rattrape. Elle se démarque surtout de la Kona Hybrid en raison d’une direction plus précise et moins artificielle. La Coréenne se montre en effet moins communicative lorsque le tempo s’accélère. Elle freine aussi un peu moins efficacement ses mouvements de caisse.
Pour être complet, notons toutefois que la Yaris hybride troque son classique essieu de torsion à l’arrière au profit d’un double triangle si l’on opte, comme ici, pour sa version à quatre roues motrices.
Budget : avantage Hyundai
La Hyundai Kona Hybrid est disponible chez nous à partir de 27.599 € en variante Twist d’accès et culmine à 32.999 € pour sa version de pointe Sky. Toyota propose une fourchette de prix un peu plus large : la Yaris Cross Hybrid, en deux roues motrices, débute en effet à partir de 25.430 € (Cross) et culmine à 35.360 € dans sa version de lancement Première richement équipée.
Pour un modèle cœur de gamme, la Hyundai affiche toutefois un prix un peu plus compétitif : 29.790 € (Twist) contre 32.080 € pour la Yaris Cross Adventure par exemple. Si on souhaite jouir de la transmission intégrale avec la Yaris Cross, les prix tirent alors, en Adventure, plutôt vers la barre des 35.000 € (34.680 €).
Dans les deux cas, on a noté une consommation réelle moyenne de +-5 l/100 km, avec un léger avantage (0,5 l/100 km) pour la Hyundai au bout de notre périple commun. Mais qui peut s’expliquer en raison de sa transmission à deux roues motrices. La consommation moyenne WLTP de la Yaris Cross glisse, en effet, d’ailleurs de 4,4 à 5,1 l/100 km entre sa version d’accès et sa variante AWD-i comme ici.
Conclusion : avantage Hyundai
La Hyundai remporte notre confrontation. Elle soigne davantage ses aspects pratiques, tout en profitant d’une mécanique hybride finalement plus polyvalente. La Yaris Cross se rattrape toutefois, outre par sa bouille sympathique, par un agrément dynamique plus flatteur et une chaine cinématique transparente en conduite urbaine. Sans oublier la possibilité d’opter pour une transmission intégrale « intelligente », rassurante lorsque les conditions d’adhérence deviennent précaires.