Voilà des mois que les autorités wallonnes annoncent l’arrivée imminente d’une vaste zone de basses émissions (LEZ), avec pour ambition d’écarter progressivement les véhicules les plus polluants afin de réduire les émissions de CO2 tout en améliorant la qualité de l’air. Après un premier report, cette LEZ devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain, avec une suppression progressive des véhicules allant d’Euro 1 à Euro 6 à l’horizon 2030. Sauf que les arrêtés d’application visant à implémenter cette mesure n’ont jamais été publiés… et ils ne sont pas prêts de l’être !
En effet, le 24 avril dernier, la Commission Environnement du Parlement wallon a approuvé une proposition de décret abrogeant le projet de LEZ. Un texte qui a ensuite été validé par l’ensemble des députés wallons durant la séance plénière de ce 26 avril.
« Pénalisant et stigmatisant »
Alors qu’une bonne partie de l’Europe s’est engagée dans le développement de LEZ un peu partout sur son territoire, la Wallonie fait donc marche arrière, quelques jours après que Bruxelles, sous la pression du PS, ait décidé de remettre en cause l’interdiction des diesel Euro 5 sur le territoire de la région-capitale. Une volte-face que la ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier (Ecolo), explique par le fait que ladite mesure était « disproportionnée, difficilement applicable à l’échelle d’un territoire aussi vaste et divers que la Wallonie, et surtout peu efficace pour améliorer réellement la qualité de l’air ». De quoi pénaliser bon nombre de citoyens vivant dans des zones rurales et qui seraient dans l’incapacité d’acquérir un nouveau véhicule moins polluant.
La Wallonie au ban de l’Europe ?
Dans les faits, tout porte en fait à croire qu’une fois encore la Région wallonne n’a pas les moyens de ses ambitions. Encourager les Wallons à opter pour des véhicules plus propres nécessite des incitants financiers, comme cela se fait en Flandre notamment, avec une prime de 5.000 € octroyée à l’achat d’un véhicule électrique neuf. Sauf que les caisses wallonnes sont à sec et qu’on est à la veille des élections régionales… Les autorités du sud du pays ont donc préféré déclarer forfait, quitte à frustrer les citoyens qui ont d’ores et déjà investi dans un véhicule neuf pour se plier à des règles qui ne seront finalement pas appliquées. De quoi mettre aussi la région wallonne en porte-à-faux vis-à-vis de ses voisins qui ont adopté des mesures plus ambitieuses.