François Piette

27 MAR 2004

Opération séduction pour la New Mitsubishi Colt

La Colt veut se détacher de l’image de la voiture uniquement intéressante pour son prix. Elle s’embourgeoise et attaque le marché européen de plein front. Avec ses propres armes et l’ambition de séduire, les femmes surtout. On l’a découverte à Barcelone.

Le lifting est réussi, c’est sûr. Reste à voir ce qu’elle vaut sur le bitume. C’est donc sur les routes catalanes utilisées par les ingénieurs de Mitsubishi que nous avons eu l’opportunité de tester celle qui n’arrivera qu’à la mi-juin en Belgique. La Mitsubishi Colt est un pari important pour la marque japonaise. Elle ne veut pas rater son coup. Alors on préfère retarder la mise sur le marché, histoire de fignoler certains détails de finition. Globalement, la bouille est vraiment très stylée, avec toutefois un petit Japanese touch indéniable. Pourtant, seul l’arrière est identique au modèle correspondant au Pays du soleil levant. Tout le reste a été développé pour le marché européen. Les couleurs sont chaudes. La tour, non conventionnelle, de support de la console centrale et les contours des boutons s’éclairent en vert fluo la nuit lorsque les phares sont allumés. Les optiques avant rappellent un peu les diamants du logo Mitsubishi. Les clignotants sur les flancs avant sont tout aussi triangulaires. Joint-venture avec DaimlerChrysler La nouvelle Colt est le premier modèle issu de l'alliance entre Mitsubishi Motors et DaimlerChrysler. Les partenaires ont apporté chacun leur savoir-faire. Permettant ainsi à Mitsubishi de garder son identité. Conçue spécialement pour une clientèle européenne, la nouvelle Colt est vraiment différente de celle commercialisée au Japon depuis novembre 2002. On a déjà évoqué le design avant spécifique pour le Vieux continent. Mais c’est aussi le cas pour les moteurs, les boîtes de vitesses, le tarage des suspensions, l'ESP, les jantes 16", l’aménagement intérieur, le tableau de bord spécialement redessiné et la flexibilité de la configuration des sièges. La Colt partage également sa plateforme avec la Smart Forfour. Il est vrai que nos amis du Pays du soleil levant ont une idée toute différente du bon goût et de la conduite. Il suffit de visiter un de leurs sites web à vocation nationale pour remarquer que le subtil mariage des couleurs n’est pas le même que le nôtre… Et on voit mal un Européen acheter une voiture vert pomme avec un tableau de bord bleu ciel. Made in Europe Fabriquée en Europe, aux Pays-Bas, redessinée par les studios de design européens de Mitsubishi et pensée en terme de stratégie et de marketing par un team essentiellement européen, la nouvelle Colt veut attaquer de front la concurrence européenne du segment B. Il faut donc qu’elle joue la malicieuse pour imposer ses 3,87 m parmi les 4,3 millions de voitures vendues dans ce segment ! Dès lors, c’est la voie de la spécificité qui a été choisie. La Colt n’est pas un bivolume conventionnel, mais n’est pas non plus un monovolume compact. C’est un peu les deux à la fois. En effet, elle peut être définie comme un « deux volumes 5 portes haut ». Affaire de compromis, la hauteur permet une parfaite habitabilité jumelée avec une modularité de monospace (les sièges arrière peuvent se replier, se rabattre et s’enlever) et un corps qui fait davantage penser aux voitures de tourisme ayant des proportions plus harmonieuses. Boîte robotisée lente Le look sympa n’empêche pas la Colt d’être efficace sur la route. Nous avons pu essayer une 1.3 essence et le 1.5 Diesel, toutes les deux équipées d’une boîte robotisée AllShift™ à 6 vitesses (la boîte manuelle en compte 5). Si la motorisation essence (1.3 et 1.5) arrive dès le lancement du modèle le 12 juin (juillet-août pour le 1.1), il faudra attendre l’automne pour le gazole. Même si on a bien précisé chez Mitsubishi que la Diesel était encore en cours de développement et d’être conciliant au niveau des vibrations ressenties, on a déjà vu des concurrents proposer des produits finis plus tremblants que la Colt. Le moteur turbodiesel à injection directe et rampe commune DACT avec refroidisseur intermédiaire est issu de la banque de produits de DaimlerChrysler. Fine stratégie car le moteur est toujours fidèle, même en montagne. Cela était un peu plus pénible avec le 1.3 essence. Ce moteur, comme tous les blocs essence, sont nés d’une collaboration 50-50 entre Mitsubishi Motors et DaimlerChrysler. Il s’agit ici d’un 4 cylindres, 4 soupapes par cylindre avec système de distribution à calage variable "MIVEC". Le bloc cylindres est en aluminium, le collecteur d'admission et le couvre-culasse en résine. Á décharge des moteurs, il faut indiquer que la boîte robotisée, une boîte Smart « redéveloppée par les ingénieurs de Mitsubishi », est un peu trop lente. Moins lente que la Smart, mais lente quand même. En montagne, il fallait faire crier (de souffrance ?) le pauvre 1.3 pour faire bondir la Colt à la moindre relance ou pour lancer une dépassement. Ce qui nuit au silence de marche. À moins d’avoir l’intelligence, et l’envie, de passer en mode séquentiel. Le 1.5 était plus à l’aise mais là aussi le passage manuel des rapports est à conseiller dans les virages en série. D’autant que le levier de vitesses court implanté au niveau du plancher est ergonomiquement disposé. Ceci dit, sur nos routes plus planes, la boîte saura se montrer confortable en mode auto. D’autant qu’elle est équipée d’une fonction « Creep » permettant de laisser la voiture avancer au ralenti sans avoir à appuyer sur l’accélérateur. Un plus dans nos embouteillages, comme dans ceux de Barcelone d’ailleurs. Niveau accélérations, la 1.3 Allshift abat le 0 à 100 en 11,1 secondes pour une vitesse maximale de 180 km/h. Même limite de vélocité pour la Diesel dont les chiffres d’accélération ne sont pas encore connus (toujours en développement) mais je peux deviner qu’ils seront un peu meilleurs que ceux de la 1.3 essence. Les deux motorisations avaient une puissance de 95 chevaux, avec, bien sûr, un meilleur couple pour le gasoil. Bonne tenue de route Dans les lacets catalans, on a pu profiter d’une bonne tenue de route et d’une tenue de cap correcte. Toutefois, en la poussant un peu dans ses derniers retranchements, on a noté un pompage vertical et un sous-virage. Le sous-virage, en soi, n’est pas gênant et provoque automatiquement un lever de pied droit. Par contre, les réactions verticales de la suspension en conduite délurée sont un peu plus surprenantes. OK, on n’a pas mis la voiture dans le décor et jamais on a eu l’impression que cela aurait pu arriver, mais bon… Pourtant, le réglage « sport » est de série. La suspension est indépendante avec ressorts hélicoïdaux et barre antiroulis à l'avant et basée sur un essieu à barre de torsion et des ressorts hélicoïdaux à l'arrière, de pair avec un long empattement de 2500 mm et une large voie de 1.460 mm à l'avant et de 1.445 mm à l’arrière. La voiture se montre agréable et confortable avec une suspension pas trop ferme, mais pas trop souple non plus. Elle montre juste ses limites en conduite très spécifique. Heureusement, on peut compter sur une excellente direction assistée entièrement électronique. Places pour les jambes et packaging La Colt sera disponible, chez nous, avec 3 niveaux de finition : Inform, Invite et Instyle (haut de gamme). De plus, en Inform il est aussi possible de peaufiner encore la qualité en optant pour les sous-catégories Cool, Look ou Feel. Les voitures essayées étaient bien sûr bien équipées mais on a noté, surtout, un superbe habillage rouge des sièges. De bons sièges d’ailleurs. Et à l’arrière, les jambes disposent d’un espace de 1,70 m. Sauf si on avance le tout pour augmenter le volume du coffre qui peut contenir jusqu’à 645 litres. La modularité se veut efficace Les sièges arrière se replient et se rabattent, mais peuvent aussi carrément s’enlever indépendamment pour y faire entrer quelques gros colis. L’opération est très facile et très rapide. Je l’ai testée lors d’une pause café et franchement pas besoin du mode d’emploi pour comprendre. On note aussi un crochet à l’arrière des sièges avant pour accrocher les sacs à provisions. Si on les replie, ils laissent apparaître une tablette. Un filet derrière le conducteur et le passager avant, des pochettes sur le côté, des petits espaces de vide-poches offrent suffisamment d’espaces de rangement pour une voiture de cette taille. De plus, au lieu d'essayer d'imiter le cuir naturel, conformément aux habitudes bien établies, Mitsubishi Design Europe a eu l'idée d'un nouveau type de grainage adapté aux matériaux synthétiques utilisés dans les voitures. Recouvrant le rembourrage supérieur du tableau de bord et les contre-portes, ce matériau présente une structure composée de petits carrés qui confère à l'ensemble un aspect contemporain et raffiné. Il faut dire que la clientèle cible est plutôt la femme célibataire de 25 ans. Certes, c’est réducteur, mais la voiture a été conçue autour de « Lisa », un stéréotype de ce profil. Une bonne petite voiture qui sait jouer sur le charme et l’esprit pratique. Reste à écouler toute la marchandise… pour célébrer dignement le 30e anniversaire de l’arrivée de Mitsubishi sur le marché européen. Le lancement officiel de la Colt aura lieu à Lisbonne, au salon de l’auto du Portugal, ce 30 avril. En Belgique, rendez-vous à la mi-juin. On ne connaît pas encore les prix de lancement, hormis celui de la 1.1 prévue pour les grandes vacances : 9909 euros ! Mais il faudra plutôt tabler sur minimum 11000 euros pour une motorisation plus polyvalente. © Olivier Duquesne N.B. : la cotation vaut pour le 1.3 essence. Hormis un 8/10 pour le moteur et un 7/10 pour les reprises, elle reste la même pour le 1.5 Diesel.
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