Bruno Wouters

18 AOÛ 2014

BMW R1200GS Adventure: un éléphant en ballerines!

LA success-story de l'histoire de la moto! La première GS (G/S à l'époque) fit son apparition en 1980, avec un succès qui ne s'est jamais démenti depuis! La variante "Adventure" est née en 2001 sur base de la 1150 GS, même si des versions pseudo "Paris-Dakar" de modèles antérieurs avaient déjà tracé la voie, avec des réservoirs de 35 litres! La 1150 Adventure puis la 1200 Adventure ont connu un tel succès que BMW ne pouvait pas remettre le couvert avec sa GS "liquide". C'est chose faite avec une moto encore plus statutaire qu'auparavant.

Autant la GS "normale" nous séduit par sa somme de qualités et la justesse de son propos, autant nous sommes toujours restés perplexes devant le succès de l'Adventure qui, comme la plupart des SUV de luxe, se contente souvent d'arpenter les trottoirs des beaux quartiers pour toute aventure. Carton plein pour l'absence de discrétion: vous ne risquez pas de passer inaperçu à son guidon, et dans le genre "macho", difficile de trouver plus expressif sur le marché! A défaut de couilles, il vous faudra malgré tout un certain gabarit et un solide paquet de muscles pour vous sentir à l'aise au guidon d'une machine de plus de 260 kg, avec une selle qui culmine à 890 mm du sol… Demi-portions et nains de jardin, passez votre chemin!

Une gueule

L'Adventure fait rêver d'aventure, ce qui explique sans doute son succès dans un monde de plus en plus convenu et policé, et s'affuble pour cela de tous les oripeaux nécessaires. La recette, connue et éprouvée, reprend les classiques déjà exploités pour les générations précédentes. Qui dit aventure dit pistes lointaines et peu fréquentées, donc gros réservoir offrant une autonomie plus que confortable d'au moins 500 km: ça nous change des brêles qui peinent à atteindre 200 km…

Le réservoir de notre GS cube en effet trente litres (vingt pour la GS normale). Viennent de pair un plus grand pare-brise et de petits déflecteurs, une selle plus confortable, des débattements de suspension augmentés de 20 mm pour une garde au sol accrue de 10 mm, de robustes pare-cylindres et pare-réservoirs pour limiter les dégâts lors d'une chute, qui risque d'arriver tôt ou tard lors d'une manœuvre, et une vaste gammes d'accessoires de voyage comme l'incontournable bagagerie alu qui le fait si bien sur les pistes du bout du monde, mais incapable d'engloutir votre intégral lors d'un rendez-vous.

Le jeu des différences…

Techniquement, l'Adventure diffère de la GS par quelques points intéressants. Le moteur a été revu pour le rendre plus rond et onctueux dès les plus basses rotations. Pour ce faire, le volant moteur est alourdi de près d'un kilo, et un amortisseur de vibrations est inséré entre la sortie de boîte et l'arbre de transmission. Pour le reste, nous retrouvons cet excellent twin, dorénavant refroidi par air et eau et enchâssé dans un cadre périmétrique en acier, qui développe dans les deux cas 125 ch à 7.750 trs/min, avec un couple de 125 Nm à 6.500 trs/min. Comme de coutume chez BMW, l'électronique se veut omniprésente, de série ou en option. De série, la GS Adventure a droit à l'ABS, à l'antipatinage ASC, ainsi qu'à deux modes de conduite, "Rain" et "Road". Pour la suite, il faudra piocher dans la liste des options: le mode pilotage Pro offre (façon de parler!) trois modes de conduite complémentaires: Dynamic, Enduro et Enduro Pro, avec en prime des réglages spécifiques de l'ABS et de l'antipatinage.

… et des options!

Une option difficilement contournable, ne fût-ce que pour avoir une réaction directe du moteur à la sollicitation de la poignée de gaz (vous savez, ce truc qui s'appelait auparavant câble de gaz, et qui ouvrait "en direct" un autre truc qu'on appelait carburateur!). Autre option qui agite pas mal le petit monde des flat addicts, la suspension semi-active ESA dynamique.

L'ESA permet de choisir entre trois modes d'amortissement (Soft, Normal et Hard) accessibles en roulant, mais aussi, et seulement à l'arrêt, la précontrainte (pilote seul, avec passager, avec bagages). A l'aide de capteurs de débattements tant à l'avant qu'à l'arrière, l'ESA mesure les mouvements verticaux des roues, mais aussi d'autres paramètres, tels que le style de conduite, pour adapter en continu l'amortissement aux conditions rencontrées.

What else? Vous pourrez encore piocher dans la liste des options pour le phare LED, le régulateur de vitesse, la préparation GPS, les poignées chauffantes, le contrôle de la pression de gonflage des pneus, la bagagerie alu ou l'ordinateur de bord plus généreux en informations.

Eléphant ou gazelle?

Avec ou sans options, l'Adventure en impose, et pas qu'un peu. Objectif atteint donc pour ce qui est de la frime! Plus étonnant, et pour peu que vous ayez un peu l'habitude d'une moto lourde et en prime les jambes assez longues, histoire de manipuler le bestiau à l'arrêt, vous vous sentirez immédiatement à l'aise une fois le pachyderme en mouvement. Position de conduite rassurante et naturelle malgré le gros réservoir, moteur conciliant dès les plus bas régimes, confort et protection difficilement critiquables, les gars de BMW font, comme à chaque fois serait-on tenté d'ajouter, de l'excellent boulot.

On retrouve avec plaisir, mâtiné d'un brin d'étonnement, toutes les qualités qui font la force de la GS. L'éléphant se fait gazelle et se joue de tous les pièges. Encore plus confortable grâce à un débattement accru (et ce génial Telelever qui empêche la fourche de plonger au freinage!) et à la meilleure protection de l'habillage et du pare-brise, toujours aussi enthousiasmante à mener avec un moteur qui n'a rien perdu de son caractère explosif, mais qui a su se rendre plus rond et conciliant à bas régime.

Le boxer accepte en effet de descendre assez bas dans les tours, et reprend sans (trop!) rechigner sur les intermédiaires dès 2.000 trs/min. Avec une zone rouge à 9.000 trs/min, ça laisse une belle plage d'exploitation, sans devoir obligatoirement jouer du sélecteur.

Du tempérament, de l'efficacité!

Plein dès les basses rotations, le flat ne s'essouffle guère dans l'effort: il nous a propulsé assez rapidement à près de 220 km/h compteur sur un petit bout d'autobahn, avant de calmer nos ardeurs par prudence à cause de la circulation. Au vu du genre d'engin, la prestation prend tout son sel, d'autant qu'elle s'effectue dans une parfaite sérénité, avec une tenue de cap irréprochable.

A ce rythme là, un tour du monde serait vite plié! Cette stabilité à haute vitesse n'entame en rien l'agilité dont fait preuve l'Adventure sur les petites départementales que nous parcourons avec un plaisir non dissimulé, tant cette GS montre une aisance et une facilité de tous les instants. Seul bémol, un échappement expressif, et même flatteur, mais lassant à la longue. Avec un gabarit et un prix ne le mettant pas à portée du plus grand nombre, nous ne voyons pas trop ce que nous pourrions reprocher d'autre à cette machine qui illustre au mieux le talent des responsables de BMW, qui voient s'envoler les ventes de leurs produits. Un succès mérité!

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