Pas de grande révolution, puisque la XB12SX est née de l'apport du bloc 1203cc dans une XB9SX qui cubait 894cc. Résultat, une puissance de 93 ch au lieu de 84, et un couple de 104 Nm à 5500 trs/min, à comparer au 81 Nm à 6750 trs/min offerts par la XB9. Nous retrouvons donc avec beaucoup de plaisir ce qui fait la spécificité des Buell, à savoir une volonté maladive de recentrer les masses, de traquer les masses non suspendues et de privilégier la rigidité. Résultat, une moto ultracompacte et trapue, un empattement vraiment court (1320 mm) qui, associé à un angle de chasse de 21°, donne l'impression au pilote d'être assis sur la roue avant, avec le sentiment qu'il va passer par dessus le guidon au premier coup de frein! Rappelons les autres caractéristiques incontournables d'une Buell. Le cadre fait office de réservoir d'essence, tandis que le bras oscillant contient l'huile du moteur. Le pot prend place sous le V twin extrapolé du propulseur des Harley Sportster.

Spécificités Buell

La fourche upside down de 43 mm guide une roue avant dont les rayons ont pu être allégés au maximum grâce au disque périmétrique de grand diamètre fixé directement sur la jante. Il est pincé par un étrier à huit pistons. Notons encore la présence d'une courroie de transmission qui remplace avantageusement la chaîne. Propre et sans entretien, elle se fait complètement oublier. Le moteur, un V twin à 45°, est refroidi par air, huile et ventilateur. Plus sollicité (et plus affûté) que sur les Sportster, il nécessite un refroidissement soigné du cylindre arrière, bien caché derrière le cylindre avant. Résultat, le circuit d'huile passe par un radiateur, et un ventilateur commandé par thermostat complète le dispositif. Le ventilateur a fort à faire, se déclenchant quasi systématiquement. La Buell XB12SX se distingue des autres Buell par quelques détails d'accastillage, comme sa grille de phare, son "X" de protection caoutchouté posé sur le faux réservoir, en réalité le couvercle de la boîte à air, son guidon plus haut et plus large de type cross, les coquilles de protection pour les mains elles aussi empruntées au monde du tout terrain, ou encore une selle plus épaisse.

Stupeur et tremblements

Résultat, une position de conduite différente, plus propice à un contrôle aisé de la machine. Une fois installé au guidon, nous retrouvons avec dépit les horribles commandes au guidon, d'une insondable laideur, ainsi que le tableau de bord d'un "cheap" consommé: un infâme boîtier en plastique sans le moindre raffinement. Au menu: compteur, compte-tours, totalisateur, deux trips, horloge, témoin de réserve d'essence avec décompte kilométrique, et boutons de mode complètement inaccessibles derrière le câble d'embrayage. Heureusement, la géométrie caractéristique de la Buell évacue ces horreurs du champ de vision, il faut vraiment baisser les yeux pour tomber dessus. Pour une fois, nous ne nous en plaindrons pas! Contact, à gauche, à l'ancienne, démarreur, stupeur et tremblements, pour paraphraser Amélie Nothomb. Ca vibre, et pas qu'un peu! Mais nous pourrions aussi faire référence aux Beach Boys: les "Good vibrations" distillées par la Buell au ralenti participent sérieusement à son caractère décalé, et se calment sérieusement une fois la moto en mouvement.

Frustration

Certes toujours présentes, elles ne se montrent jamais gênantes. Au contraire, elles participent au plaisir de rouler avec la Buell! Nous avions gardé un excellent souvenir de nos précédents essais des motos de la marque, avec un caractère moteur bien trempé. Grosse déception ici, avec un tempérament moteur beaucoup plus lisse et policé qu'auparavant, au point d'en devenir peu démonstratif. Le "coup de pied au c.." est castré, les montées en régime placides. Tout est relatif bien sûr, et la XB12SX n'est pas un poumon, mais son caractère démonstratif a bel et bien disparu, comme cela nous a été confirmé par des gens de chez Buell. A vouloir lisser le caractère pour plaire au plus grand nombre, on risque aussi de ne plus plaire à personne. La Buell se distinguait à tous points de vue de ses concurrentes, pas sûr que l'estompement de son caractère moteur fut un bon choix…