Tout est relatif quand même ! Cette Buell Ss (super short !?) gagne 4cm en empattement (1360mm) avec un angle de chasse légèrement augmenté, passant de 21° à 23,5° et la chasse passe de 84 à 119 mm. Le cadre agrandi apporte une plus grande autonomie, la capacité d’essence embarquée s’enrichissant de plus de 2 litres, pour une capacité finale de 16,7 litres. D’autres aménagements profitent à toute la gamme Buell. Une courroie crantée plus costaude, censée tenir à vie, une boîte de vitesses et un embrayage retravaillés.
King size
Lorsque nous prenons possession de notre Buell noire, la différence ne nous saute pas aux yeux, mais une fois assis, nous comprenons immédiatement que la XB 12 long a été conçue pour les grands. La hauteur de selle devient intimidante, voir rédhibitoire pour les pilotes de petites taille. Pour le reste, c’est vrai, la place est moins comptée que sur les « pocket Buell » et, si les jambes sont longues, le pilote se sentira bien sur cette « big Buell ». La sensation d’être assis sur la roue avant, fort ressentie sur les Buell « courtes » disparaît ici complètement. Notre passagère favorite, cobaye de tous nos essais, y trouva sa place elle aussi, mais les vibrations du moteur aux feux rouges lui donnèrent plus le mal de mer que les agréables sensations exprimés par Brigitte Bardot dans une célèbre chanson à la gloire des belles de Milwaukee…
Good vibrations
C’est vrai que le berlingot hérité de la famille sportster transmet sa « vie » à la moto de façon bien sympathique. Jamais gênantes, ses vibrations participent au caractère et au plaisir engendré par la Buell. Pourtant, le moteur de cette Buell XB 12 long ne nous a pas autant convaincu que lors d’un galop d’essai d’une XB 12 l’an dernier. Est-ce la géométrie du châssis long, ou ce moteur n’était il pas au mieux de sa forme, toujours est-il que nous n’avons pas retrouvé le côté bestial, violent qui nous avait impressionné et séduit l’an passé. L’injection cafouille parfois à bas régime, et nous avons eu plusieurs fois durant l’essai un creux vers 3000tr/min, comme si le moteur engorgeait lors de l’ouverture des gaz en grand. Ce n’était pas systématique, ce qui nous fait croire qu’en effet le moteur n’était pas au top de sa forme. Sinon, c’est certain que la nouvelle géométrie rend la Buell moins radicale.
Du calme !
Fini les guidonnages ou les réactions nerveuses en sortie de courbe si le revêtement se dégrade. La Buell « long » est plus facile, moins exigeante, et donc la perception globale de sa conduite est plus paisible, les sensations moteurs étant adoucies d’autant, vraisemblablement. Sur les autres plans, la Buell long garde les caractéristiques spécifiques à la marque. Le freinage est efficace à défaut d’être spectaculaire, avec comme seul bémol cette tendance à redresser violemment la moto si on actionne le frein avant en virage, et un disque arrière dur et inefficace. Le disque périmétrique en jette toujours autant, d’autant qu’il permet d’offrir à la jante des rayons d’une remarquable finesse. Pas à dire : la Buell garde un look ravageur, dû aux caractéristiques unique du modèle.
Appréciable
Les suspensions travaillent bien, et, combinées à une excellente position de conduite, rendent la Buell plutôt plus confortable que certains autres roadsters radicaux. Tant qu’on en est aux compliments, soulignons les grands progrès apportés à la transmission. L’agrément de la courroie n’est plus à démontrer et les progrès de la boîte sont notables. Ce n’est pas encore au niveau des japonaises, mais les vitesses passent bien et l’agrément vaut bien celui procuré par les boîtes BMW par exemple. L’embrayage ne se fait pas remarquer, ce qui est aussi une qualité. Le levier d’embrayage n’est pas réglable, contrairement à celui du frein. Notons au passage, le triste aspect des commodos, décevants au regard du reste de la machine. Le tableau de bord inclut une horloge, deux trips plus un décompte de réserve d’essence. Les boutons de réglages sont complètement inaccessibles, ne pensez pas une seule seconde y accéder en roulant !
Aspects pratiques
Notre consommation a oscillé entre 7 et 8,4 litres. Même avec le nouveau cadre, vous verrez souvent votre pompiste ! Pas longtemps, le remplissage est aisé, mais le bouchon n’est pas sur charnière… Les aspects pratiques sont très « Buell ». Rayon de braquage de camion, compartiment sous la selle réduit à sa plus simple expression, transport de bagage délicat, voire impossible en duo, protection du pilote catastrophique. Sous la pluie, vous serez repeint de la tête aux pieds, le passage dans une flaque vous obligera même à nettoyer votre casque !
Pour qui, pour quoi ?
Alors, la Buell XB12Ss Long, convaincante ? Avis mitigé, en fait. Clairement pas faite pour la ville à cause d’un rayon de braquage grotesque et d’une injection parfois rétive à basse vitesse, pas trop à sa place non plus sur autoroute où elle manque d’allonge à haute vitesse, elle ne s’exprime que sur route. Son châssis rallongé lui garantit une excellente stabilité, tout en préservant une réelle maniabilité. Maniabilité toutefois tempérée par l’inertie du gros V-twin. Moins exigeante qu’un châssis court, elle perd aussi du caractère ébouriffant et sans concession de ce dernier, sans le compenser par des aspects pratiques qui élargiraient son audience. Ce sera sans doute le rôle de l’Ulysses…
Prix : 11.680 euros, soit 250 euros de plus que la XB12S.
© Bruno Wouters