La Buell XB 12 STT réussit le tour de force de préserver les qualités qui font le charme de la famille, en gommant (presque!) tous leurs défauts. Des défauts, il en reste, comme une hauteur de selle qui ne la met pas à portée de toutes les jambes, ou comme un rayon de braquage épouvantablement grand. Ne riez pas, ces 2 défauts conjugués pourront vous offrir un ticket de "par terre" plus rapidement que vous le pensez. C’est d’autant plus frustrant que la ville révèle immédiatement les qualités de joueuse de la belle. Pour autant que vos jambes répondent au minimum syndical exigé, la position de conduite, toujours un peu surprenante, semble plus naturelle, grâce à la conjonction d’une selle redessinée et d’un guidon déjà apprécié sur la XB 9 SX, la plus proche de l’esprit de la STT, et qui distille elle aussi un énorme plaisir de conduite.

 

Il suffit de peu de choses…

 

La XB 12 STT reprend le cadre long (tout est relatif!) et bénéficie d’une garde au sol plus généreuse qui s’accompagne de débattements de suspension revues à la hausse (143mm à l’avant comme à l’arrière). Résultat, un confort réel, une moto très joueuse, mais beaucoup plus intuitive et facile à appréhender, une agilité réjouissante: cette moto donne du plaisir sans trop devoir chercher le mode d’emploi, contrairement à certaines de ses sœurs. Nous retrouvons un peu les sensations de la XB 9 SX, la "patate" du 1200cc en prime. Ce moteur paraît complètement dépassé sur papier par rapport à la concurrence, mais il participe pourtant énormément au plaisir qu’apporte la Buell. Des "good vibrations", une mélopée syncopée caractéristique, une faculté de vous arracher les bras dès les plus basses rotations, de vous inonder de sensations sans devoir essorer la poignée jusqu’à la zone rouge, que demander de plus? De l’allonge? Pas de souci, le V-Twin propulse sans peine la STT à plus de 200 km/h réels en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

 

Le pied!

 

Les 200 km/h, s’ils ne sont pas l’objectif premier de ce genre de machine, permettent de mettre en exergue la remarquable stabilité de cette Buell à haute vitesse. La STT file comme sur un rail, sans le moindre flottement, on en viendrait à enquiller le ruban d'autoroute au taquet si la pression du vent ne venait par vous rappeler que les nationales sont autrement plus "fun" à exploiter au guidon de cette machine. Le couple vigoureux du 1200 vous propulse d’un virage à l’autre sans devoir trop jouer de la boîte, et, c’est nouveau aussi, vous pourrez même modérer votre enthousiasme en freinant en courbe. La Buell qui se redresse instantanément en virage lors d’un freinage n’est plus qu’un souvenir avec la STT, qui vous permettra d’actionner le levier de frein en courbe. La STT devient moins difficile à conduire et ne perd rien en efficacité, bien au contraire. Cette facilité met le pilote à l’aise en toutes circonstances et lui permet d’exploiter au mieux les qualités connues et reconnues des Buell. Le cadre rigide et compact, secondé par des suspensions bien réglées, rend la STT rigide et précise, le guidon style TT permet de la placer au millimètre, le freinage puissant et dosable complète les qualités routières.

 

Un air de famille

 

Evidemment, il ne faut pas rêver, la STT, clairement plus aboutie et la plus plaisante à emmener des Buell, garde certains défauts rédhibitoires. Nous en avons déjà parlé un peu plus haut, nous pouvons rajouter une protection vraiment limitée. Ce n’est pas le moignon de garde-boue hérité de l'Ulysses qui va améliorer les choses et la roue arrière s’occupe de vous repeindre le dos! Encore heureux que la STT, look supermotard oblige, soit équipée de protections pour les mains! Et puis, sous votre nez continue à vous narguer un des plus moches tableaux de bord du marché. A notre avis, il doit venir, avec les commodos, d’une usine chinoise qui copie du matériel de l’ex bloc de l’Est. C’est d’une tristesse insondable! Heureusement qu’on s’amuse tellement à son guidon qu’on lui pardonne cette impardonnable faute de goût!

A 10990 €, la XB 12 STT n’est pas réellement donnée, mais c’est pourtant la moins chère de la gamme, hormis la XB 9 SX. A vous de voir si les plaisirs solitaires sont à ce prix: la STT est une stricte monoplace.