Ceci n’est pas un anniversaire comme les autres. La 2 CV est en effet une véritable institution, bien plus qu’une simple « machine à rouler », que ce soit dans son pays ou ailleurs. Il s’agit d’un véritable art de vivre, d’un retour à la simplicité, aux choses essentielles. Pour s’en convaincre, il suffit simplement de lorgner du côté des clubs spécialisés partout dans le monde où le nombre d’adhérents et de fanatiques ne fait que grimper.
Historique
À la fin années 30, Citroën qui était alors fraîchement sous le contrôle de Michelin, eut une idée de génie. Celle-ci consista en l’élaboration d’une « TPV » (Très Petite Voiture), pour motoriser les classes sociales à faibles revenus. Le cahier des charges était on ne peut plus limpide : quatre places sous un parapluie ! Concrètement, la voiture devait, entre autres, pouvoir emmener 4 personnes, ne pas dépasser 2 chevaux fiscaux (d’où le nom…) et pouvoir transporter 50 kilogrammes de charge.
La guerre mis – plus ou moins – entre parenthèses l’élaboration de ce projet. De nombreux prototypes furent néanmoins construits et ces derniers étaient d’une simplicité qui tenait du génie : un seul phare, un moteur à deux cylindres à plat refroidis par eau, une manivelle pour lancer la mécanique et un essuie-glace manuel. Pas de toit non plus, mais une simple capote, plus légère et moins onéreuse. En 1939, lorsque la guerre fut déclarée, tous les prototypes furent démontés, à l’exception de quatre exemplaires, trois finement dissimulés dans les greniers du centre d’essai de la Ferté-Vidame et un autre caché dans les sous-sols du bureau d’étude…
Au lendemain de la guerre, les études reprirent et un nouveau moteur fut élaboré, cette fois refroidi par eau. En 1948, il y a tout juste 60 ans, la 2CV fut dévoilée au salon de Paris. L’équipement était nettement plus complet que celui des prototypes, on notait notamment la présence d’un démarreur électrique et d’un deuxième phare ! Si les réactions ne furent pas que positives, la demande explosa ! En effet, les familles désargentées voyaient en cette voiture le moyen économique de se déplacer. La demande fut telle que commander un exemplaire devenait un véritable chemin de croix. Les clients étaient triés sur le volet et les délais d’attente frisaient les 5 ans !
Au fil des années, la 2CV s’embourgeoisa et se déclina en une version camionnette en 1951. En 1954, une version plus puissante, avec un moteur de 425 cm³ plutôt que 375 cm³ était proposée. Ingénieuse, la 2 CV était bien plus sophistiquée qu’elle n’y paraissait. Notons, pêle-mêle, la transmission aux roues avant, la suspension à ressorts hélicoïdaux et amortisseurs à friction, l’embrayage centrifuge (qui permettait de ne pas caler),… Au fil des années, la puissance augmenta et les équipements de confort s’ajoutèrent. La place manque évidemment ici que pour énumérer toutes les améliorations apportées à une voiture à la carrière aussi longue.
Notons simplement, un moteur poussé à 18 chevaux en 1963, une boîte (à 4 rapports) réétagée, l’apparition d’une version AZAM au confort amélioré, qui devint par la suite Export. En 1967 apparût la Dyane, à la ligne nettement plus anguleuse et à l’équipement plus étoffé. En 1970, la puissance continua de grimper, avec des valeurs de 24, voire 26 chevaux pour la 2 CV 6 ! Quelques séries spéciales suivirent, histoire de redonner des couleurs aux chiffres de ventes de ce qui fut considéré comme un véritable monument du paysage automobile.
Mais même les mythes ont une fin et dans les années 80, la 2 CV n’était plus achetée que par quelques irréductibles et progressivement, les différentes usines stoppèrent sa production. Le 27 juillet 1990, la dernière 2 CV, une Charleston grise, tombe de chaîne de l’usine portugaise. L’une des voitures les plus populaires au monde vient de faire ses adieux à un monde qu’elle a côtoyé durant plus de quarante ans. Une page se tourne…