François Piette

22 SEP 2006

Un cran au‑dessus

Le nouveau Picasso ne succèdera pas à l’ancien : les deux modèles coexisteront durant au moins trois ans. Et pour cause : ils ne jouent pas dans la même cour…

Si vous jetez un coup d’œil aux voitures que vous croisez sur la route, vous constaterez qu’environ une sur dix est un monospace compact. Et pour cause, en Belgique, ce type de véhicule représente 10,6% du marché. Et Citroën s’y octroie 20% des ventes avec son antique Xsara Picasso. Il faut dire qu’avec un prix d’attaque à 11.990 euros, il y a de quoi réfléchir. Et les familles à la recherche d’un véhicule spacieux à défaut d’être modulable l’ont bien compris. La recette est donc simple : du volume et un prix. Et bien figurez vous que le nouveau Picasso est à des années lumières de cette équation basique. Il est grand, moderne et extrêmement innovant à tous les points de vue. Les acheteurs et futurs acheteurs du modèle actuel ne s’y retrouveront évidemment pas, notamment en matière de tarifs. Pas d’inquiétude cependant : Citroën promet de produire le Xsara Picasso au moins jusqu’en 2009. Vision panoramique Un rapide coup d’œil au nouveau Picasso permet de se rendre compte qu’il n’a plus grand-chose de à voir avec l’ancien. Peut-on d’ailleurs encore parler de monospace compact lorsque l’on mesure 4,59 mètres de long. Oui, vous avez bien lu : c’est 32 cm de plus qu’un Xsara Picasso, et seulement 13 cm de moins qu’un C8 ! Pour autant, les lignes sont fluides et l’aérodynamisme soigné (CX de 0,31). Le pare-brise remonte jusqu’au-dessus de la tête des occupants du premier rang, et la dimension des vitres latérales et arrière est particulièrement généreuse. De l’intérieur, le pare-brise panoramique (reculé de 30 cm au-dessus de la tête) étonne. L’angle de visibilité vertical passe de 35 à 70° vers l’avant. Vous me direz : ça sert à quoi ? A regarder la cime des arbres ? Oui, et à apporter davantage de luminosité dans l’habitacle. De luminosité, et de soleil aussi… A tel point que Citroën a monté des stores pare-soleil coulissant pour transformer son pare-brise panoramique « grand angle » en pare-brise normal. Autre souci : ce système a nécessité l’ablation des poignées de maintien au pavillon, et cette absence devient horripilante lorsque la route tournicote. Par contre, la visibilité ¾ avant est tout bonnement exceptionnelle en raison de la finesse des montants de baie. Sapin de Noël De nuit aussi, la lumière inonde le Picasso. Un bandeau lumineux sous la planche de bord et dans les panneaux de porte diffuse une lumière douce dont l’intensité est réglable. Les vide-poches latéraux s’éclairent automatiquement dès qu’on approche la main, et des liseuses sont intégrées au dos des sièges avant, sous les tablettes aviation. Dans le coffre, une lampe nomade rechargeable occupe la double fonction de lampe de poche et d’éclairage fixe. A l’extérieur, enfin, des spots automatiques situés sous les rétroviseurs éclairent les manœuvres d’entrée et de sortie du véhicule. Ah oui, j’oubliais : il est possible de personnaliser les informations affichées sur l’écran à cristaux liquides du tableau de bord, lequel change de couleur en fonction des envies du conducteur. Simple et efficace Une fois installé derrière le volant, on est surpris par le côté épuré de la planche de bord. Le frein à main est électrique, ce qui permet de se passer de levier. La commande de boîte de vitesse à six rapports robotisée est située derrière le volant, et les commandes de climatisation sont reléguées aux extrémités de la planche de bord (comme sur un Renault Espace). Si on y ajoute le volant multifonctions à moyeu fixe, on comprend mieux comment Citroën est parvenu à une telle sobriété. Le nouveau Picasso est conçu pour accueillir sept passagers. Comme toujours, ceux qui sont installés au troisième rang ne seront pas les plus à l’aise, même si, pour une fois, ils pourront glisser leurs pieds sous les fauteuils de second rang. Au second rang, justement, les trois fauteuils sont de taille identique, confortables, et les passagers bénéficient d’un plancher parfaitement plat. Ils sont, bien entendu, coulissants et inclinables individuellement. Mais plus encore que l’habitabilité, c’est la modularité qui étonne. Les sièges de rang trois s’escamotent à une main dans le plancher alors que ceux du rang deux se replient à plat, en portefeuille. L’accès aux 6e et 7e places dans la voiture est stupéfiant de facilité grâce à la cinématique inédite des sièges. Bref, tout cela est bien pensé et bien réalisé. Suspension pneumatique Confort ! Voilà bien un maître mot chez Citroën. Et, naturellement, tout part des suspensions qui peuvent, en option, être pneumatiques à l’arrière. Outre sa capacité de filtration, ce système permet de conserver l’assiette constante quelle que soit la charge embarquée. Il donne aussi la possibilité d’abaisser ou de relever le seuil du coffre (à l’arrêt) via un bouton, pour faciliter le chargement/déchargement. Mais le confort, c’est aussi l’insonorisation. Et de ce côté, le nouveau Picasso est une toile de maître. Des cales hydrauliques situées sur le train arrière au vitrage latéral feuilleté en passant par le remplissage des corps creux, les ingénieurs ont fait la chasse aux décibels. La qualité de l’air à bord a également fait l’objet de toutes les attentions avec, outre une climatisation automatique quadrizone, un capteur de qualité d’air qui enclenche automatiquement la fonction de recyclage si nécessaire. Suivez le guide On vous l’a dit : le Picasso était original à plus d’un titre. Vous allez comprendre pourquoi. Tout d’abord, il offre, de série dès le modèle de base, le frein de stationnement électrique automatique, l’aide au démarrage en côte et le limiteur-régulateur de vitesse. La trappe à carburant automatique sans bouchon est également de la partie. Mais dans la liste des options, on trouve une curiosité rare : le système de mesure de place disponible. Grâce à des capteurs radars latéraux, il suffit de passer devant un emplacement de parking pour savoir si le créneau est possible ou pas. Inouï ! Nouvelle boîte Côté dynamique, le moteur le plus souvent rencontré sous le capot sera sans aucun doute le 1.6 HDI 110 chevaux. Sa bonne volonté est désormais de notoriété publique même si, dans le cas qui nous occupe, il doit tout de même tirer plus d’une tonne et demie. Ne vous attendez donc pas à un foudre de guerre, notamment lors des dépassements. La grande nouveauté consiste en son couplage avec la nouvelle boîte robotisée à six rapports (en option). Et pour être franc, je reste quelque peu sceptique quant à son agrément d’utilisation. Rapide en mode manuel, elle semble hésitante en mode automatique, changeant de rapport trop tôt ou lorsqu’on ne le souhaite pas. Bref, j’ai préféré utiliser les palettes situées derrière le volant (d’autant que pour une fois, elles sont fixes !) plutôt que de laisser l’électronique décider à ma place.
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