Vous savez ce que c'est: devant l'écran de votre portable, vous vous accordez quelques minutes de surf, petite pause dans votre laborieuse journée, et vous glissez d'un site à un autre, d'une news à une info. Vous qui aimez la moto (pas seulement la moto, j'espère!), vous atterrissez comme par hasard sur la page d'un magazine moto bien connu et au milieu de news plus ou moins intéressantes, vous voilà scotché par un croustillant "230km/h avec sa femme et son yorkshire".

Suit un commentaire béni-oui-oui relevant l'irresponsabilité du jeune homme, de sa santé mentale, du moral de Madame et de l'état de santé de ce pauvre Milou. Quelle bande de faux culs! Je me souviens m'être délecté de leurs numéros "spécial été", à une époque où l'on ne surfait que sur papier, un magazine deux fois plus épais que l'hebdomadaire habituel, et passionnant à lire parce que rempli de passion pour la moto et de reportages délirants: je me rappelle d'un grand classique revenu quelques années de suite, qui consistait à battre de vitesse le TGV sur un Paris Lyon ou un Paris Marseille! Pas encore d'internet, à l'époque, mais déjà des radars, et des péages, bien entendu!

L'opération était menée comme une mission commando: des équipes aux stations service transformées en véritable pit-stop (et oui, ça suce, une "Sapetoku" mise au taquet, que le lecteur qui ne l'a jamais expérimenté me jette le premier bidon!) pour libérer une pompe et aller payer la note pendant que la bécane repart à fond de gomme! Même cirque aux péages, histoire de ne pas "plomber" les chronos, et pour compléter le dispositif quelques ouvreurs pour repérer les éventuels "barbecues" dissimulés dans les fourrés.

Et vous savez quoi? La moto battait à chaque fois le TGV! Nous avions encore droit à quelques reportages croustillants sur les "chronos" abattus nuitamment sur le périphérique parisien, avec en prime quelques photos souvenir des motards faisant un amical signe de la main aux radars flashant de face! Cette époque, pas si lointaine finalement, s'asseyait sur le "politiquement correct", on y fumait comme des sapeurs sur les plateaux télé, en y brûlant parfois des billets de cinq cents francs français, on pouvait tout dire, tout oser. Maintenant on ne peut plus faire une affiche sur Tati en montrant la silhouette de Monsieur Hulot la pipe au bec, on ne dit plus quelle moyenne on a tenu sur un Bruxelles-Côte d'azur, mais quelle consommation on a obtenu (sept litres au volant d'une Twingo Wind, j'ai vérifié!!). Il règne maintenant dans tous les milieux, y compris celui de la presse une auto-censure imbuvable, chacun déclamant un discours lénifiant, adulte et responsable, ma bonne Dame! Chiant, pour tout dire!

P.S.: Le pauvre gars de la photo (en short, s'il vous plait! Tssss…) n'a rien à voir avec toute cette affaire, c'est la seule photo que j'avais en stock avec un cador! Ceci dit, Médor a l'air plutôt satisfait!