En 1994, Ferrari remplace sa vieillissante et assez critiquée 348 par cette nouvelle F355. Le nom rappelle la cylindrée (3,5 litres) et… le nombre de soupapes par cylindre (5 !). Magistralement dessinée par PininFarina, la F355 fît rapidement l’unanimité auprès de la presse. Le succès fût d’ailleurs largement au rendez-vous, avec plus de 11.000 exemplaires vendus entre 1994 et 1999. Particularité du modèle : c’est lui qui a introduit la boîte robotisée chez Ferrari en 1997, avec la transmission pilotée « F1 ».
Une toute petite voiture !
Le cœur de cette Ferrari, c’est bien entendu le sculptural V8 qui se cache sous le capot arrière. En effet, il n’a pas ici l’exubérance de se livrer aux regards de tous en s’exposant sous une vitrine ! Une certaine modestie que nous retrouvons également dans les dimensions : la F355 est une toute petite voiture, avec une longueur de 4,25 m, une largeur de 1,9 m et une hauteur de 1,17 m…
Les performances
Revenons au V8 : d’une cylindrée de 3,5 litres, il compte 5 soupapes par cylindre, un système de lubrification par carter sec et des bielles en titane. Une sophistication inédite pour l’époque qui lui permet d’atteindre la remarquable puissance de 380 chevaux à 8.250 tr/min ! Avec une masse de 1.350 kg, il offre des performances de premier plan pour l’époque : 295 km/h, 4,7 secondes pour le 0 à 100 km/h et 23,7 secondes pour le kilomètre départ arrêté.
Les variantes
Ferrari a décliné sa F355 en plusieurs carrosseries : Berlinetta (coupé), GTS (Targa) et Spider. La première est forcément la plus pure et la plus rigide, mais les deux autres permettent de vivre le frisson Ferrari, les cheveux au vent.
Pour tous les jours ? Pas vraiment
La F355 se présente difficilement comme une voiture pour tous les jours, même si certains propriétaires n’hésitent à l’utiliser en tant que telle, voire à la prendre pour de longs trajets. Bruyante, très peu pratique et peu aseptisée sous la pluie, la F355 est principalement considérée comme un jouet des beaux jours.
Une machine de guerre !
Mais… Quand les conditions sont réunies, quelle machine ! La boîte mécanique claque dans la grille métallique, le moteur hurle d’une voix stridente au-delà des 4.000 tr/min et le comportement affiche une précision et un équilibre parfaitement actuels. Ce qui l’est moins (actuel), c’est l’absence d’aide électronique, hormis un ABS et le manque de couple du moteur sous les 3.000 tr/min. La boîte séquentielle F1 a ses afficionados, mais elle paraît fort lente et brutale face aux standards actuels.
Fiabilité
Question fiabilité, il y a de très bonnes nouvelles… et de nettement moins bonnes. Commençons par les choses qui fâchent, au premier rang desquelles, l’électricité ! Une vaste blague italienne, car tout peut lâcher à n’importe quel moment. Le constat est moins dramatique qu’avec les modèles plus anciens, mais la fiabilité générale en pâtit largement. La finition n’est pas non plus à la hauteur du blason, avec du cuir fragile qui côtoie des plastiques bas de gamme.
La bonne nouvelle, c’est qu’à la condition impérative d’être régulièrement entretenu, le V8 est costaud. La carrosserie est également bien conçue et n’est plus exposée à la corrosion, contrairement aux modèles des générations précédentes. La transmission est costaude et tient généralement la distance. A un petit détail près… Voir chapitre suivant !
Entretien
C’est connu, acheter une Ferrari, c’est une chose, l’entretenir, c’en est une autre. Et c’est d’autant plus vrai avec cette F355, qu’elle confie encore sa distribution à des courroies ! Celles-ci sont à remplacer tous les 4 ans, ce qui revient à 3.500 € chez un indépendant et… au double dans le réseau officiel ! L’entretien annuel coûte environ 1.000 €, alors qu’une grosse révision réclame le triple… au grand minimum. Encore un détail qui a son importance : vérifiez très régulièrement le niveau d’huile !
L’embrayage, le gros point noir des sportives très puissantes à boîte manuelle, est ici plutôt costaud : vous pouvez espérer accumuler plus de 70.000 km avant de devoir le changer… A moins d’aimer les démarrages fumants ou… d’avoir opté pour la boîte F1 ! Avec cette dernière, l’embrayage ne tient généralement pas plus de 50.000 km en conduite très souple, voire la moitié en conduite plus sportive. Le remplacement de ce dernier est généralement effectué en même temps que la distribution, mais coûte en opération seule environ 4.000 € chez un pro officiel.
Quelques prix
Allez, histoire de vous décourager, listons ici le prix de quelques opérations et de quelques pièces de rechange : 20.000 € pour une révision complète du moteur, 5.000 € pour un échappement, 600 € pour une paire de disques de freins, 5.000 € pour un capot moteur, 3.500 € pour une capote souple (Spider), 600 € pour 4 nouveaux pneus, 2.000 € pour une paire d’amortisseurs… Enfin, la consommation varie de 10 à 30 l/100 km, suivant le type de conduite !
Quel prix aujourd’hui ?
Après avoir longtemps stagné aux alentours de 40.000-50.000 €, la F355 réclame aujourd’hui un minimum de 70.000 € pour un exemplaire correct et 80.000 € pour un modèle en très bel état. Bien entendu, c’est ce dernier qu’il faut privilégier. Conseil de Vroom : n’achetez surtout pas une voiture dénuée de son carnet d’entretien… Le Spider réclame environ 5.000 € de plus, alors que la boîte F1 est plutôt à considérer comme une moins-value de 5 à 10 %. Les valeurs semblent stagner depuis un an environ.
Conclusion
Face aux Ferrari modernes, exubérantes et très démonstratives, la F355 paraît légère, gracile et presque discrète ! Mais c’est aussi une véritable diva, dans tous les sens du terme : une voix divine, un comportement envoûtant, mais un vrai gouffre financier à l’entretien…