Cette semaine, la Ministre de l’Egalité des Chances Joëlle Milquet a sévèrement critiqué les hôtesses et leurs tenues (trop) sexy sur les stands. Elle a mis en garde les organisateurs du Salon de l'Auto, les accusant d’utiliser les femmes comme des objets. On en pense quoi ? Du féminisme à deux balles ou une sonnette d’alarme qu’il est temps de tirer?
D’abord, à quoi ça sert de mettre une fille à côté d’une voiture?
C’est un appât : elles attirent l’œil des mâles et font monter la testostérone. Elles sont courantes dans les univers férocement masculins, comme l’automobile, la boxe ou même sur les carlingues des avions dans les années 40. La Pin Up est une icône. Je dirais même plus : les deux filles en fourreau de soie, chez Bentley cette année, apportaient un réel surplus d’élégance aux voitures qu’elles frôlaient, on ne peut pas le nier.
Au nom de la tradition, on aurait envie de les garder, ces jolies filles. Si ce n’est que, quand les marques surenchérissent, cela vire à la démonstration semi-porno juste destinée à faire le buzz ; et ça, ne vous en déplaise, c’est une dérive. Si j’étais de mauvaise foi, j’arguerais même que quand une marque n’a en magasin que du minishort pour attirer le monde sur son stand, c’est un peu pathétique.
« Dites, au fond, ce n’est pas bien méchant. »
Oui et non. La démarche du constructeur automobile est éminemment sexiste, il faut bien l’admettre. Nous ne tomberons pas dans le travers ultraféministe de voir les ‘babes’ comme des victimes exploitées pour autant, mais il faut bien constater que ces filles sont là, étalées comme de la viande pour exciter la foule, et que pour l’image de la femme, ce n’est quand même pas terrible.
A cet instant précis, que tous ceux qui viennent de hausser les épaules pensent juste une seconde à leur fille, leur sœur ou leur petite nièce préférée qui, à 17ans lors de son premier job d’étudiante, se retrouve invitée à enfiler une tenue de 16cm2 et à devoir repousser les avances (et les mains aux fesses) de libidineux en tout genre, voire de subir un attentat à la pudeur en public, … Ca calme, non ?
Elles sont vraiment trop sexy, leurs tenues ?
C’est court, très court ; et moulant, très moulant. Mais ne jouons pas les vierges effarouchées : la nudité est monnaie courante aujourd’hui. On vous sert de la fille à poil avant le 20 heures tous les jours, rien que pour vendre du savon. Après, savoir si c’est opportun, ou joli est des plus subjectifs. Sur ce point, cela reviendrait à vouloir légiférer sur le bon goût et ça, ma bonne dame, ce n’est pas possible.
En conclusion : Au fond, elle fait son job, en tant que Ministre de l’Egalité, elle se doit de pointer des pratiques effectivement un brin sexistes, surtout quand, avec deux attentats à la pudeur sur les bras, se pose le problème des limites, de la frontière à ne pas franchir entre la mise en scène sexy et le racolage déplacé et la question du respect élémentaire de ces jeunes femmes. Un secteur comme celui de l’Automobile, qui se veut proche des gens et à la pointe des mouvements de société ne peut pas s’asseoir sur ces questions simplement au nom de la ‘tradition’ ou des juteux retours presse.
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