Bon d’accord, ça ressemble un peu à une guéguerre des bacs à sables. Mais tout de même : pour tous les passionnés à l’esprit de compétition développé, le verdict du chrono reste sacré. Surtout sur un tracé aussi sélectif que celui du Nürburgring. Et puis cette quête du meilleur tour chrono possible pousse surtout les ingénieurs à imaginer des solutions techniques toujours plus efficaces. Voire, parfois, un peu extrême… C’est du moins ce que l’on se dit en découvrant la variante Trophy R de la Mégane RS chargée d’aller reprendre le record à la Seat Leon Cupra !

250 exemplaires

Piqué au vif d’avoir été détrôné par Seat, Renault a effectivement chargé son département sportif d’offrir une cure d’anabolisant à sa Mégane. Résultat : le coupé RS se décline dans une version très exclusive Trophy-R. Exclusive par son nombre très limité (seulement 250 exemplaires produits)… mais aussi et surtout par son ascétisme sportif poussé à l’extrême !

Pensez : la banquette disparaît au profit d’une barre anti-rapprochement, la lunette arrière se passe d’essuie-glace, les sièges avant se voient remplacés par des baquets en polycarbonate ultralégers et tous les matériaux insonorisant disparaissent. Au final, la variante Trophy R fond d’une centaine de kilos par rapport à une Mégane Trophy.

Poids plume

En descendant sous la barre des 1.300 kg, elle part également avec une centaine de kilos en moins à emmener que la Seat Leon Cupra. Un argument de poids si l’on envisage une utilisation intensive sur circuit, après avoir été chercher les petits pains au chocolat par la route, le dimanche. Mais il faut bien avouer qu’à l’usage, la Seat Leon Cupra reste nettement plus polyvalente.

Déjà, son accès à bord est nettement plus facile qu’avec les baquets de compétition de la Renault. On conserve également cinq places ce qui, l’air de rien, peut servir à l’occasion. Et puis son insonorisation soignée permet d’envisager une excursion de plus de 50 km sans devoir emporter un stock de Dafalgan avec soi.

La Mégane RS Trophy R ne s’encombre pas de tous ces détails. Mais elle ne ment pas sur la marchandise : il suffit de s’être laissé tomber dans son baquet et s’être contorsionné pour attraper le harnais de sécurité pour comprendre qu’avec elle, il va y avoir du sport !

Hargneux

Côté moteur, Seat conserve une petite avance sur le papier en proposant sa Leon Cupra dans une variante de 280 ch. De 265 ch dans la Mégane RS « de base », le 2.0l turbo français passe quant à lui à 275 ch sur la version Trophy R. Mais il les magnifie tous grâce au démentiel échappement Akrapovic développé sur mesure pour cette « pistarde ». A la moindre accélération, cette sortie en titane chante comme un beau diable. Sans parler des explosions à l’échappement aux levers de pied ! A côté, le timbre de la Seat Leon Cupra parait nettement plus timoré. Voire même un peu artificiel en mode « Cupra » donnant un peu plus de voix.

Même constat côté sensation : si le bloc 2.0 TFSI du groupe Volkswagen assure des prestations de premier ordre, en sonnant la charge à tous les régimes, le moteur français ajoute un petit supplément d’âme lorsque l’on taquine la zone rouge. En donnant un petit coup de rein sur les 2.000 derniers tr/min disponibles, ce bloc turbo transforme la Trophy R en vraie furie !

A pleines dents !

Sur des bons revêtements, semblables au billard des circuits, la Mégane RS Trophy R domine de la tête et des épaules la Seat Leon Cupra. Ce n’est pas tant la Seat qui déçoit. Au contraire, elle affiche un comportement dynamique de très haut vol. Mais elle reste une « vraie » voiture, tout sportive soit-elle, alors que la Trophy R penche indéniablement du côté de la compétition avec son autobloquant GKN, ses suspensions Ohlins réglables et ses Michelin Pilot Sport Cup 2 spécialement développés pour l’occasion.

Forcément, avec une telle armada, la française donne le sourire dès le premier virage ! Plaisir que l’on pourra prolonger à l’envi. Car outre l’incroyable précision de son train avant, la Trophy R se démarque aussi par l’endurance et le mordant (vraiment impressionnant !) de ses freins surdimensionnés pour l’occasion.

Amortissement figé

A côté de cette machine confectionnée quasi sur-mesure pour et par des compétiteurs, la Leon Cupra paraît évidemment plus fade. Mais tout de même, on en ressort bluffé. Car si elle n’offre pas la même exubérance que la Mégane, elle parvient à suivre son rythme sans trop broncher. Et vu sa polyvalence, c’est impressionnant.

La Seat pèche juste par son côté un peu trop sage et lissé pour une sportive. On aurait souhaité un petit grain de folie supplémentaire, avec un train arrière mobile à la Focus ST par exemple. Par contre, sur des petites routes bosselées, l’amortissement piloté proposé par Seat sur sa Leon Cupra digère bien mieux les irrégularités que celui, quasi figé, de la Mégane Trophy R.

Conclusion

Sur le strict plan des performances, la Mégane RS Trophy R remporte la comparaison haut la main. Mais bon, peut-on encore vraiment la considérer comme une voiture de série ? Tous les équipements radicaux dont elle hérite limitent au final son champ d’action, alourdissent sensiblement la note et la destine plutôt à une carrière de « collector ». A côté de cette furie, la Seat Leon Cupra étonne. En restant nettement plus polyvalente, elle parvient à tenir quasiment le même rythme. Mais sans le côté exubérant qui rend, au final, la française si attachante…