S’il a débuté sa carrière en 1987, le Wrangler n’est autre que le fils spirituel de la célèbre Willys MB de la Seconde Guerre Mondiale. C’est dire s’il s’embarrasse de notions superflues, comme l’amortissement piloté, la connectivité Internet et autres… Non, lui, il est du genre viril, à plonger droit dans la gadoue et à grimper aux arbres ! Un vrai boyscout, avec les ongles un peu sales et quelques cicatrices de guerre…

Une tronche à nulle autre pareille

D’ailleurs, il est difficile de passer à côté de lui. Dressé comme un obélisque, il paraît arrogant avec sa calandre droite, et robuste avec son pare-chocs qui peut servir de banquette les jours de beau temps. Pourtant, ses phares ronds et son côté tellement décalé font qu’on lui pardonne tout.

Son allure de Meccano géant le rend même immédiatement sympathique aux yeux des bricoleurs de tout poil. Bref, le Wrangler, c’est l’ours brut de fonderie qu’on affectionne tant... Et avec cette version Rubicon, il rajoute tellement de couches qu’il en devient cocasse : des prises d’air sur le capot aux jantes spécifiques, il s’affirme haut et fort !

Une échelle, quelqu’un ?

Vous aimez les positions de conduite dominantes ? Vous allez être servi ! Ici, tout se passe au grenier. Prenez une échelle et grimpez à bord. L’ambiance est assez rigolote, avec des vis apparentes absolument partout, des caoutchoucs en guise de tapis de sol, un pare-brise droit comme un « i » et un arceau bien épais qui surplombe l’habitacle.

Véhicule « fun » par excellence, le Wrangler se coiffe d’un robuste hardtop en hiver et d’une capote souple en été. N’espérez pas la fulgurance des dernières capotes électriques, car rouler à ciel ouvert, ça se mérite et ça demande une certaine expérience de camping sauvage, de même que des bras nourris avec autre chose que de la grenadine !

Coquet ?

Pourtant, hérésie totale, il fait de nombreuses concessions au confort dans son habitacle ! On commence par sa luxueuse sellerie cuir, pour ensuite se laisser bercer par les quelques équipements de confort : sièges chauffant, stéréo avec streaming bluetooth, GPS, phares automatiques… Voilà qui dénote singulièrement dans un univers aussi rustique mais, à tout prendre, cela fait également partie de son charme.

Un dernier détail, pour ceux qui visent le châssis court : l’habitabilité à l’arrière est correcte, mais l’accessibilité demande des talents d’acrobate alors que le coffre et les espaces de rangement sont tout simplement ridicules. On s’en fiche, ça aussi, ça fait partie du charme !

Sur la route ?

Autant vous l’affirmez sans détour, la route n’offre pas de grand intérêt, si ce n’est d’attirer les regards curieux autour de vous. Suspensions sautillantes, insonorisation rustique (moteur, vent, pneus, vous savez tout !), direction vague et peu réactive, tout cela n’inspire pas franchement la grande confiance ! Le 4 cylindres de 2,8 litres délivre 200 chevaux dans une sonorité joyeusement agricole et se voit ici commandé par une boîte automatique à 5 rapports aussi réactive qu’une limace dans les starting-blocks.

Allez, on l’avoue, c’est quand même rigolo, parce que ça a le mérite de ne ressembler à rien d’autre de connu. En été, décapoté, le long de la plage, ce doit être même assez plaisant… Mais pour ma part, l’E19 en automne et sous la flotte n’avait rien de glamour !

A l’ancienne

Avec ses deux essieux rigides, le Wrangler semble appartenir à une autre époque. Et c’est tant mieux : ici, pas de molette proposant divers modes de conduite, mais un bon vieux levier qui permet de passer de 2 en 4 roues motrices, voire, pour les plus téméraires, 4 roues motrices avec réducteur et pont ultra court. Signe des temps, la commande de blocage des différentiels avant et arrière, ainsi que celle des barres stabilisatrices déconnectables sont électroniques.

Dans les sous-bois…

Allez, on sort du bitume et on rigole un coup ! C’est dans ces conditions que le Wrangler se distingue. Les 4 roues motrices armées, il devient à ce point redoutable que l’on oublie complètement la présence du réducteur ! A moins de vouloir grimper un mur… Avec ses 460 Nm de couple, rien ne lui fait peur, surtout avec ce châssis court d’une agilité diabolique. Ça fait crac-boum-hue, mais ça passe à tous les coups ! D’autant qu’avec une telle garde au sol, il se marre des chemins creux…

Budget

Bon, autant vous mettre directement au parfum, la consommation n’a rien d’économique, surtout si vous empruntez souvent l’autoroute : de 11 à 12 l/100 km dans ces conditions. En hors-piste, c’est encore pire ! Mais il faut savoir ce que l’on veut ! D’ailleurs Jeep annonce 227 g CO2/km ce qui, pour un véhicule diesel, est pas loin de constituer un record !

Côté tarif, cela reste raisonnable : 36.700 € dans cette très chic version Rubicon. Ça fait des sous, mais honnêtement, vu la faible décote, on lui pardonne.

Conclusion

On l’aime, cet animal ! Toujours paré pour l’aventure, il donne l’impression que vous revenez d’un safari, même si vous êtes coincé dans les embouteillages sur le Ring ! Un vrai bain de Jouvence, car dans un paysage automobile toujours plus lissé, il dénote avec ses Santiags, son Stetson et son lasso de cow-boy. Avec lui, difficile de se prendre au sérieux… Mais soyons honnêtes, la route, ça l’ennuie prodigieusement ! Optez pour les chemins de traverse et vous serez le plus heureux des conducteurs !