Dessinée par ItalDesign (Giugiaro), cette 5 portes s’engouffre dans le segment C sans motorisation Diesel. La faute aux luttes d’influence et tensions entre marques, parfois issues d’un même groupe. On doit donc se contenter des 1,4 L et 1,6 L essence. Toutefois, GM Daewoo a depuis longtemps trouvé la parade en proposant d’équiper ses modèles de LPG. Solution efficace pour ceux qui n’envisagent pas de prendre l’Eurotunnel et acceptent d’éviter les tunnels et parkings souterrains encore interdits aux véhicules fonctionnant au gaz. C’est donc un 1399 cm³ essence que nous avons eu entre nos mains. La 1.4 SE est le bas de gamme du modèle. Rien de tel pour vérifier si pour 12.500 euros on peut avoir une berline compacte digne de ce nom. La réponse est oui. Certes, il faut accepter une simple radiocassette RDS de série et un tissu de siège gris de chez gris. Par contre, pas de carrosserie apparente dans l’habitacle et des portes qui claquent avec un bruit rassurant. Cela semble nettement plus solide que la Lanos, et c’est tant mieux.
Pas un veau
Le petit quatre cylindres, doté d’arbres à cames en tête, entraînés par courroie crantée, n’est pas paresseux. Les 16 soupapes travaillent vaillamment pour entraîner la Lacetti sur autoroute et petites routes à un rythme non ridicule. Certes, il faut parfois monter un peu dans les tours mais les 94 chevaux (69 kW) galopent ou trottent avec bravoure. De quoi atteindre le 0 à 100 km/h en 11,6 s et une pointe à 172 km/h. Pour atteindre la puissance maximale il faudra monter à 6300 tours minute et le couple est de 131 Nm à 4400 tr/min. L’étagement de la boîte donne des 4e et 5e un peu trop longues qui nuisent à la relance. La consommation est heureusement contrôlée et on peut se contenter de 7,2 L en cycle mixte. Toutefois, Daewoo ne dispose pas encore de moteur répondant aux normes Euro IV. Les freins ne manquent pas de mordant grâce aux quatre disques (ventilés à l’avant). La direction assistée manque de retour d’information en conduite poussée. Enfin, à vouloir durcir la suspension pour la rendre aux goûts des Européens, les ingénieurs sont peut-être allés un poil trop loin. On a ressenti un peu trop régulièrement les irrégularités du bitume. L’autre moteur disponible actuellement est un 1598 cm³ de 109 ch (80 kW) atteignant les 187 km/h et gagnant 1 seconde par rapport à sa sœur pour passer de 0 à 100 km/h.
Encore quelques petits efforts
Même si l’absence actuelle de Diesel dans la gamme n’est pas imputable à Daewoo qui voudrait bien, mais qui peut point ; on note quand même quelques améliorations possibles. Il y a bien sûr l’austérité du tissu intérieur et quelques petits aménagements à revoir comme le seuil de porte un peu trop haut à l’intérieur et une hauteur de chargement/déchargement du coffre détestée par les dos délicats. Le maintien des sièges est aussi perfectible. Plus gênant : le rétroviseur gauche a un angle mort vraiment inquiétant. Mais globalement, la finition et le niveau d’assemblage semblent soignés. Pas de concession par contre pour la sécurité passive : les airbags latéraux et avant sont offerts dans toutes les versions. D’ailleurs, par rapport à la Nubira on note que le niveau d’équipement est quasi identique, en fonction de la hauteur de gamme. Autant franchement se laisser séduire par une 1.6 nettement mieux équipée. Et puis, il y a le look de la Lacetti. Loin d’être moche, la berline à hayon a reçu un style dynamique et très européen. Les phares en verre clair et en forme d’amande, la nouvelle calandre chromée, l’empattement allongé (2600 mm) avec de très faibles porte-à-faux, des passages de roue puissants et une ceinture de caisse s’élevant vers l’arrière donnent vraiment beaucoup de caractère à la Coréenne. Ses épaules musclées se prolongent vers l’arrière où se trouvent ses étonnants feux rouges avec leur format horizontal et de larges épaules de la carrosserie se prolongent sous la lunette arrière de la compacte. À l’intérieur, l’habitabilité est plus que convenable avec un espace souverain pour les jambes, à l’arrière, de 932 mm… oufti ! Le coffre a un volume de chargement de 275 litres, pouvant passer à 1045 litres une fois la banquette arrière rabattue.
Patchwork mondial
La traction fait appel à des techniques simples et efficaces pour la maniabilité et la stabilité du châssis. Une direction assistée hydraulique (qui ne s’adapte à la vitesse que pour le modèle 1.6 CDX) et des suspensions indépendantes à jambes de force McPherson à l’avant et à l’arrière. Associé à une caisse à forte capacité de résistance à la torsion, le châssis a subi de nombreux tests routiers. En effet, deux millions de kilomètres ont été parcourus en développement. Coréenne de marque, américaine par le jeu des alliances, italienne de design, la Lacetti est aussi allemande par ses composants techniques. Le système ABS est signé Bosch, la mise au point des airbags a sollicité la participation de Siemens Automotive. Côté boîte automatique, ce sont les Japonais d’Aisin Warner qui ont séduit Daewoo pour la 1.6 SX Auto. L’Angleterre, enfin, l’a accueillie pour l’affinage du châssis au centre d’essais MIRA près de Coventry. Une voiture cosmopolite.
Tout de série (ou presque)
En achetant une Daewoo, on choisit clairement l’option « tout de série ». En fait, à part la peinture métallisée, l’air conditionné pour le bas de gamme, la boîte auto 4 rapports pour le haut de gamme et l’installation LPG (2400 euros) : pas moyen de beaucoup personnaliser sa voiture, hormis la couleur et l’ajout d’un becquet ou de jantes. Au moins on connaît d’avance le budget. Une 1.4 SE avec air conditionné se négocie à 13500 euros (12500 sans airco), une 1.6 SX à 14350 €, une 1.6 SX Auto à 15550 € et la 1.6 CDX à 15850 €. Le seul hic reste la réputation de la marque qui souffre encore d’a priori d’avant General Motors. Dès lors, la valeur de revente risque d’être vraiment ridicule. Ceci dit, rien n’interdit de garder sa GM Daewoo pendant 12 ans si on est un petit rouleur. Ou de faire une très bonne affaire en l’achetant d’occasion d’ici deux-trois ans.
© Olivier Duquesne