Bruno Wouters

22 AVR 2009

La moto, autrement!

Archétype de la gamme Harley, l'Electra Glide Ultre Classic se situe au sommet de la gamme HD, et au panthéon des motos, avec pour seule concurrente la Goldwing et dans une moindre mesure, la vieillissante BMW K1200LT.

 Héritière des Hydraglide et Duoglide qui sillonnent les highways américains depuis une cinquantaine d'années, l'Electra a su au travers des ans en préserver le charme et l'esprit. Sa ligne intemporelle résiste à toutes les évolutions techniques, certes discrètes, mais qui permettent au vaisseau amiral de Milwaukee de tenir son rang. l'Electra bénéficie depuis l'année modèle 2009 d'un châssis revu, avec comme objectif principal une tenue de route plus précise, et une plus grande capacité de chargement. Toute la gamme Touring bénéficie de cette évolution.

Transcontinental

Notre Electra en jette un max dans sa finition bicolore, accastillée comme un vaisseau au long cours: carénage, tête de fourche "Batwing" (une icône!), protection des jambes accrochées aux pare-chutes chromés, double selle avec dossier pour le passager (peut-on encore appeler ce fauteuil une "selle"?), deux valises latérales rigides, un énorme top-case terminé par deux antennes. Ajoutons y pour faire bonne mesure une installation audio Harman-Kardon à quatre haut-parleurs, un équipement intercom pour le pilote et le passager, un cruise-control, l'ABS et deux phares antibrouillard. Un sacré équipement… et un sacré poids! l'Electra Glide Ultra Classic serait plutôt du genre "pour les hommes, les vrais!" tant elle pèse lourd. Faut-il vous rappeler qu'elle ne dispose pas, au contraire de ses deux concurrentes, d'une quelconque marche arrière? Parfois, même les hommes, les vrais, regrettent…

Cool attitude

Les quatre cents et quelques kilos nécessitent déjà un réel effort pour redresser la bête de sa béquille latérale, et on stresse à l'idée du moindre faux mouvement qui ferait un peu trop pencher l'ensemble. Certes, ce sentiment de lourdeur s'estompe un peu en mouvement, mais un petit scoot le fera quand même beaucoup mieux en ville. Pourtant le moteur offre déjà ici tout son agrément: une remarquable souplesse, qui lui permet de reprendre dès 1.500 tr/min, avec une capacité à vous faire apprécier une conduite relax et coulée, bien en phase avec le style de la moto. Les qualités de cette belle Harley s'expriment plus franchement dès que la route se fait plus bucolique, et on se met à apprécier l'excellente position de conduite, très américaine, avec les pieds reposant sur de larges marche-pieds montés souples, comme d'ailleurs le moteur dans le cadre. Les vibrations de celui-ci, bien présentes puisque le moteur est dans la gamme Touring dépourvu d'arbre d'équilibrage, sont remarquablement filtrées pour n'en laisser que les meilleures. C'est donc sur un filet de gaz que les kilomètres défilent doucement, au rythme syncopé de ce gros V-twin bourré de couple. L'on se prend à rouler autrement, détendu, respectueux des limitations de vitesses sans la moindre frustration. La machine glisse sur le bitume avec aisance et se balance avec facilité d'un virage à l'autre. Vous irez moins vite qu'au guidon d'un petit roadster énervé, mais vous n'envierez pas une seconde son pilote à l'attaque, couteau entre les dents, adrénaline à profusion dans les veines.

Road 66

On profite du paysage, on se relaxe en écoutant sa musique préférée distillée par les quatre haut-parleurs, ou plus classe, diffusée dans le casque grâce au matériel intercom fourni avec la machine. Cette installation filaire, se raccorde au réservoir pour le pilote, sur le flanc du dossier pour le ou la passagère. Chacun peut régler indépendamment son volume sonore, et il suffit simplement de parler dans le micro pour que le son de la radio baisse et permette à votre interlocuteur de vous entendre et de vous répondre. Une autre façon de goûter au plaisir de la moto… Ces qualités révélées par la route trouvent tout leur sens sur les longues liaisons autoroutières. On sent l'Electra Glide taillée pour parcourir les grands espaces américains, d'un océan à l'autre. Bien calés sur les selles "pullman', le cruise-control bloqué sur 120, la boîte en position overdrive laissant le moteur tourner à un petit 3.000 tr/min, vous serez prêt à traverser le continent. On en viendra à regretter une autonomie tournant autour des 300km, un peu trop peu pour ce genre de machine, leur confort leur ouvrant la voie à de plus longues étapes, sauf si la route se dégrade trop.

Elitiste

Les débattements trop limités de la suspension arrière renvoient alors des réactions plutôt sèches qui se ressentent immédiatement dans le bas du dos. D'autres défauts? Oui, et plutôt typiques aux Harley, comme une boîte plutôt lente et bruyante, avec un point mort parfois capricieux, des poignées épaisses complétées de leviers non réglables nécessitant des "paluches" de bûcheron, une garde au sol un peu limitée (encore que, dans un usage adapté à la moto…) une consommation qui n'est pas descendue sous les 6,5 litres aux cent. Peu de choses, en rapport avec l'immense plaisir qu'apporte cette moto, tellement décalée par rapport à la majorité de celles qui sillonnent nos routes. L'Ultra Classic fait payer son équipement pléthorique au prix fort, de 26.295 à 27.020 € suivant les coloris, mais l'Electra Glide Standard, plus dépouillée, plus pure aussi, se négocie à partir de 18.995 €, presque abordable en comparaison!

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