Apparu fin 2005 avec le Millésime 2006, le 1200 Low reprend la hauteur de selle du 883 Low, avec le moteur et la finition des 1200. Ne le confondez pas avec le Custom qui a une selle un peu plus haute, mais surtout des commandes aux pieds avancées. La différence de hauteur s’obtient principalement par des suspensions avant et arrière rabaissées. Résultat: une moto mythique, magnifique, accessible aux plus petits, et donc aux plus petites, d’autant que la selle est creusée pour encore abaisser l’assise. Ce Sportster est sans doute la plus vieille moto encore en production puisque les premiers modèles sont sortis en 1957. Tout est pareil et tout est différent: on retrouve dans les grandes lignes toutes les caractéristiques de l’initiatrice de cette inoxydable lignée. Tout est différent puisqu’il n’y a plus une rondelle identique, chaque année depuis 50 ans apporte son lot de modifications et d’améliorations.
50 ans!
Le Millésime 2007 apporte le confort et la modernité d’une injection d'essence sophistiquée et pompeusement nommée ESPFI (Electronic Sequential Port Fuel Injection), en plus de quelques détails comme des commandes adoucies. Comme toujours chez Harley, un très grand soin est apporté au look, complètement ravageur. Le coup d’œil est superbe, particulièrement dans sa livrée 2 tons (glacier white/vivid black), rehaussée d’une subtile alliance de noir et de chrome. Un regard plus acéré se désolera de voir les effets pervers d’une sophistication constante. De nombreuses pièces rapportées, supports divers, câblages en tout genres, commencent à avoir du mal à se faire discrets et c’est dommage! Un Sportster des années 90 était beaucoup plus dépouillé et racé. Le moteur monté sur silentblocs tremble doucettement dans le robuste cadre en acier du Sportster. Les échappements, solidaires du moteur, tiennent en place à l’aide de supports… costauds! Première constatation: certes, la selle est basse, mais la distance selle / repose-pieds est courte aussi. Nous avons l’impression d’avoir les genoux au niveau des oreilles. Associé à la selle, le guidon très "américain" rend la position de conduite encore plus désagréable.
A force de vouloir trop en faire…
C’est d’autant plus dommage qu’un simple Sportster 883R propose une position qui n’appelle absolument aucune critique. Pire: les suspensions rabaissées et raccourcies sont un désastre. Elles font peut-être illusion sur les highways américains, mais chez nous, ça ne le fait plus du tout. Tant que le revêtement s’assimile à un billard, no stress, mais dès que la surface se dégrade, c’est la catastrophe. Les débattements réduits associés à un amortissement très mou ne font pas bon ménage. La fourche talonne à tout propos, dans un claquement peu rassurant, transmettant le choc directement aux poignets. Les suspensions arrière ne valent pas mieux, il est impossible de rouler, même à vitesse réduite, sur l’avenue du port à Bruxelles par exemple, pour ceux qui connaissent l’endroit. Le 1200 Low reçoit sans doute la palme de la moto la plus inconfortable qu’il nous ait été donné d’essayer. Même une MV F4 paraît plus confortable et ce n’est pourtant pas dans ce domaine qu’elle brille le plus, la MV!
Du coup, on lui trouve tous les défauts à ce Low! La boîte est bruyante, l’embrayage dur, la gestion du moteur perfectible. Il est illusoire de vouloir rouler calmement sur un filet de gaz, l’alimentation génère des à-coups qui enlèvent tout agrément à une conduite calme pour laquelle le Sportster 1200 Low semble pourtant destiné. En accélérant le rythme, ça se passe mieux, mais il est évident que ce n’est guère l’esprit dans lequel cette machine fut pensée et le pilote (?!) ne trouvera pas plus de plaisir à la mener sur un rythme soutenu que de rouler doucement. Décidément, le Sportster Low n’a pas réussi à nous convaincre, contrairement à d’autres produits de la marque qui nous enthousiasment autrement plus.
Tout n'est pas perdu!!
Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Le Sportster peut être une bonne bécane, dans une définition plus classique, et très probablement dans sa nouvelle déclinaison plus sportive, la XR 1200 qui vient de quitter son statut de prototype de salon pour rejoindre une gamme qui surprend parfois avec des modèles certes jolis, mais inadaptés à un usage réjouissant de la moto. N’empêche, on préférait les millésimes quelques années plus anciens, avec des modèles plus bruts, plus dépouillés, plus authentiques. Difficile de composer avec les nouvelles exigences, qu’elles proviennent des lois ou des clients.
© Bruno Wouters