Un noble segment…

Le segment des GT est probablement l’un des plus raffinés qui soit : la sportivité n’y est pas une fin en soi, à l’instar de ces supercars radicales aussi à l’aise sur la route qu’un cosmonaute sur un exercice de funambule, mais elles dégagent un dynamisme infiniment supérieur à ces coupés plantureux qui paressent gentiment sur la route, mais se vautrent au premier rond-point. Un compromis tout en finesse…

Et dans lequel Jaguar possède une grande expertise ! Après avoir lancé une véritable bombe après la guerre, en l’objet de sa sculpturale XK120, Jaguar réussit l’exploit de frapper encore plus fort, treize ans plus tard, avec le monument Type E ! La descendance n’a pas eu la vie facile, la crise ne facilitant pas un troisième miracle. Pourtant, avec sa XK, Jaguar se relance dans la course et entend bien ne pas laisser les germains caracoler seuls avec leurs plantureuses GT !

Facelift très subtil…

C’est un petit coup de fouet que Jaguar assène à son modèle, en l’objet d’un facelift du genre subtil… Mais qui a néanmoins le mérite d’avoir fait abandonner le regard coréen à ce noble félin. De nouveaux projecteurs et un nouveau pare-chocs avant rendent le museau plus agressif et plus lisse.

A l’arrière, on note le fauve chromé remplaçant le mot « Jaguar ». Dans l’habitacle, les matériaux sont revus pour une qualité perçue en hausse. En option, Jaguar propose des sièges « sport », au maintien renforcé. De nouvelles teintes et jantes sont également proposées.

Elégance intemporelle

A l’opposé de ces objets roulants taillés dans un esprit de froide perfection, la XK se veut chaleureuse, enivrante… La séance de séduction touche les sens. La vue d’abord, avec sa ligne de fauve prêt à bondir, mais sans agressivité aucune. Un dessin racé, d’une grande élégance, qui ne s’impose pas à la vue, mais qui charme l’œil avec beaucoup de sensualité.

Habitacle somptueux…

Puis on s’installe dans l’habitacle : le cuir profond recouvre les sièges, les contre-portes, mais également la planche de bord. La vue, le toucher et l’odorat sont séduits ! Les boutons métalliques et chromés, et les alliances de couleur rappellent que les Anglais savent décidément s’y faire en matière d’habitacle. Non, vous n’y trouverez pas les derniers gadgets à la mode, la XK n’est ni une Série 6, ni une SL. Mais l’agencement et la qualité des matériaux transforment l’habitacle en cocon. Ce n’est pas la technologie qui épate, mais le charme qui séduit.

Toutefois, épinglons les sièges arrière : la XK est une voiture d’égoïste ! A l’avant, c’est Byzance, à l’arrière, c’est plutôt Favela, pas question ambiance, mais plutôt niveau habitabilité !

Moteur !

Avec une telle voiture, on est souvent tenté de lever le capot… Ce qui est rarement gratifiant de nos jours ! Jaguar travaille pourtant l’effet visuel avec un capot s’ouvrant de l’arrière vers l’avant… Comme sur la Type E ! Hélas, on n’y découvre que de vulgaires plastiques…

Pourtant, le moteur mérite le détour. Non, ce n’est pas une petite unité suralimentée à l’instar de ce qui se fait désormais (la F Type aura un V6 survitaminé), mais un gros V8 atmosphérique, respirant au travers de ses cinq litres de cylindrée pour fournir quelque 385 chevaux. Une puissance impressionnante, mais qui n’a rien de transcendant pour une telle cylindrée ! Boîte automatique de rigueur, et à 6 rapports.

Contact !

Une pression sur le bouton clignotant de rouge (censé imiter un cœur qui bat… Soit, passons…) et… non. Pas de hurlement terrifiant, mais un grondement sourd, étouffé, éduqué. Une pression sur l’accélérateur et la XK se déplace avec une aisance de citadine. Toutes les commandes sont légères, faciles, évidentes. Trop peut-être : la direction manque de cette consistance virile, rappelant le pedigree du noble félin.

Cruising !

Pour la balade, la Jaguar est parfaite. La vue sur le long capot, les sièges baquets optionnels au confort étonnant, le froufrou velouté du V8 dans les oreilles, la douceur de la boîte automatique, tout est parfait pour la promenade cheveux au vent. Et puis, surtout, il y a ce confort princier : amortissement, insonorisation, confort des sièges, tout est parfait !

Accélérons l’allure et le noble félin tient en place : la boîte est réactive, la sonorité devient entrainante et le châssis fait preuve d’un bel équilibre et d’une stupéfiante adhérence. Y compris sous la pluie !

Rageuse ?

N’allez toutefois pas chercher le dernier centième de secondes : tout d’abord, cela est déplacé à bord d’un tel vaisseau, et ensuite, car le fauve fera preuve d’un amortissement taré trop souple qui nuit à la précision ! La balade sera rapide, mais jamais musclée : le V8 affiche une allonge réjouissante, mais ne hurle jamais, ni ne brusque les occupants. La boîte est rapide, mais jamais brutale. Le châssis est dynamique et non radical !

Prix

A 100.500 €, la XK fait payer assez cher sa noblesse… Mais rajoutez 8.700 € et Jaguar la livre alors dans sa très exclusive version Portfolio : sièges et colonne de direction électriques à mémoire, phares bi-xénon, sièges en cuir chauffants et ventilés, jantes alliage de 19 pouces, démarrage sans clé, stéréo Bowers et Wilkins ; la XK n’est pas high-tech, mais livrée complète !

Conclusion

La XK était, est et restera toujours cette noble Lady. Une GT élégante qui se veut maîtresse pour toujours. Il ne s’agit pas de l’une de ces Allemandes sophistiquées que l’on change après trois ans, car jugée trop démodée, mais bien d’une GT que l’on garde pour les grandes occasions et qui ravira même lorsque ses équipements seront complètement dépassés…