Bruno Wouters

13 SEP 2011

La nouvelle norme?

Attirer une nouvelle génération vers la pratique de la moto, voici l'objectif simple mais ambitieux pour lequel le petit constructeur autrichien a conçu la KTM 125 Duke. Entièrement pensée à Mattighofen, la Duke est construite en Inde chez Bajaj, un géant sortant trois millions et demi de motos par an, le bon choix pour contenir le prix de revient.

Sur un marché moto particulièrement morose ces dernières années, un grand nombre de constructeurs se pose des questions sur l'évolution de celui ci. La baisse constante des ventes de motos n'est compensée que par un marché 125 certes dynamique, mais principalement dopé par les scooters. Nombreux en effet sont les automobilistes à choisir ces petits engins accessibles au permis B pour se faufiler dans les embouteillages, tandis que le motard semble devenir une espèce en voie de disparition. Difficulté d'obtenir un permis de plus en plus sévère, coût de l'opération, réputation encore sulfureuse de la moto et de ses pratiquants, répression de plus en plus sévère, les raisons sont nombreuses à expliquer ce mal-être.

Un pari!

La catégorie 125 reste pourtant un tremplin évident pour amener les jeunes à franchir le pas. S'ils prennent goût à la moto au guidon d'une 125, sans doute auront-ils l'envie d'aller plus avant et de passer le fameux permis pour profiter des joies intenses qu'apporte la pratique de la moto. Mais pour ça, une petite moto utilitaire basique, plus proche de la mobylette que de la moto, ne suffira sans doute pas. C'est le pari qu'a décidé de relever KTM en présentant l'an dernier à Intermot la très désirable KTM 125 Duke. Et désirable, la KTM l'est, sans aucun doute. Reprenant les canons en vigueur de la marque, elle possède un style marqué et très abouti. On a peine à croire, en la détaillant, que nous sommes face à une 125cc. La ligne se veut proche des autres Duke, et les proportions équilibrées donnent le change. Ce n'est qu'une fois enfourchée qu'on prend la mesure de sa compacité, amplifiée par une position typée plutôt supermotard particulièrement dynamique.

Du beau matos!

La hauteur de selle surprend malgré tout (810mm), heureusement compensée par l'étroitesse de l'engin. Nous sommes agréablement surpris par un tableau de bord digital particulièrement complet, avec compte-tours, jauge à essence, température d'eau, horloge, indication du rapport engagé, deux trips, un trip réserve d'essence, l'indication du temps de trajet, de la vitesse moyenne, de la consommation et des intervalles de services… En prime, et c'est suffisamment rare pour le signaler, les pictogrammes des commodos s'illuminent la nuit. Pratique et très classe, tout comme le beau guidon à section différenciée! Seul bémol, les leviers ne sont pas réglables, un petit "plus" toujours agréable, mais rien d'étonnant à leur absence dans une catégorie où l'équipement est souvent réduit à la portion congrue. Rien de tout ça sur la Duke, on le voit, et les motifs de satisfaction continuent avec les suspensions WP, confiées pour l'avant à une fourche upside down de 43mm! Même remarque pour les roues, de très belles jantes en alliage montées en 110/70x17 à l'avant et 150/60x17 à l'arrière, freinées par une filiale de Brembo, Bybre, avec à l'avant un disque de 280mm pincé par un étrier quatre pistons à montage radial.

Possibilités de personnalisation infinies

Le cadre tubulaire en acier n'a rien à envier à celui de ses grandes sœurs, et nous ne nous lassons pas d'admirer le superbe bras oscillant en treillis de fonte d'aluminium (visez-moi ce réglage de tension de la chaîne!). Notons encore les LED omniprésents: feu rouge, éclairage de plaque et clignoteurs. La motorisation n'est pas en reste, et si il est légalement limité à 15 ch, il bénéficie de toutes les attentions avec deux arbres à cames en tête activant quatre soupapes, un arbre d'équilibrage, une injection électronique avec papillon de 33mm. Après avoir interrogé des centaines de jeunes sur leurs attentes, le style de la Duke 125 a été confié au bureau Kiska Design qui officie sur toutes les KTM. Les infinies possibilités de personnalisation par les accessoires, les couleurs ou les graphismes rejoignent la demande d'individualisme relevée par les enquêteurs tout au long de l'étude.

A la cravache!

Reprendre le guidon d'une 125, lorsque nous sommes habitués à des plus grosses cylindrées, surprend toujours un peu. Un 125cc, aussi vaillant soit-il, ne peut donner que ce qu'il a. Au démarrage, il ne faut donc pas hésiter à monter dans les tours en accompagnant de l'embrayage pour s'arracher rapidement devant le flot de voitures remontées au feu rouge. Le couple maxi culmine à 8.000 tr/min et, sous 6.000 tr/min, la Duke reprend gentiment mais sans guère de vigueur. En montant suffisamment les régimes pour éviter de retomber sous les 6.000 tr/min à chaque changement de rapport, la Duke 125 devient alors particulièrement alerte et amusante à mener. Vous vous en doutez, avec sa géométrie et sa légèreté, la KTM ne craint personne en ville, son terrain de prédilection. Plus surprenant, elle se montre aussi à l'aise sur les routes et autoroutes que nous avons sillonnées durant notre essai.

Pari gagné!

Pointant un bon 120-130 km/h en pointe, dépendant bien évidemment de la pente et du vent, la KTM se montre tout à fait à l'aise sur une autoroute, grâce à son excellente position de conduite et la rigidité de son châssis. La Duke tient le cap et ne craindra pas des étapes de 50 à 100 km à l'occasion, tandis que la route lui permettra de pleinement s'exprimer, surtout si elle devient viroleuse. En restant dans les tours, elle fait mieux que de la figuration dans la circulation, et l'on retrouve les vieux réflexes de nos seize ans sur les "broms", en anticipant un maximum et en soignant nos trajectoires pour perdre un minimum d'élan! Cette KTM est une totale réussite, et franchement, on ne voit pas bien ce qu'on pourrait lui reprocher, puisque même son prix reste raisonnable pour ce qu'elle offre, à 3.940 €. On rêve de la même, propulsée par un 250 ou 300cc, tant le châssis permettrait ce surcroît de puissance. Objectif atteint: en prenant le guidon de cette 125, on aura immédiatement envie de passer le permis moto et de grimper en cylindrée! Les constructeurs de motos peuvent remercier KTM!

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ