Quel est l’intérêt de proposer deux produits quasi identiques ? De l’adapter à des cibles bien précises du marché. En plus, ne nous leurrons pas, le partage des plateformes et des motorisations des grands groupes automobiles se traduit aussi souvent par de faibles différences entre marques « concurrentes ». Et puis elles ne sont pas vraiment pareilles. Autant la Fiat Idea joue sur ses atouts pratiques, autant la Lancia Musa essayer de charmer le public féminin avec ces atours et son bon goût. Ce qui ne change pas Néanmoins, la première impression en entrant dans la Musa a été de se dire « au fond, à part la couleur, les matériaux, dont le cuir, c’est tout pareil ». Le dessin de la planche de bord est identique avec ses deux boîtes à gants entourant le bloc d’instrumentation. On retrouve aussi la boîte de vitesses intégrée sur la console centrale qui tombe bien dans la main. La modularité est aussi identique à la cousine turinoise. Les sièges arrière offrent différentes positions (32 configurations au total) autorisant de multiples adaptations en fonction du nombre de passagers, de leur gabarit, des bagages à emporter ou des résultats du shopping. À la ville comme à la route On a également droit au bouton City qui modifie l’assistance de la direction pour mieux la démultiplier afin de réussir ses manœuvres. Au volant, on ressent les mêmes sensations puisque la mécanique est totalement identique (Idea déjà testée ici avec le même moteur et ici avec moteur 1.3). La Musa repose sur des roues indépendantes du type McPherson à l’avant avec barre stabilisatrice et amortisseurs hydrauliques télescopiques. À l’arrière ce sont des roues semi-indépendantes utilisant une interconnexion par pont de torsion et des amortisseurs hydrauliques télescopiques. Le confort est moelleux sans être bateau. Les différences Pourtant, la Musa est un faux clone. Tout d’abord parce que la clientèle visée n’est pas la même. L’Idea joue le pragmatisme, le prosaïsme même. Tout le contraire de la Musa, plus snobe, plus raffinée aussi. La calandre Lancia et les blocs optiques avant et arrière sont, à nos yeux, plus jolis. Cassant même le déséquilibre esthétique de l’arrière de l’Idea. Les matériaux de l’habitacle sont plus nobles, plus recherchés et raffinés. L’accueil chaleureux se traduit aussi par des couleurs chaudes allant du Marron foncé, inspiré du Wengé, à l’Ivoire en passant par le Magnésium. Pour leur part, les sièges ont plus un look de fauteuil que de siège, ce qui est un peu gênant en conduite virile d’ailleurs. Petit salon Les plastiques plus souples, les microfibres soyeuses et le cuir donnent un tout autre cachet à l’ensemble. Surtout avec le toit ouvrant GranLuce livré d’office qui apporte une lumière bienfaisante dans le cocon Musa. Cette grande vitre de toit électrise la vie à bord de la bonne humeur engendrée par les photons solaires bienfaiteurs. L’équipement s’autorise aussi quelques folies avec l’air conditionné, le régulateur de vitesse, le Sound System Bose, etc. Le bloc On s’en voudrait de ne pas évoquer le turbodiesel 1.9 Multijet à rampe commune. Ce groupe motopropulseur à 4 cylindres en ligne développe 100 chevaux (74 kW). Le common rail comporte deux stratégies de contrôle automatique des calibrages et de l’équilibrage du gazole injecté. Le rapport volumétrique a été réduit à 18:1 et la chambre de combustion a été optimisée. Avec un tel arsenal, la Musa n’a aucun mal à sortir des villes pour rejoindre le Sud de la France sur les longs rubans noirs de la l’autoroute du soleil. Elle accélère de 0 à 100 km/h en 11,5 secondes et peut atteindre 179 km/h. En outre, on peut jouer sur le couple de 260 Nm disponible à partir de 1750 tr/min. Toutefois, on aurait aimé un cinquième rapport plus dynamique et un peu plus de détermination à bas régime. Le luxe raisonnable Ceci dit, la Musa roule en silence et a un appétit de moineau avec une consommation mixte moyenne de 5,5 litres. Elle diffuse 146 g de CO2 par km. Dommage qu’il faille quitter les yeux de la route pour suivre les indications des instruments placés au centre de la planche de bord. Pourtant, la générosité de l’ensemble et la chaleur de son look rendent la Musa finalement plus séduisante que sa cousine Idea pourtant déjà bien attrayante pour ses aspects pratiques et l’incroyable sensation d’espace qui se dégage de cette petite voiture. Pour passer de Fiat à Lancia, il faut ajouter 1000 euros. Mais ils le valent bien. © Olivier Duquesne