Il n’a pas fallu attendre 16 heures et le départ du double tour d’horloge pour qu’éclate le premier coup de théâtre de la soixantième édition des Total 24 Hours of Spa. Samedi matin, sur le coup de 10.30 heures, alors que le warm up touchait à sa fin, la Saleen Larbre Compétition n°7, alors pilotée par Steve Zacchia, quittait la route au sommet du Raidillon et heurtait très violemment le mur de pneus. Heureusement, on apprenait rapidement que l’état de santé du pilote n’inspirait aucune inquiétude. Le bulletin était par contre nettement moins réjouissant pour sa monture, totalement détruite dans la mésaventure… Si bien que, pour la première fois de l’histoire de l’épreuve, la voiture la plus rapide des essais qualificatifs ne pouvait prendre le départ de la course. Pour Pedro Lamy, auteur d’un chrono d’anthologie la veille, pour Vincent Vosse, pour Greg Franchi et pour l’infortuné Steve Zacchia, le rêve virait au cauchemar.
A 16 heures, ils n’étaient donc que quarante et un à s’élancer à l’assaut du virage de La Source. Pour la première fois, les voitures étaient en effet lâchées depuis la grille de départ F1 et non plus à hauteur des stands « endurance ». Cette envolée était plutôt mouvementée puisque la Corvette SRT de Xavier Maassen – bien remise en état après la sévère sortie de route de jeudi soir – grillait la politesse à l’autre Corvette de Fässler et à l’Aston Martin de Wendlinger pour pointer en tête à la sortie de l’épingle ! Un peu derrière, la Corvette de Menten partait en toupie et heurtait légèrement la Maserati Vitaphone de Bertolini. La C6.R du pilote hollandais était contrainte de repartir en queue de peloton.
Devant, Maassen contenait le reste de la meute, mais il n’allait pas pouvoir tenir son rang bien longtemps. Dans le troisième tour, au sommet de la ligne droite des Combes, il effectuait un tout-droit suite à une défaillance des freins de la Corvette SRT. L’équipier de Christophe Bouchut reprenait très vite la piste mais devait rentrer au stand pour régler le problème. Il repartait peu après mais, nouveau coup de théâtre, il sortait de nouveau de la piste à 16.30 heures à l’entrée de la chicane, en panne de freins ! Cette fois, c’était la fin : en dépit des efforts de son pilote, la Corvette n° 3 inaugurait la liste des abandons.
Grand bénéficiaire des soucis de son rival, l’excellent Marcel Fässler réalisait un festival au volant de la Corvette Phoenix Carsport Racing n° 6. Méthodiquement, il creusait l’écart pour s’assurer une avance d’une bonne minute sur l’Aston Martin Jetalliance au terme de son premier double relais. Sur le coup de 20 heures, la voiture des vainqueurs de l’édition 2007 menait toujours la danse avec une cinquantaine d’avance. Derrière, la bataille faisait rage entre les Aston Martin Jetalliance Racing et Gigawave, la deuxième Corvette Phoenix et les Maserati Vitaphone qui se tiraient une « bourre » de tous les instants. Après quatre heures de course, les Maserati 2 et 1 occupaient les deuxièmes et troisièmes places devant la Corvette n° 5 et les deux Aston Martin. Plus loin, la Lamborghini de Kox-Enge-Lammers-Rusinov et la Maserati de Ferté-Daoudi-Aucott – pénalisée par un stop & go de quatre minutes pour avoir changé de moteur au cours des essais pour la quatrième fois de la saison - suivaient à distance. Quant à la seule Saleen au départ, celle de Kumpen-Longin-Mollekens-Bouvy, elle avait perdu pied. La S7 United 4 Belgium avait en effet été retardée par le déclenchement inopiné de l’extincteur qui provoquait une brève panne électronique puis par le bris d’une attache du capot avant. La machine poursuivait cependant sa route à cinq tours des leaders.
En GT2, la lutte faisait rage entre Ferrari et Porsche. Après avoir dominé les essais, la marque italienne subissait un contretemps suite à l’arrivée de la pluie peu avant 18 heures. Les F430 de pointe optaient
pour des pneus intermédiaires là il convenait de rester slicks… Si bien que les 997 Prospeed Competition et Imsa Matmut Performance s’emparaient des trois premières places de la catégorie. A 20 heures, la Ferrari de Malucelli-Ruberti-Camathias-Rigon avait cependant corrigé le tir et pointait en tête de la catégorie devant la Porsche de Collard-Westbrook-Lieb, la Ferrari de Bruni-Vilander-Melo-Salo (qui avait pourtant entamé la course en queue de peloton, pénalisée suite à un changement de moteur) et la Porsche de Lietz-Narac-Long.
Autre théâtre d’un affrontement entre Ferrari et Porsche, la catégorie G3 accueillait pourtant un invité-surprise : l’Ascari des Britanniques Jones-Jones-Jordan démontrait une belle compétitivité et s’installait même un moment en tête de la classe. Après quatre heures de course, elle occupait toujours le troisième rang derrière la Ferrari de Jakubowski-Campbell-Barde-Zangarelli et la Porsche Mühlner d’Hemroulle-Basseng-Thomas-Bermes.
Pointé un bref instant au commandement, François Duval et sa Porsche First Motorsport avaient quant à eux été retardés par une crevaison. Pour la Porsche 160 de Heylen-Lamot-Loix-Dermont, c’est une « pichenette » de l’Aston Martin de Simonsen qui avait provoqué une légère sortie de route au virage de Stavelot et la perte du leadership de la catégorie. Quant à Vincent Radermecker - associé notamment à Eric Hélary sur la F430 n° 121, il pestait contre une épidémie de bris de roulement avant-gauche qui sonnait le glas de la progression de sa Ferrari en début de soirée.
Sur le plan de la météo, de légères averses empoisonnaient l’existence des spectateurs et des pilotes à partir de 17.50 heures, sans toutefois détremper la piste. De sombres nuages ne laissaient toutefois rien augurer de bon pour la suite de l’épreuve…