Déjà animée durant les premières heures de course, la soixantième édition des Total 24 Hours of Spa a connu un nombre considérable de bouleversements au cours de la soirée. Et c’est même à une véritable course par élimination que les spectateurs ont pu assister. Si bien qu’à l’entrée de la nuit, ce sont les Maserati Vitaphone menées notamment par Eric van de Poele et Stéphane Lémeret qui trustaient les deux premières places face à une opposition désormais clairsemée.

Ainsi, alors qu’elle avait dominé le début de course, la Corvette n° 6 de Hezemans-Gollin-Fässler-Deletraz dilapidait son bel avantage en effectuant un changement de pneus inopportun. Il faut dire que les averses de fine pluie qui ont « égayé » le début de soirée rendaient particulièrement délicat le choix des gommes adéquates. La machine des vainqueurs 2007 n’en demeurait pas moins dans le peloton de tête, à la deuxième place, juste derrière l’autre Corvette Phoenix de Margaritis-Alzen-Menten-Schlünssen. Et puis, sur le coup de 21.40 heures, un nouveau coup de théâtre survenait : déjà auteur d’un tête-à-queue sans conséquence au même endroit peu auparavant, le pilote grec Alex Margaritis perdait une nouvelle fois le contrôle de sa monture au sommet du Raidillon. Cette fois, il heurtait le mur avec l’arrière de la Corvette n° 5. Il reprenait ensuite la piste au ralenti en direction de la pitlane. Las, alors qu’il était proche du but, un incendie – causé semble-t-il par une canalisation brisée suite au choc - se déclarait sur la C6.R du côté de Blanchimont et la voiture était contrainte à l’abandon. Le dégagement de fumée entraînait la première montée en piste des safety cars qui contenaient la meute entre 21.42 heures et 22.05 heures.

En fonction des différents arrêts-ravitaillement causés par cet incident, les deux Maserati Vitaphone s’emparaient du commandement (la 1 devant la 2) et franchissaient le cap de 22 heures en tête. A l’heure de la première attribution de points, les deux MC12 précédaient l’Aston Martin Gigawave, la seule Corvette rescapée et l’autre Aston Martin de Wendlinger, reléguée à un tour.

Lorsque les voitures de sécurité s’effaçaient, la Maserati de Negrao effectuait un tête-à-queue sans rien toucher. Par contre, il ne fallait pas attendre bien longtemps avant de connaître un nouveau bouleversement dans la hiérarchie. Après avoir concédé un peu de temps en début de soirée, Karl Wendlinger cravachait ferme pour remonter vers la première place. Brutalement, à l’approche du sommet des Combes, il perdait le contrôle de l’Aston Martin qui percutait violemment et à deux reprises les rails de sécurité pour terminer sa course dans l’échappatoire. Au passage, la DBR9 n° 33 heurtait la Corvette de Hezemans qui évoluait dans son sillage. « Ce n’est pas moi qui l’ai envoyé en toupie, je ne sais pas ce qui a provoqué sa sortie de route », pestait le Hollandais après coup. « Mais en revenant sur la piste, il m’a accroché à l’avant droit et m’a envoyé en tête-à-queue. La jante était cassée et la direction tordue et on a perdu beaucoup de temps pour réparer les dégâts ». Pour l’Aston Martin, c’était pire encore puisque Karl Wendlinger n’avait même pas le loisir de rejoindre son stand et était contraint à l’abandon.

Après cette cascade de rebondissements, la Maserati n° 1 de van de Poele-Sarrazin-Bartels-Bertolini menait la danse sur le coup de minuit, une quarantaine de secondes devant l’autre MC12 Vitaphone de Pier Guidi-Negrao-Ramos-Lémeret et un tour devant l’Aston rescapée de Peter-Simonsen-Turner-Thompson. La Lamborghini de Kox-Lammers-Enge-Rusinov causait la surprise en se hissant au quatrième rang à cinq tours. Elle devançait la Corvette du malheureux Hezemans qui venait de doubler la Saleen United 4 Belgium de Kumpen-Longin-Mollekens-Bouvy.

En GT2, c’est la Porsche Prospeed Competition de Collard-Westbrook-Lieb qui devançait un peloton de Ferrari emmené par les F430 de Malucelli-Ruberti-Camathias-Rigon et Bruni-Vilander-Melo-Salo. Si l’on se réjouissait du leadership de la n° 61, le clan Porsche affichait cependant une mine soucieuse dans la mesure où deux des voitures de pointe avaient perdu pied. Ainsi, la 997 GT3 RS Imsa Performance Matmut de Lietz-Long-Narac avait chuté dans les profondeurs du classement suite à un changement de boîte de vitesses. C’était pire pour la n° 60 du clan Prospeed Competition qui abandonnait en piste suite à un bris de cardan.

C’est aussi une Porsche qui menait les débats en G3, Bermes-Thomas-Basseng-Hemroulle devançant la Ferrari F430 de Campbell-Jakubowski-Barde-Zangarelli. Un tour derrière, la Porsche Prospeed Competition de Heylen-Lamot-Loix-Dermont complétait le podium provisoire d’une catégorie où l’Ascari KZR1, grande animatrice du début de course, avait lâché prise.

Enfin, en G2, la Gillet Vertigo était signalée à l’arrêt au pied du Raidillon après avoir perdu beaucoup de temps suite à un bris de cardan.

Au moment d’entrer au coeur de la nuit, vers minuit trente, la pluie faisait une nouvelle apparition. Elle n’allait pas manquer de corser les débats et de compliquer la tâche d’un peloton particulièrement décimé !