La cascade de rebondissements qui ont émaillé le début de la soixantième édition des Total 24 Hours of Spa restera longtemps dans les mémoires. Rarement on avait assisté à une telle course par élimination. A l’heure du petit déjeuner, l’épreuve n’en demeurait pas moins palpitante avec trois marques différentes représentées au quatre premières places du classement général.
Pour le clan Maserati Vitaphone, les choses se présentaient pour le mieux puisque les deux machines de l’écurie s’étaient faufilées entre les embûches et avaient passé une nuit sans souci majeur. Seule une crevaison de la n° 2 peu avant deux heures avait jeté une brève ombre à ce tableau idyllique. A dix heures du matin, Bertolini-Bartels-Sarrazin-van de Poele menaient la danse avec une vingtaine de secondes d’avance sur la voiture-soeur de Negrao-Ramos-Pier Guidi-Lémeret. Dans le sillage des MC12, l’Aston Martin Gigawave complétait le podium provisoire, à trois tours du leader. La DBR9 grise, menée de main de maître par Peter-Simonsen-Turner-Thompson, avait juste été retardée par une touchette survenue sur le coup de 0.45 heures.
Derrière le trio de tête, c’est la Corvette rescapée de Hezemans-Gollin-Fässler-Deletraz qui apparaissait au quatrième rang. Bien remontée après ses avatars de la soirée, la C6.R pointait cependant à sept tours des leaders et précédait de six tours la Maserati n° 15 de Ferté-Daoudi-Aucott. Héroïne du début de l’épreuve, la Lamborghini Murcielago de Enge-Lammers-Kox-Rusinov avait perdu beaucoup de terrain au cours de la nuit suite d’abord à des soucis de boîtier électronique, puis à un bris de boîte de vitesses et enfin un contact avec les rails au sommet des Combes. A dix heures, elle pointait aux portes du top 10. Pour la Saleen de nos compatriotes Kumpen-Longin-Mollekens-Bouvy, c’était par contre bel et bien fini. Peu avant la mi-course, la S7 United4Belgium perdait son extracteur dans la descente vers l’Eau Rouge. La belle américaine regagnait ensuite son stand dont elle n’allait plus sortir. Elle rejoignait notamment sur la liste des abandons l’Aston Martin de Wendlinger. Dépité, le pilote autrichien revenait après coup sur l’accident qui avait causé son élimination en cours de soirée. « J’ai « perdu » la voiture au freinage des Combes », relatait-il à son retour dans le paddock. « Dès que j’ai touché les freins, la voiture est instantanément partie en toupie. Je suppose que j’ai glissé sur une partie humide de la piste. En tout cas, aucun problème mécanique préalable n’a provoqué la ruade de l’auto ».
Désormais 6e du classement général, la Ferrari n° 77 BMS Scuderia Italia de Malucelli-Ruberti-Camathias-Rigon, constamment aux avant-postes depuis le début de l’épreuve, pointait au commandement avec un petit tour d’avance sur la Porsche Prospeed Competition de Collard-Lieb-Westbrook. Si la 61 pouvait toujours prétendre à la victoire, les autres 997 de pointe avaient connu des défaillances dans l’obscurité : la n° 76 de Lietz-Long-Narac avait perdu toute chance de vaincre suite au remplacement de la boîte de vitesses et de la butée d’embrayage durant la soirée. La n° 60 de Henzler-Paltalla-Horion-Forsten avait abandonné sur bris de cardan et la n° 59 de Pompidou-Sugden-Williams-Ashburn avait dû renoncer après un accrochage avec la Corvette n° 6. Quant à la belle n° 75 alignée par les Australiens du Juniper Racing, elle avait dû renoncer après, notamment, un remplacement d’aileron arrière.
Le clan Ferrari non plus n’avait pas été épargné. Si la voiture des leaders du championnat pointait toujours au troisième rang, elle évoluait désormais à trois tours de la 77. Vilander-Bruni-Melo-Salo avaient perdu du temps au cours de la nuit suite au remplacement de l’aileron arrière et de l’amortisseur arrière gauche. La deuxième F430 de l’écurie AF Corse, la n° 51, avait quant à elle disparu à 01.58 heure. Pilotée par Christian Montanari, la belle rouge quittait la piste à Blanchimont et était contrainte à l’abandon. Cet incident provoquait la sortie des safety cars durant une trentaine de minutes. Quant à la n° 56 de l’équipe CR Scuderia de Kirkaldy-Bell-Mueller-Sutton, elle avait été retardée par un changement de radiateur.
Si Ferrari menait la danse en GT2, c’est Porsche qui s’était emparé du leadership en G3. Les 997 GT3 Cup S Mühlner Motorsport de Basseng-Hemroulle-Thomas-Bermes et Huisman-Khan-Voerman-Van Splunteren jouaient le même scénario que les Maserati Vitaphone à l’échelon supérieur en monopolisant les deux premières places. La 123 avait pourtant perdu du temps suite à un accrochage et avait dû cravacher ferme pour reprendre le meilleur sur la 124, revenue du diable vauvert après trois incursions dans des bacs à graviers. Grande animatrice du début de course dans la catégorie, la Ferrari n° 112 de Barde-Campbell-Jakubowski-Zangarelli avait pour sa part perdu du terrain suite à un remplacement de cardan. Des problèmes similaires (mais aussi un changement de moyeu) consécutifs à une touchette, avaient eux aussi retardé la Porsche n° 160 de Heylen-Dermont-Lamot-Loix. Quant à l’Ascari, elle avait sombré dans le classement suite à un remplacement de radiateur. On notait également les abandons de la Porsche de Duez-Sougnez-Wauters-Muytjens (boîte de vitesses) et de la seule Viper engagée, confiée à Chaillet-Galand-Geofroy-Rosoux (moteur).
La catégorie G2… n’existait plus ( !) suite au renoncement de la Gillet Vertigo sur le coup de minuit et l’abandon de la Porsche du Mac Donald’s Racing. D’abord retardée par un bris de boîte de vitesses, la machine allemande était stoppée au cours de la nuit par un début d’incendie.
Au classement intermédiaire établi après douze heures de course, ce sont évidemment les Maserati 1 et 2 qui trustaient les « gros » points devant l’Aston Martin Gigawave.
Flash : Stupeur peu après 11.10 heures : la Corvette n° 6, déjà bien retardée en cours de soirée et qui venait de reprendre la piste aux mains de Fabrizio Gollin, rentrait subitement au stand. Dans l’allée, un incendie se déclenchait brutalement et le pilote était contraint de s’extraire rapidement de la C6.R. Le clan Phoenix Racing allait plus que probablement être contraint d’en rester là, après deux incendies sur ses deux machines !