La Gransport démarre grâce à un bouton Start sous un vrombissement de grande amplitude. Elle a reçu la boîte Cambiocorsa, la version Maserati de la boîte F1 des cousines Ferrari. Cette transmission mécanique à 6 rapports à présélection électronique fonctionne avec une commande d'asservissement hydraulique gérée électroniquement. Des culbuteurs placés derrière le volant et solidaires à la colonne de direction permettent de passer les rapports. Un petit sélecteur entre les sièges est aussi là pour enclencher la marche arrière ou de revenir en première en cas de problème.Contrairement au scorpion, nous avons décidé de cracher le venin par la tête. Car souci il y a eu. La Maserati est restée scotchée en pleine circulation bruxelloise. Il a alors fallu jouer du petit levier. Même si le responsable presse a bien insisté pour nous dire que ce n’était pas une BVA, on a dû faire face à des passages de rapport un peu paresseux. Cette transmission est équipée de synchroniseurs à triple cône sur la 1re et la 2e vitesse, à double cône sur les autres vitesses.
Accélération fulgurante
La Maserati est plus à l’aise en ville en contrôle de boîte automatique et en mode normal. Il existe bien un mode sport, toutefois ce dernier ne se contente pas de modifier la réaction de la boîte, mais aussi la progression de l’accélérateur à commande électronique « drive by wire », la cartographie moteur et donc le bruit. Et en ville, le ronronnement des 8 cylindres est plutôt assourdissant. Une fois sur un terrain plus propice à son caractère, on jouit alors d’un concert pleinement enthousiasmant où l’on entend littéralement les explosions sous le capot avant parfaitement relayées par l’échappement. Un vrai rugissement de monstre féroce. La route se libérant un peu, on peut appuyer à fond sur la pédale de droite pour s’offrir un moment d’extrême allégresse. Les sensations sont telles qu’on en a la vue troublée par autant de puissance propulsée d’un seul coup. Le passage de 0 à 100 km/h s’effectue en 4,85 s. La boîte Maserati longitudinale arrière est unie rigidement au moteur selon un schéma Transaxle. Grâce à cette configuration formant bloc avec le différentiel, la répartition des poids entre les essieux avant et arrière permet d’optimiser la traction et la puissance au démarrage. Bref, la Gransport ne manque pas de motricité. D’ailleurs, la belle Italienne parcourt un kilomètre en départ arrêté en 23 secondes nettes…
Cylindres et culasses
En ouvrant le ventre de la Maserati, on découvre un moteur V8 à 90° issu du catalogue Ferrari, dans toute sa splendeur et sans cache affreux. Le bloc moteur et les culasses sont en alliage d'aluminium et silicium bonifié. Pour sa part, le vilebrequin préfère l’acier bonifié. L’ensemble est équilibré sur cinq supports de banc. La distribution est à deux arbres à cames en tête par rangée, entraînés par chaîne. Les 4 soupapes par cylindre sont commandées par des poussoirs hydrauliques. Les arbres à cames de l’admission sont dotés d’un décaleur continu. Pour leur part, les systèmes d’allumage et d’injection sont des systèmes intégrés Bosch. L’électronique se charge également de gérer au mieux le moteur qui délivre 400 chevaux (295 kW) à 7000 tr/min et un couple fabuleux de 451 Nm à 4500 tr/min.
Autobahn
Notre parcours est bien sûr passé par l’Allemagne et ses portions d’autoroutes sans limitation de vitesse. L’occasion d’approcher la vitesse maximale annoncée de 290 km/h. Déjà sur les nationales sinueuses des Ardennes, on a pu apprécier un châssis précis. Il est construit en tôles très résistantes avec une structure tubulaire intégrée à l'arrière servant de support aux suspensions et à la boîte, et, à l'avant servant de support aux suspensions en alliage léger et au moteur. L’équilibre des masses par le choix du schéma de transmission est complété par une suspension à système piloté Skyhook. Ce dernier est un dispositif pour le contrôle automatique de l’amortissement utilisant une série de capteurs qui enregistrent en permanence les mouvements des roues et de la caisse. Reposant sur de doubles triangles avec porte-moyeux et bras en aluminium forgé dont un bras supplémentaire pour le contrôle du parallélisme à l’arrière, la Maserati a un comportement ferme. Les irrégularités de la route se ressentent. Mais en même temps, cela lui offre des vitesses en courbe extrêmes et rassurantes. Dès lors, le parcours sur Autobahn à des vitesses inavouables chez nous s’est déroulé sans aucun stress, rassuré par une tenue de cap parfaite, même en virage. En prime, les freins Brembo à quatre disques ventilés et ajourés sont fidèles lorsqu’il s’agit de ralentir vivement pour entamer sa sortie en direction d’une pompe luxembourgeoise. L’ABS et l’EBD veillent bien sûr au grain. La Gransport a des disques avant de 330 mm x 32 mm et arrière de 310 mm x 28 mm. Les étriers sont en alliage léger à quatre pistons à diamètre différencié.
Pour adultes
Outre une finition luxueuse avec un cuir épais et des surpiqûres de grande classe, la Gransport a l’énorme avantage d’accueillir parfaitement quatre adultes. Toutes les supercars ne peuvent pas en dire autant. Ici, les adultes sont autant gâtés devant que derrière dans cette véritable quatre places. D’ailleurs, les sièges antérieurs s’avancent électriquement pour mieux accéder derrière et s’enfoncer dans les places au maintien efficace. La souffrance vertébrale étant surtout due à la suspension ne camouflant pas les irrégularités de nos routes. Malheureusement, le coffre est un peu juste pour partir en week-end à quatre. Enfin, les passages au ravitaillement sont « mortels ». Le réservoir contient 80 litres d’Eurosuper qui se vident aussi rapidement que défilent les kilomètres. Pensez donc, la consommation moyenne mixte est de 18,6 litres mais en s’amusant un peu on approche facilement les 30 litres. On taira les valeurs de CO2 émises au km car on pourrait risquer des représailles…
© Olivier Duquesne & Didier Jadoul
Photos Maserati rouge : © Lionel Hermans | Vroom.be