C’est dur parfois d’être précurseur. On essuie les plâtres, mais surtout, les autres en profitent pour tirer les marrons du feu. Le Mercedes ML âgé de 8 ans devait impérativement être remplacé par un nouveau SUV plus performant. C’est chose faite. Différente La nouvelle Mercedes Classe M se distingue nettement de sa devancière sur plusieurs points : la taille, l’agrément, l’aérodynamisme et l’architecture. Par contre, plus question d’opter pour la troisième banquette qui a disparu du catalogue. Néanmoins, cette nouvelle génération fait preuve d’une esthétique nettement plus routière. Aérodynamique Offrant des lignes moins abruptes, la Classe ML dernier cri a un Cx de 0,34 : le meilleur chiffre du segment. Son caractère élancé se déduit également de ses proportions. la nouvelle Classe M est plus longue de 150 mm (longueur 4780 mm), plus large de 71 mm (largeur 1911 mm) et surtout plus basse de cinq mm (hauteur 1815 mm avec les rampes de toit) par rapport au modèle précédent. L'empattement augmente de 95 mm pour atteindre 2915 mm. Salon roulant À bord, avant même de mettre le SUV en marche, on apprécie déjà le confort des sièges et la qualité de finition. De bonne augure pour la suite. La commande de boîte est située derrière le volant libérant la console centrale décorée en ronce de noyer. Ce dernier bénéficie aussi, dans le dos de ses branches, de boutons – peu ergonomiques – pour passer les rapports mains au volant. Et des rapports, il y en a sept car la Classe M est dotée de la boîte automatique 7G-Tronic. Du sport Le moteur Diesel du ML 320 CDI est un V6 à injection directe Common Rail de la troisième génération. Le 2987 cm³ délivre 224 ch (165 kW) avec un couple de 510 Nm à 1600 tr/min. L’Allemande ne manque pas d’aplomb avec ce bloc sous le capot. Le 0 à 100 km/h est avalé en 8,6 secondes. Et ce 4x4 est capable d’atteindre 215 km/h. Bonne fille Vive et réactive, la boîte qui est capable de sauter les rapports est fort impliquée dans l’étonnant dynamisme de ce SUV. La 7G-Tronic est vraiment un bon produit. Les changements de rapport se font en douceur sans manquer de rythme. Franchement, on se passe volontiers des boutons derrière le volant. Autoportante Le choix des ingénieurs en matière de suspension trahit un peu plus la vocation avant tout routière de la Classe M. Les roues avant sont entraînées par un essieu à doubles bras transversaux et l’essieu arrière est conçu selon le principe de la suspension à quatre bras. Pour le tout-terrain, malgré la transmission avec contrôle électronique 4ETS, la Mercedes n’est pas à proprement parler une franchisseuse à cause de sa garde au sol de 210 mm… Sauf avec le pack Offroad Pro. Sur coussin Lors d’un autre essai, spécialement en 4x4, nous avons pu profiter d’une Classe M équipée de ce pack comprenant notamment la suspension pneumatique Airmatic. Celle-ci est combinée de série au système d’amortissement adaptatif (ADS) qui adapte l’amortissement à la nature du terrain. Le pack comprend également une boîte de transfert à double réduction, comportant une démultiplication Low Range avec blocages de différentiel. Plus haute Grâce à la suspension pneumatique adaptée, la garde au sol peut être augmentée de 110 mm pour atteindre 291 mm. La caisse s’abaisse également sur route. Et avec le pack, la Classe M est à l’aise sur les terrains boueux, rocailleux ou abruptes. Elle avale aussi les ornières et n’a pas peur de l’eau à moins de 60 cm de profondeur. Évidemment, ce n’est pas une Classe G, donc il faut rester humble face aux difficultés malgré l’aide au démarrage en côte et le contrôle en descente. Petite attention toutefois : la peinture issue de la nanotechnologie résiste mieux aux rayures. Berline Sans le pack, le ML se sentira à l’aise sur terrain glissant grâce à ses quatre roues motrices et à l’électronique chargée de les contrôler. En exécution standard, le comportement de la Classe M est déjà remarquable. On a beau être dans un gros 4x4, sur la route, on le ressent à peine. Effectivement, on n’est pas loin du feeling berline. Le freinage est d’ailleurs compatible avec une conduite dynamique et, malgré un abaissement du nez, la voiture réagit bien aux coups de volant lorsque l’ABS est en pleine action. Pourtant, la direction assistée à crémaillère a un comportement limite. En version normale, le volant a tendance à être trop scotché. Alors qu’il est un peu trop souple avec la suspension pneumatique. Polyvalente L’intérêt de ce type de châssis réside aussi dans sa polyvalence d’emploi, même si le ML se limite à cinq places. Le volume de coffre passe de 551 à 2050 litres lorsque la banquette arrière est totalement repliée. Dans ce cas, la surface de chargement arrière plane propose une longueur de plus de 2,10 m. On l’a déjà dit, les sièges sont dignes d’un salon. D’autant que l’espace entre les deux rangées a été augmenté de 15 mm pour atteindre 880 mm. Les sièges avant ont droit de série au réglage électrique de la hauteur, de l’inclinaison de l’assise et du dossier. Grande La Classe M est une grande voiture. Il faut donc apprivoiser ses dimensions. Hormis dans les ruelles et pour accéder à certaines places de parking, cette voiture se sent à l’aise sur de nombreux terrains, sans renoncer au confort des passagers. D’autant que la qualité de finition et des matériaux est digne de l’étoile au bout du capot. Sécurité La carrosserie autoportante, outre ses qualités sur le comportement, joue également un rôle favorable à la sécurité des passagers grâce aux importantes zones de déformation. Et puis, chez Mercedes, l’électronique joue son rôle protecteur à tous les niveaux, surtout avec l’option Presafe qui prépare les occupants à une possible collision. Le prix du luxe Malheureusement, la Classe M paie cher sa technologie. Le catalogue des options n’est pas mince et le prix d’appel n’est pas vraiment attractif. Évidemment, on a droit à une voiture bien conçue au caractère plaisant avec une qualité des matériaux haut de gamme. Question consommation, le 320 CDI est raisonnable avec un cycle mixte officiel de 9,8 litres maximum aux 100 km. Difficile de faire mieux en tant que SUV de ce gabarit avec de telles qualités dynamiques. © Olivier Duquesne