A la serpe !
Le Classe G, c’est la commode bretonne de l’automobile. Taillé à la serpe, sans arrondi aucun, il présente une silhouette qui est restée immuable depuis 1979 ! Un profil jurassique, auquel les doux dingues d’AMG n’ont pas hésité à rajouter quelques détails lourds de sous-entendus : jantes démesurées (20 pouces), logo interminable et, surtout, les quatre tuyères d’échappement qui déboulent latéralement, sous les portières arrière. Dingue !
De manière générale, c’est toute la gamme G qui profite de quelques évolutions, à l’instar des phares à lampes LED diurnes et des rétroviseurs profilés… Quoique les notions d’aérodynamisme, sur un engin plus proche visuellement d’un frigo que d’une fusée, sont évidemment assez relatives…
La garniture
Ce Classe G AMG, c’est la grosse Bertha de la route, un tyrannosaure venu se perdre dans la jungle vaguement organisée qu’est la circulation actuelle. Pas franchement délicat, il s’affine pourtant à l’intérieur avec des nouveaux équipements : notons le Comand, qui inclut le système de navigation et l’accès à Internet.
Ensuite, il y a le côté sécuritaire… Vous allez me dire que le Classe G a bien besoin de béquilles, vu l’archaïsme pittoresque de ses suspensions… Commençons par le détecteur d’angles morts, l’aide au parking et, enfin, le régulateur de vitesse actif avec radar.
Evolution monstrueuse !
Résumons-nous : la chose a commencé sa carrière en 1979 avec un modeste 4 cylindres essence d’une centaine de chevaux. Ce qui était suffisant pour animer ce rustique châssis séparé, ces essieux rigides antédiluviens et cette antique direction à recirculation de billes. C’est qu’après tout, un Classe G ne se destine pas au ruban des Autobahns ou aux virolos alpins (quoique ces derniers constituent le terrain de chasse de cette première prise en main !), mais plutôt aux espaces sévères et rugueux, aux sols inhospitaliers, voire à la sauvage rocaille…
Aujourd’hui, ses dessous sont identiques, mais le cœur a muté… Sous le capot de la version AMG, qui représente pas moins de 40 % des ventes de Classe G, on retrouve le colossal V8 biturbo de 5,5 litres et 544 chevaux. Plus monstrueux encore, la valeur de couple : 760 Nm entre 2.000 et… 5.000 tr/min ! Ainsi paré, la chose évacue le 0 à 100 km/h en 5,3 secondes et se voit condamné à rouler à 210 km/h maximum.
Assez palabré, à bord !
D’abord, il y a l’allure intimidante de la chose. Enorme rectangle posé sur des roues gigantesques, le Classe G est taillé à l’échelle de l’incroyable Hulk. Puis, il faut grimper à bord, ce qui se fait sans trop de difficultés. Mais l’ambiance intérieure est assez surnaturelle : on sent les origines rustiques et besogneuses du Classe G, mais chaque centimètre carré de l’habitacle est recouvert de cuir, d’Alcantara, voire d’aluminium brossé.
Et puis, fébrilement, on ose lancer le démarreur… S’ensuit alors un barouf indescriptible, un tintamarre de tous les diables qui s’échappe des quatre tuyaux d’échappement. Une sonorité d’enfer, gutturale et qui participe pour beaucoup dans la personnalité attachante de ce Classe G !
En route !
Boîte automatique (à 7 rapports) flanquée sur D, le pied relâche prudemment la pédale de freins et… c’est parti ! Avec une certaine douceur, même ! Ceci dit, la moindre pression sur l’accélérateur déclenche un tonnerre d’échappement qui fait trembler les murs ! On tente de s’échapper en douceur et avec discrétion du milieu urbain mais… mission impossible !
Charge wagnérienne !
Puis, arrive forcément la petite route sinueuse, dégagée à souhait. Alors, j’ose, excité comme une puce, enfoncer la pédale de droite… Et c’est l’apocalypse ! La poussée se fait féroce, le moteur vocifère dans les graves, résonne de sa voix caverneuse, le turbo siffle à tout va et le virage se rapproche à vitesse Grand V ! La boîte, quant à elle, a du mal à suivre le rythme infernal du moteur et se retrouve souvent pendue sur le mauvais rapport.
Je saute sur les freins, mais ne trouve sous mon pied qu’une pédale spongieuse et peu inspirante. Pourtant, le Classe G ralentit suffisamment… Enivré par les borborygmes sauvages, je tente de placer l’engin à la corde, mais la direction vague et floue autour du point zéro ne donne qu’une précision toute relative… Encourageant ! Le Classe G rentre dans le virage avec toutes les réprimandes que l’on peut attendre de deux essieux rigides. Cramponné au volant, j’attends que ça redevienne droit. Ouf, c’est passé !
On se dit que ce coup-ci, on sera plus prudent, refroidi par le comportement agricole de la chose… Mais non, c’est trop bon, je remets une belle dose de gaz et l’engin rugit de plus belle tout en se catapultant à la perfection, quatre roues motrices obligent ! Mais cette fois, on ne m’y reprendra plus ! C’est avec une prudence de Sioux que je ralentis pour entrer dans le virage à une vitesse digne d’un engin agricole…
Et la consommation ?
La soif du Classe G semble être à la hauteur de son exubérance… Comptez entre 15 et 25 l/100, suivant utilisation et… enthousiasme. Voire beaucoup plus ! Démentiel… Pourtant, Mercedes annonce une amélioration de 13 % face à la précédente Classe G AMG et dote son engin d’un Start & Stop de série… J’vous jure…
G65 AMG : Le diable en personne
Complètement inclassable, le G63 AMG ? Oui, mais il existe plus fort et… plus fou encore : le G65 AMG ! Ce dernier s’arme d’un V12 biturbo sur le train avant, pour une puissance de 612 chevaux et un couple de… 1.000 Nm ! Un collector !
Cher, très cher !
Environ 140.000 € pour le G63 AMG (hors options) et… plus de 120.000 € de plus pour le G65 AMG ! Ajoutez à cela, les taxes, la consommation, l’assurance… Bref, inclassable, ce monstre des ténèbres !
Improbable, dites-vous ?
Le Classe G AMG, c’est l’archétype de la voiture qui tente de cumuler bien des fonctions, sans n’en réussir aucune. Tout-terrain par ses suspensions, il y est mal à l’aise, la faute à ses pneus de voitures sportives… Sportif, alors ? Oui par son moteur herculéen, non par ses suspensions, ses freins et sa direction, complètement dépassés par les événements. Familial ? Non, car trop dur de suspension, trop bruyant et pas assez pratique.
Au diable la raison et la rationalité, le Classe G AMG est inclassable et parfaitement inutile. Et c’est précisément pour cela qu’il est indispensable, en ces moments moroses et ternes…