Bernard Charles Ecclestone, mieux connu sous le sobriquet de Bernie Ecclestone, est devenu le pape de la Formule 1, un tycoon indéboulonnable qui règne sur ce petit monde depuis plusieurs décennies. Au fil des années, il a révolutionné l'univers de la F1, en le transformant en un business juteux qui a totalement fait disparaître l'amateurisme et l'ambiance bon enfant des temps héroïques des débuts, quand la F1 était encore affaire d'artisans. Il y a gagné autant d'amis que d'ennemis, et a amassé grâce à ses activités une fortune considérée par les magazines spécialisés comme la sixième de Grande-Bretagne. Mais l'homme vieillit et semble progressivement perdre de son influence. Ce qu'il a admis dans une interview accordée au quotidien britannique The Mirror.
"Je vais avoir 84 ans à la fin de l'année et je dois me poser la question si je veux, quand j'aurai 85 ans, faire ce que je fais depuis je ne sais plus combien d'années," explique-t-il. "Je dois y penser sérieusement," ajoute-t-il. "Le plus important est de savoir quand accrocher ses gants de boxe. Pour ne pas monter sur le ring une fois de trop." En 2012, le Britannique avait dit que tant que les actionnaires lui feraient confiance, il garderait son poste. On a appris depuis que CVC, qui détient encore 35 % des parts de la F1, envisagerait de vendre sa participation. Prix estimé : 25 miliards $ !
Il assure aussi que ses démêlés avec la justice allemande n'influencent en rien sa décison. Ce serait plutôt la direction que prend la F1 qui ne lui plairait pas. "Ça n'a rien à voir avec ça [les démélés]," explique-t-il. "C'est la façon dont la F1 est dirigée en comparaison avec ce que c'était avant. C'est aujourd'hui une gouvernance corporative, avec toute sorte de comités à qui il faut rendre des comptes. Ça ne se passait pas comme cela avant," ajoute-t-il. "Et si ça s'était passé comme cela, je n'aurais pas duré aussi longtemps."
"Et ce sera de plus en plus difficile de prendre des décisions," pense le Britannique. "Le monde change, et c'est ainsi. Mais je ne suis pas d'accord. Ce qui se passe, c'est que tranquillement mais sûrement, on se débarrasse des entrepreneurs," conclut-il, lucide. "On se débarrasse des gens qui ne sont pas dans le moule."