C’est Flaminio Bertoni, le célèbre designer italien déjà auteur des Traction, 2 CV et DS, qui reprend le pinceau pour dessiner ce nouveau modèle. S’il considère que cette voiture sera le chef d’œuvre de sa carrière, vous êtes nombreux à penser l’exact contraire ! Il faut dire qu’avec son capot curieusement incurvé et sa lunette arrière inversée, la chose présente une allure assez polarisante… Pourtant, cette lunette, également reprise par Ford sur sa Anglia, avait ses avantages : l’accessibilité arrière était facilitée et en cas de pluie, elle restait toujours bien dégagée…
Le meilleur des deux mondes
Comme base technique, les ingénieurs sont partis de la 2 Chevaux. Sous le capot, le malheureux bicylindre de 425 cm³ de celle-ci n’offre toutefois que 12 chevaux, ce qui est évidemment bien trop faible pour assurer des prestations décentes à une berline moyenne. Les motoristes réalèsent donc la chose à 602 cm³, ce qui lui donne une dizaine de chevaux supplémentaires. Cette modeste cavalerie déboule sur le train avant au travers d’une boîte manuelle à 4 rapports.
Dans l’habitacle, si l’équipement est des plus spartiates, la marque aux chevrons fait néanmoins honneur à sa réputation en garnissant l’habitacle de sièges aussi moelleux que ceux de la DS. Conciliez ceux-ci avec une suspension dérivée de la 2 CV, soit à ressorts horizontaux, et vous obtenez une machine gondolant joyeusement sur ses suspensions et prenant autant de gîte en virage qu’un vaporetto en pleine tempête. Mais si votre estomac ne craint ces mouvements nautiques, vous découvrirez alors l’une des berlines compactes les plus confortables qui soient, toutes époques confondues !
1961
En 1961, Citroën présente l’AMI 6, pour Automobile de Milieu de gamme de 602 cm³. Et immédiatement, le modèle rencontre un franc succès. Sa ligne tordue ne refroidit nullement la clientèle qui remplit les bons de commande. En 1964, Citroën dévoile un break qui connaîtra un succès encore plus important que la berline : non seulement était-il plus « normal » d’apparence, mais en plus, les milieux ruraux étaient très friands de son confort et de sa praticité. En 1966, l’Ami 6 était d’ailleurs la voiture la plus vendue en France, devant la Renault 4 !
Evolutions
L’Ami 6 est née avec quelques erreurs de jeunesse, comme une mauvaise évacuation de l’eau par temps de pluie, des vitres arrière fixes, un moteur trop faible, des cardans fragiles et une suspension à entretenir régulièrement. Au fil des années, ces quelques défauts seront solutionnés, notamment via un moteur qui gagnera progressivement en puissance, jusqu’à atteindre 32 chevaux sur les ultimes exemplaires ! La vitesse de pointe a donc grimpé de 105 à 123 km/h. En 1969, Citroën remplace son Ami 6 par une Ami 8 qui sera au moins aussi populaire.
Aujourd’hui
Si elles s’échangeaient souvent contre un saucisson et une bouteille de vin il n’y a pas si longtemps, les Ami 6 ont dernièrement vu leur cote d’amour grimper ! C’est évidemment le marché français qui est le plus riche en exemplaires à vendre, mais vous en trouverez régulièrement en Belgique également. Tablez sur un minimum de 6.000 € pour un bel exemplaire, un peu plus en Belgique. La berline est nettement plus rare que le break.
L’Ami 6, comme toutes les voitures des années 60, souffre d’un défaut majeur : une immense propension à rouiller ! Les tôles extrêmement minces n’offrent en effet, quasiment aucune protection contre ce cancer. Mécaniquement, la chose est plutôt fiable : les premiers moteurs, moins poussés que les derniers, sont donc plus résistants, mais la suspension des premières versions demandent plus d’entretien que les amortisseurs télescopiques des modèles ultérieurs. Surveillez également les cardans des premières versions. Enfin, si toutes les pièces mécaniques (ou presque) se retrouvent sans problème, quelques détails de finition pourraient demander vos talents d’inspecteur s’ils sont absents.