Difficile de rester discret au volant d’une 307CC. C’est une belle voiture qui attise encore plus la curiosité quand, sur un parking ou le long de la route, on décide de mettre le toit en mouvement. 25 secondes pour passer du coupé au cabriolet grâce à un système d’ouverture/fermeture bien fini avec un mécanisme parfaitement protégé dans le coffre. Difficile de plier une pièce ou de détacher un câble par mégarde… De plus, la malle toit ouvert a un volume appréciable (204 dm³) autorisant les départs en week-end. En mode toit fermé, le coffre est vraiment digne de l’appellation coupé avec un volume de 350 dm³. On peut y mettre de bonnes grosses courses de supermarché ou les bagages de toute la famille pour les vacances. Pour réussir ce challenge, la surface du pavillon mobile en tôle a été réduite au minimum tandis que, coiffant les places arrière, la grande lunette arrière en verre athermique surteinté est conçue pour se désolidariser des montants de custodes lorsqu’elle se replie. Elle peut alors se poser plus haut que ceux-ci sur deux supports latéraux installés dans le coffre. Vraiment épatant ! Une silhouette magnifique Le pare-brise très incliné et un arrière bombé avec ses feux à diodes traités en diagonale arrivent à équilibrer les lignes tendues de la Peugeot. En s’escamotant, le toit entraîne avec lui la lunette arrière et les custodes articulées. Le toit rigide, la longue lunette galbée en verre qui le prolonge ainsi que l’ensemble des autres pièces mobiles s’escamotent dans le coffre. Tout cela obéit à une cinématique totalement automatique, à condition de laisser son doigt sur le bouton de commande. Même si on peut le faire au ralenti (moins de 10 km/h), il vaut même éviter d’ouvrir ou fermer le toit en roulant. Malheureusement, il faut accepter de légères concessions. Malgré qu’il s’agisse aussi d’un coupé, les deux places arrière sont limitées. Les jambes ont du mal à se caser et la tête est très près du plafond. On doit aussi accepter quelques bruits parasites sur routes dégradées. Ceci dit, la rigidité est réellement étonnante pour un « décapotable », car elle est presque au niveau de celle de la berline 306 ! Du plaisir au volant Issue de la plate-forme 307 berline dont elle reprend l’empattement, la 307 CC ne s’autorise qu’un rallongement de 14 cm sur le porte-à-faux arrière, portant la longueur hors tout à 4,34 m. La 307CC pèse quand même 80 kg de plus que la version berline, conséquence des renforts ajoutés par-ci, par-là dans la carrosserie. Disons qu’à part le capot en aluminium, les ailes avant en plastique et la face avant de la 307, tout le reste a reçu des matériaux spécifiques. Par exemple, les montants intègrent un renfort tubulaire en tôle d’acier à Très Haute Limite Élastique d’un diamètre de 54 mm et d’une épaisseur de 5 mm. Rejoignant la partie avant de chaque longeron après avoir “traversé” le pied avant, ces renforts limitent l’affaissement des montants de baie en cas de retournement. On pourrait encore citer d’autres renforts réalisés en tôle d’acier nervurée (1 mm d’épaisseur) prenant en sandwich le soubassement depuis la traverse inférieure de tablier jusqu’au plancher arrière. Sous l’ensemble de la plate-forme se trouvent aussi huit tirants ou barres de renfort qui reprennent les efforts de torsion entre l’avant, le milieu et l’arrière du soubassement. Ces tirants concourent efficacement à la saine rigidité en torsion de l’ensemble de la structure. Le bon comportement du châssis est aussi dû à une inclinaison augmentée de 2,5° des montants de baie. Tout cela permet également d’assurer une meilleure sécurité des occupants en cas de retournement ou de collision. Et aussi d’apprécier la 307CC tant en conduite décontractée qu’en conduite sportive. 2.0 Sport : émotions à fond Si le volant un peu trop épais gêne la conduite réellement sportive, le moteur 2 litres essence de 180 chevaux (130 kW) tire parfaitement son épingle du jeu. L’embonpoint de la 307CC est effacé par une motorisation vivace et à la sonorité envoûtante à bas régime. Le compte-tours montre que l’aiguille peut monter au-delà des 6000 tours laissant entrevoir des performances rageuses. D’autant que les passages de vitesse sont précis et réellement dynamiques. On s’est pris à faire un changement de rapport à un rythme réellement époustouflant. Tout cela pour s’offrir des accélérations, certes raisonnables, permettant d’atteindre les 100 km/h après 10 secondes, départ arrêté. Les 1997 cm³ offrent un couple maximal de 202 Nm à 4750 tours minute. Cheveux au vent c’est très sympa, d’autant que même sans filet et vitres levées, on n’est pas trop gêné par les remous. OK ! À 225 km/h, vitesse maximale, on sera très certainement décoiffé. Par contre sur petites routes, on s’amuse franchement. Les lacets s’enfilent aisément et la bonne rigidité du châssis permet de poser l’auto où on le désire. La pédale de frein est parfois un peu trop molle lorsqu’on la lèche pour un léger freinage. Mais quand il faut que ça morde, ça mord et ça arrête le tout. Seul véritable hic : une consommation frôlant les 9 litres au 100 km de moyenne pour monter à 12 litres en conduite agressive. Dès lors, il faudra souvent s’arrêter à la pompe. Une sixième vitesse aurait permis de faire quelques économies sur les tronçons autoroutiers. Pas de Diesel Les autres moteurs de la gamme sont un 2 litres de 138 chevaux et un 1.6 litre de 110 chevaux. Honnêtement, vu le poids de l’engin, il vaut mieux éviter le 1600 si on apprécie de pousser de temps en temps sur le champignon – toujours en respectant les autres usagers. La version 2 litres 180 ch essayée montrait de vraies aptitudes énergiques mais on ressentait qu’il y avait 1 tonne 5 à tirer. On regrette aussi l’absence de motorisation Diesel puisque un coupé cabriolet est censé être utilisable au quotidien en toute saison. Dès lors, avec un coffre généreux pour la catégorie, un confort réel à l’avant, on pourrait se dire que la 307CC serait une bonne voiture pour le boulot et les loisirs. Sauf que si on fait plus de 15.000 bornes par an, la facture chez le pompiste s’avèrera désastreuse. Un bon HDI sous le capot et on signerait à deux mains pour s’offrir à coup sûr ce jouet dans le garage. Car, l’équipement est vraiment complet. Pour s’offrir le joujou, il faut quand même débourser entre 23.330 et 28.360 euros. Mais à ce prix-là on peut compter sur une voiture très complète et transformiste. Les sièges avant maintiennent parfaitement le corps et assurent un confort optimal. Toit fermé, on a à faire à une voiture « normale » où le chauffage fonctionne convenablement et où les bruits aérodynamiques ne sont pas gênants. La porte ! Dernier détail montrant avec quel soin la marque au lion a conçu son grand coupé cabriolet : les portes. Elles sont dérivées de la 307 trois portes mais sont profondément modifiées pour participer à la rigidité de la structure et à la tenue aux chocs. Elles comprennent d’importants renforts au niveau de la doublure de frise ainsi qu’en partie basse pour retarder les intrusions en cas de choc latéral. Un “doigt” métallique placé dans la feuillure antérieure complète la tenue en cas de choc arrière. Les poignées de porte, de type “valise”, sont également issues de la berline 307. Mais elles disposent chacune d’un capteur capacitif (invisible pour l’utilisateur) qui commande une descente de la vitre de quelques millimètres au passage de la main derrière la poignée libérant ainsi la vitre du joint d’étanchéité en caoutchouc. Le capteur capacitif utilise un champ magnétique réinitialisé toutes les millisecondes. En 135 ms, la main qui s’apprête à saisir la poignée est détectée, l’information est transmise à l’électronique de la porte et la vitre est abaissée. Il ne reste plus qu’à entrer dans l’auto, en faisant attention à ne pas se cogner au gros montant du pare-brise… Pour arriver aux places arrière, il faudra un peu plus d’effort d’autant que le système de basculement des sièges n’est pas vraiment top, surtout lorsque l’auto est stationnée dans le sens de la montée. On n’ira pas jusqu’à dire que le plaisir du cabriolet est surtout réservé aux places avant. On écrira plutôt que c’est une vraie 4 places mais que les passagers arrière devront accepter un espace de vie moindre pour avoir le plaisir de sentir le vent frotter leur visage, si le temps le permet… © Olivier Duquesne