Le constructeur français se fonde sur cette légitimité pour lancer le Django, un scooter néo-rétro se revendiquant des productions du lion dans les années cinquante, comme les S55 et S57, dont un exemplaire trône d'ailleurs fièrement dans la vitrine de Peugeot, avenue de la Grande Armée à Paris. C'est ici que nous redécouvrons le Django, présenté à Milan il y a un an.

Le Django se démarque des autres scooters par une offre étendue: il est en effet proposé en quatre finitions différentes, baptisées "univers" dans le vocabulaire du constructeur. Le plus chic, baptisé "Allure", reçoit une livrée bicolore très classique, des pneus à flancs blancs sur jantes grises, un petit saute-vent et un top-case.

Plus joyeux, "l'Evasion" se distingue par ses couleurs bi-ton acidulées, ses jantes blanches, son saute-vent et son porte-paquets avant chromé.

Le "Sport" se distingue par sa selle monoplace (selle duo fournie), ses stickers à numéro et sa couleur bleu de France (ou argent satiné).

Le modèle basique, "l'Héritage", se contente d'une livrée monochrome, hélas limitée au noir en Belgique, et se veut plus accessible financièrement. Il fait donc l'impasse sur la signature lumineuse soulignant le logo sur la face avant du tablier, mais aussi sur le freinage combiné.

On le voit, à l'exception de l'Héritage, les différences se veulent plus cosmétiques qu'autre chose, à telle enseigne que nos amis français pourront se créer leur Django à la carte sur un configurateur dédié. Ils pourront ainsi choisir dans une palette de 24 coloris, 3 modèles de rétroviseurs, 7 différentes selles, des joncs latéraux chromés brillants ou mats et un catalogue de 16 accessoires. De quoi assurément trouver son bonheur!

A la carte

Le Django sera proposé tant en 50 qu'en 125 cc, voire 150 sur les marchés qui le réclament, comme l'Italie. Pour ce qui nous concerne, l'intérêt se portera sur le 125. Pas de folie, il s'agit d'un bloc refroidi par air, fourni par Sym. Il se contente d'un carburateur et développe une dizaine de chevaux. Fourche hydraulique à l'avant, mono amortisseur à l'arrière, freins à disque, cadre tubulaire et carrosserie plastique: c'est sans surprise et conforme au marché.

Ceci n'empêche pas une finition très soignée, avec une réelle qualité perçue. Les assemblages sont précis, les peintures appliquées avec soin. Seuls quelques détails déçoivent, comme l'éclairage de plaque maladroitement rapporté et quelques vis d'assemblage trop visibles.

Nous aurons à l'essai tous les modèles, hormis le basique Héritage. Dommage, parce que, à vouloir trop en faire, Peugeot en fait peut-être un peu trop avec ses déclinaisons plus luxueuses. Jusqu'où aller sans aller trop loin? Perso, nous préférons l'élégante sobriété de l'Héritage, et ses magnifiques couleurs "fifties" dont le marché belge sera semble-t-il privé. Le Milky White, le Rocky Blue et le Velvet Green mettent pourtant formidablement en valeur les lignes rétro du Django… Les autres modèles ne manquent certes pas de charme, mais leur côté plus clinquant leur ôte une part d'authenticité. Mais bon, tout ça reste très personnel: des goûts et des couleurs…

A Paris

Ne boudons pas notre plaisir, nous quittons l'avenue de la Grande Armée au guidon d'un rutilant Evasion en livrée bicolore Milky White et Dragon Red à jantes blanches. Très jolies, celles-ci se distinguent par un voile très plein, ce qui obligera à choisir le cadenas antivol spécialement dédié, disponible dans le catalogue des accessoires du constructeur.

Nous apprécions immédiatement la très raisonnable hauteur de selle (770 mm), qui mettra les plus petits à l'aise. Les plus grands ne se sentiront pas pour autant punis, grâce à l'intelligente découpe dans le tablier permettant d'avancer les pieds. La selle, ferme de prime abord, ne nous convainc qu'à moitié: sa conception en deux pièces empêche de varier la position d'assise, et le léger relèvement de l'assise conducteur ne suffit pas à servir d'appui et se montre en finale plus gênant qu'utile.

Les suspensions par contre se distinguent par l'étonnant confort qu'elles procurent aux occupants du Django sur les pavés parisiens. Sans conteste un des grands points fort du nouveau Peugeot, avec le freinage combiné, aussi efficace que rassurant. Pas d'ABS prévu à ce jour et, honnêtement, l'absence de ce dispositif ne se fait guère regretter, tant le freinage combiné se montre efficace et facile à doser.

Le roi du pavé

Le petit moteur Sym s'acquitte bien de sa tâche, et "arrache" avec suffisamment de vigueur le Django au feu vert. Sa vivacité ne permet pas de le prendre en défaut dans les embarras de la capitale, et un petit crochet sur le périphérique démontre qu'il s'y sentira à l'aise aussi.

Ce sera sans doute un peu moins vrai sur un Louvain ou Wavre – Bruxelles, mais ce genre de scooter néo-rétro n'a pas vraiment vocation à sortir des grandes villes pour affronter l'autoroute! Rien à dire sur le comportement routier: le Django est sain et facile: lors d'une des séances photo sur un rond-point en pavés où nous devons plus faire attention aux autres véhicules et au photographe qu'autre chose, notre Django a perdu l'adhérence sur une traînée de gasoil humide. Un petit coup de pied, un coup de guidon, un grand bruit de béquille raclée sur les pavés, et nous sommes restés sur nos roues!

Côté aspects pratiques, le Django ne s'en sort pas trop mal, avec un vaste plancher plat et un vide poche à droite du tablier qui permet de recharger un téléphone avec sa prise 12V. Le remplissage d'essence est placé en symétrie, à gauche du tablier. L'emplacement sous la selle permet d'y ranger certains casques "jet", pas tous. Béquilles latérale et centrale de rigueur et, merveille, un kick starter.

Un pari

Ca paraît idiot, mais voici bien un accessoire bienvenu dans tous les cas de figure: soit vous n'utilisez que rarement votre scooter, et le jour où vous en avez envie, le démarreur reste muet, batterie plate, soit vous l'utilisez tous les jours, et votre batterie, sollicitée par l'usage incessant de l'éclairage, des clignotants, du feu stop et du démarreur, avoue un beau matin forfait! Merci, Peugeot, d'y avoir pensé!

Alors ce Django, bien né? Oui, sans hésiter! Reste à voir comment il se fera une place entre les inamovibles Vespa, hors de prix mais auréolées d'une image en béton, et les néo-rétros nettement meilleur marché en provenance de Chine ou de Taïwan. Lambretta, avec pourtant un nom très fort, s'y est cassé les dents. Le Django, plus abordable qu'une Vespa, n'est malgré tout pas donné: L'Evasion et le Sport s'échangent contre 3.499 €, l'Allure réclame 3.899 €, le prix de l'Héritage n'étant pas encore fixé. L'image et la légitimité de la marque Peugeot jouera peut-être en France, qu'en sera-t-il sur les autres marchés? L'avenir nous l'apprendra!