François Piette

21 MAI 2005

L’agilité et la maîtrise

La Boxster S est, à notre sens, la Porsche la plus plaisante à conduire. La position centrale de son moteur la rend vraiment agile. Moins caractérielle qu’une 911, la Boxster S a néanmoins le coffre nécessaire pour procurer des sensations fortes. Un vrai régal…

La nouvelle Boxster S (987) a bien sûr progressé en performances. Le flat 6 de 3179 cm³ a été retravaillé pour offrir plus de « punch » avec la modification du système d’admission. Les ingénieurs maison ont également optimisé l’admission d’air et la ligne d’échappement. Il développe dorénavant 280 ch (206 kW), le tout dans un roadster qui pèse 1345 kg. Ce qui nous donne un rapport poids/puissance de 4,80 kg/ch. Le couple affiche 320 Nm disponibles entre 4700 et 6000 tr/min.

Vite et bien

Le comportement de la Boxster S est particulièrement rassurant. N’importe quel possesseur de permis de conduire peut la prendre en main et profiter de la balade. Le roadster Porsche n’est pas du genre à faire des vacheries. L’avant se permet même de prévenir le conducteur en glissant que la voiture pourrait éventuellement peut-être ne pas trop apprécier la vitesse avec laquelle le virage est abordé. Pareil pour l’arrière. Il faut vraiment brusquer la voiture pour la faire glisser en travers. Et en plus, elle reste maîtrisable (à condition de garder la tête froide et les idées claires). Le plus incroyable ce sont ces chiffres de performance : 0 à 100 en 5,5 s, 0 à 200 en 20,2 s et vitesse de pointe de 268 km/h. Soit quelques malheureux fifrelins de différence par rapport à une 911.

L’art automobile

Le plaisir au volant est lié à une excitation de tous les sens. L’ouie, par exemple, est émoustillée par le bruit qui sort de l’échappement. Un travail d’orfèvre sur le 6 cylindres à plat et sur le circuit d’évacuation des gaz. Un collecteur en éventail amène les gaz d’échappement dans des silencieux opposant moins de résistance qu’auparavant. Les ingénieurs ont à tout prix voulu supprimer une fréquence particulièrement désagréable à l’oreille : les 280 Hz. Les gros moyens ont été mis en branle pour les traquer. Résultat : la sonorité est grave et rauque. Une férocité mélodique que l’on doit à la réadaptation du cycle de charge et à un résonateur Helmholtz*.

6 vitesses

Notre modèle d’essai était équipé de la nouvelle boîte mécanique à six rapports. Celle-ci est dotée d’une nouvelle synchronisation. La commande des rapports se passe sans heurts. Précise et rapide, cette boîte permet de lancer le roadster très facilement et de placer le régime moteur dans sa plage optimale. En conduite bourgeoise, on peut rouler à régime moyen pour économiser le carburant (7,7 litres aux 100 en cycle mixe – 248 g de CO2 par km). En conduite sportive, on se laisse griser par la puissance et le bruit. En prime, les freins Porsche sont toujours aussi performants. La Boxster S voit l’amplification du servo augmentée de 18 % pour une réponse plus spontanée. Les étriers fixes de la Boxster S sont peints en rouge. Ils sont de type monobloc à quatre pistons et serrent des disques de 318 mm sur l’essieu avant et 299 mm sur l’essieu arrière. Pour son agilité, le roadster Porsche peut compter sur une direction assistée de haute voltige. Jumelée à l’architecture châssis moteur, à la suspension de type McPherson optimisée avant et arrière et à un empattement de 2415 mm pour une longueur de 4329 mm, la direction assistée à crémaillère à démultiplication variable permet d’aborder avec une formidable efficacité tous les tracés sinueux.

Toile de maître

Toujours fidèle à la toile, la capote de la Boxster est particulièrement bien insonorisée. On peut même la rentrer ou la poser en conduisant, à faible allure. Un bouton s’occupe d’activer le système. L’avantage de la toile est que cela prend peu de place une fois rangée. Dès lors, le volume de chargement reste inchangé. Et c’est là aussi la bonne surprise : il y a moyen de mettre pas mal de bagages dans cette Porsche. On a bien sûr un coffre profond à l’avant, mais aussi un espace de rangement à l’arrière acceptant sans mal une mallette. Pour leur part, les commandes sont placées ergonomiquement. Dommage que la marche arrière avec la capote demande beaucoup de précaution par manque de visibilité. La nouvelle Boxster a aussi eu droit à quelques retouches esthétiques. Mais de cela on en parlait déjà en 2004.

Madame au volant

La Boxster S 987 plaît aussi aux dames. La preuve avec mon épouse qui a pu la conduire un peu dans un zoning déserté et en rase campagne [pas fou ;-)]. La prise en main a été presque immédiate, juste le temps de s’habituer à une pédale de droite commandant un « gros » moteur. Le verdict a été sans concession : « c’est beaucoup plus gai à conduire que d’être passager, je comprends mieux maintenant ton enthousiasme ». Et voilà la chose qui fâche : le passager ne profite pas autant du plaisir. Vraiment dommage. Heureusement que le Soleil est là de temps à autre et qu’en décapotant le tout, le plaisir retrouve sa place partout dans l’habitacle.

© Olivier Duquesne

Photos : © Lionel Hermans | Vroom.be

* Le résonateur de Helmholtz est un système acoustique où les dimensions du système sont beaucoup plus petites que les longueurs d'ondes acoustiques émises.

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