LED forcing

Les Boxster et Cayman ont suivi l’évolution stylistique de la grande sœur 911, en adoptant à leur tour des LED dans leurs feux arrière et sous les phares avant. Voilà qui leur donne un air plus branché, sans les départir de leur habituelle classe naturelle. Les autres modifications sont à constater au niveau des boucliers avant et arrière. Dans l’habitacle, le système d’info-divertissement est repris de la nouvelle 911. Ainsi, il est désormais possible de connecter son GSM via Bluetooth, avec téléchargement du répertoire à la clé, et le GPS (PCM en Porsche dans le texte) est nettement plus convivial et précis. Voilà pour la partie cosmétique.

Cachez ce moteur que je ne saurais voir !

Mais les véritables changements sont invisibles… Et pour cause ! Car les Boxster et Cayman dissimulent toujours leur mécanique à l’abri des regards. Déjà pénible sur une 911, l’accès devient ici réellement problématique, voire impossible pour le quidam ! La belle époque où les fins amateurs se plaisaient à découvrir la mécanique de leur bolide devant le premier badaud venu semble donc bel et bien révolue. Déjà que les caches plastiques nous ont gâché le plaisir… Pourtant, les évolutions sont réelles : le moteur de base est réalésé de 2.7 l à 2.9 l pour une puissance en hausse d’une vingtaine de chevaux, ce qui donne un total de 265 chevaux, soit la puissance de la première Boxster S ! De la version S, parlons-en : cette dernière bénéficie désormais de l’injection directe, mais conserve sa cylindrée de 3.4 l. De quoi promettre 310 chevaux pour la Boxster S et dix de plus pour la Cayman S. Une certaine hiérarchie est donc respectée… Pour la Belgique, la version fiscale de la Cayman « normale », dégonflée à 211 chevaux, est toujours disponible. Cette dernière réalisant le gros des ventes, c’est donc ce modèle-ci qui fût l’objet de notre essai.

PDK

La célèbre boîte à double embrayage de la maison a fait grand bruit lors de sa sortie sur la 911, au point de constituer l’une des modifications majeures du modèle. Les Boxster et Cayman en profitent également et la vieille Tiptronic S est donc jetée aux oubliettes. Cette nouvelle boîte devrait constituer l’immense majorité des ventes. Ses sept vitesses sont étagées de manière à tirer le meilleur parti possible de la mécanique tout en gardant un faible régime de rotation sur autoroutes, pour une consommation et un niveau sonore amoindris.

Musique, maestro please !

Comme le veut la tradition maison, c’est la main gauche qui donne le coup d’envoi à un fabuleux récital. Le démarreur grogne un peu, puis le flat-six libère un cri métallique, rauque, qui laisse présager une noble architecture et un potentiel criminogène. Pied sur le frein, il n’y a plus qu’à déplacer le levier de la boîte PDK de notre exemplaire sur D, pour ensuite démarrer en douceur. Pied droit léger, le Cayman se fait docile et se faufile facilement à travers la circulation urbaine. Seules la fermeté de la direction et la précision indicible des commandes rappellent que vous êtes bien dans une Porsche. En ville, le Cayman répond parfaitement à sa tâche, surtout avec cette boîte automatique. Ses deux coffres permettront d’engloutir plus de 400 litres de bagages, ce qui permet d’envisager sereinement une séance de shopping. Seul grief : une visibilité de trois quart arrière pénalisante. Si le confort est ferme, il peut devenir particulièrement tolérant avec la suspension active (PASM, 1.694 € tout de même).

Un châssis miracle

Mais quittons ces mégalopoles pour des routes plus sinueuses, plus en accord avec la philosophie de notre reptile du jour. Lancé sur ces virolos, le Cayman donne immédiatement le sourire à son conducteur. Un sourire d’autant plus large qu’il s’agit probablement ici, de l’un des meilleurs châssis actuellement en production. Littéralement ventousé au plancher, le Cayman s’accroche obstinément au bitume, tout en laissant finement percevoir à travers la jante du volant, les réactions des trains roulants. Un fabuleux bistouri, d’une précision absolument redoutable ! L’équilibre y est tel que l’on en vient vite à regretter que le moteur ne fournisse pas plus de puissance ! Et je ne vous parle pas des freins, signés Porsche, à savoir parfaits à tous points de vue !

La couleur des performances

De ce moteur, parlons-en. Face au 2.7 l qui l’a précédé, le nouveau venu affiche un couple supérieur. Ses 300 Nm sont délivrés entre 4.400 et 6.000 tr/min. Des régimes élevés, comme le confirme le régime de puissance maximal : 7.200 tr/min ! Mais cette version fiscale se trouve malgré tout bridée et cela se sent au niveau des reprises. Heureusement, la boîte PDK rétrograde à tout va pour maintenir les performances à un niveau digne du blason. Pourtant, tout n’est pas rose : tout d’abord, cette boîte se manipule dans le mauvais sens au plancher (tirer pour descendre de rapports, pousser pour monter) et ses boutons sur le volant présentent une logique obscure. Pourquoi ne pas avoir opté pour de simples palettes ? La gestion en mode normal présente parfois quelques à-coups en tardant à passer au rapport suivant, ce qui est plutôt désagréable en ville. Les modes Sport et Sport Plus donnent dans le « heavy metal », en retardant les passages de rapports et en faisant claquer les vitesses au plus vite ! Difficile de nier son plaisir, surtout sur petites routes, où j’avoue avoir vite opté pour le mode manuel, pour mieux jouer de la symphonie du Flat-six. Sa mélodie semble encore plus envoûtante que jamais, roucoulant sagement à bas régimes, pour se lancer d’une voix profonde et chaleureuse dans les mi-régimes et enfin atteindre les aigus métalliques des régimes proches de la zone rouge ! Une mélodie qui fait vite oublier l’excellente stéréo Bose (optionnelle) et qui se savoure aussi au lever de pied, où quelques sourdes explosions viennent donner une certaine couleur aux déplacements. Décidément, même bridé par la fiscalité, un moteur Porsche reste une pièce d’orfèvrerie qui régale les sens…

Tarif… Ouille !

52.998 € ! La Cayman est donc très nettement plus chère que ses concurrentes (Nissan 370 Z, BMW Z4 et Mercedes SLK) ! Le blason se paye décidément fort cher ! D’autant plus que l’équipement de série est franchement pingre et que piocher dans la longue liste d’options donne le tournis : 992,20 € pour la peinture métallisée, 363 € pour… l’essuie-glace arrière (!), 544,50 € pour l’assistance au parking, 1.694 € pour les phares bi-Xénon, 2.057 € pour l’échappement sport, minimum 1.100 € pour les jantes 18 pouces, 592,90 € pour la climatisation automatique (manuelle de série !), 459,80 € pour le régulateur de vitesse (indispensable), 3.146 € pour le module de navigation PCM et autant pour la boîte PDK ! Atteindre plus de 10.000 € d’options est donc, très facilement jouable !

Heureusement, le Cayman se rattrape à la pompe, avec un bilan assez positif : notre moyenne aura atteint 11 l/100 km et il est tout à fait possible de consommer un litre de moins. En revanche, à taquiner la pédale de droite, ce qui est fort tentant, tant la sonorité du moteur est prenante, les valeurs risquent de s’envoler ! Porsche annonce 221 g/km en boîte manuelle et 214 avec la boîte PDK.