Destinée aux pays dits « émergents » en Europe centrale, en Europe orientale, en Amérique latine, au Moyen-Orient et au Proche-Orient, la Renault/Dacia Logan est un coup de poker du groupe français. Le pari est de proposer une Renault vraiment « light » à prix serré, grâce notamment à une limitation des coûts et à une production locale en Roumanie puis très rapidement en Russie et en Colombie. La fabrication du modèle s’étendra à partir de 2006 au Maroc et en Iran. D’autant que Renault s’est fixé comme objectif de produire et vendre 700.000 Logan d’ici 2010 ! En fait, c’est une Dacia, mais cette marque n’est pas vraiment sexy… Sauf en Roumanie et en Europe centrale où elle portera l’insigne bleu plutôt que le losange. Tout commencera d’ailleurs par la Roumanie qui accueillera la première vague.
Longtemps connue sous son nom de code L90 (projet X90), cette familiale bon marché fonctionnelle et aux standards de sécurité européens recevra l’ABS de série mais sera amputée d’autres équipements habituellement demandés sur les marchés occidentaux. Pourtant, Louis Schweitzer a annoncé dans sa conférence de presse de ce mercredi 2 juin, qu’il n’exclut pas une éventuelle commercialisation en Europe occidentale. Il faut dire qu’avec un prix allant de 5000 à 6000 euros, ce sera une berline tricorps vraiment pas cher. Sauf que le prix pourrait monter jusqu'à 8000 euros en fonction du marché et des équipements installés. Certes sous-équipée, la direction est mécanique par exemple, la voiture se veut robuste et elle recevra quand même un Diesel à rampe commune sous le capot. À l’heure actuelle, elle existe avec deux versions essence 1.4 L 75 ch et 1.6 L 90 ch. Une version Diesel 1.5 dCi 65 ch complétera cette offre en 2005, ainsi qu'une version essence 1.6 16V 107 ch. Longue de 4250 mm, avec trois vraies places à l’arrière et un coffre de 510 litres, la Renault/Dacia Logan a de quoi séduire les familles à revenus moyens dans pays où les salaires sont nettement moins élevés que les nôtres. Logan s'adapte aussi aux conditions de route difficiles. Sa garde au sol (155 mm) est rehaussée de 20 mm, par rapport à un véhicule conçu pour une utilisation type Europe occidentale. Elle peut ainsi rouler sans dommages sur des routes dégradées, dans des zones à reliefs escarpés et même sur piste à vitesse modérée. La mécanique, la climatisation et les ouvrants ont été conçus pour évoluer dans un environnement où la poussière est omniprésente.
Conçue pour diminuer les coûts
La conception de la Logan tourne autour du "design to cost". L'idée consiste à orienter résolument tout le processus de conception dans une démarche de fiabilité et d'économie en utilisant des solutions éprouvées. Ainsi, pour les matériaux, il a été décidé d'utiliser des aciers classiques, qui s'adaptent bien aux méthodes et moyens de production des sites de fabrication prévus, avec leurs processus moins robotisés, et qui peuvent être maîtrisés localement. De même, le design de Logan intègre dès son origine les contraintes de l'emboutissage en limitant la présence d'arêtes de carrosserie pour faciliter la création des outils de fabrication, fiabiliser le processus en emboutissage et en tôlerie, et réduire le coût de ces opérations. La faible courbure des vitrages, notamment de la lunette arrière, diminue le coût des outillages. D'autres gains significatifs ont été obtenus grâce au formage en usine des canalisations de freins, leur protection par les longerons sans pièces rapportée ou un réservoir à pipe intégrée avec filtre externe démontable pour les pays utilisant des carburants « non stabilisés ». Autre élément clef de la réussite du pari économique de Logan, le choix d'un train avant proche de celui de Clio sans barre anti-dévers et d'un train arrière issu de la plate-forme B de l’Alliance Renault-Nissan. Par ailleurs, pour limiter l'investissement en outillage et simplifier l'assemblage, les rétroviseurs et les baguettes de protection sont conçus pour être posés indifféremment du côté gauche ou droit. Enfin, la présence d'une vitre unique sur les portes arrière évite le coût d'une vitre rapportée. Renault espère, bien entendu, que le besoin en voitures va progresser dans tous ces pays et qu’il s’installera là dans un marché promoteur.
© Olivier Duquesne
Source : Renault