Outre le fait qu’elle date de 1951 et qu’il s’agisse donc de l’une des premières Ferrari jamais produites, ce modèle possède également un historique particulièrement épicé. Ce modèle, la 340 America, ne fût produit qu’à 23 exemplaires. Celui-ci en est le troisième et le deuxième à avoir été carrossé par Touring.
Une histoire principalement française
Assemblée de janvier à avril 1951, cette Ferrari est équipée d’un moteur V12 de 4,1 litres, délivrant sur le banc d’essai quelque 217 chevaux à 6.500 tr/min et un couple de 426,6 Nm à 4.000 tr/min. Des valeurs qui ont fait le bonheur de Pierre Louis-Dreyfus, son premier propriétaire. Ce dernier, homme d’affaires de génie à l’origine de l’immense groupe Louis-Dreyfus, fût également un héros de la Seconde Guerre mondiale (ayant participé à 81 missions de bombardement) et un pilote hors pair, ayant notamment accroché la seconde place aux 24 heures du Mans 1935, sur une Alfa Romeo 8C 2300.
24 heures du Mans
De la grande boucle sarthoise, parlons-en : passionné par celle-ci, Pierre Louis-Dreyfus engage sa 340 America à l’édition de 1951, une semaine seulement après en avoir pris livraison. Copilotée par Luigi Chinetti et le grand Louis Chiron (un as de la Formule 1 avant-guerre), la voiture fût toutefois disqualifiée après seulement 29 tours. En cause ? Un ravitaillement hors des stands ! En 1952, Pierre-Louis Dreyfus engage à nouveau ce châssis 0116/A aux 24 heures du Mans, avec René Dreyfus (sans lien de parenté avec le propriétaire). C’est la voiture qui, cette fois, est à la base de l’abandon, avec un embrayage défaillant après 5 heures de course.
Un détour par la Belgique
La carrière sportive de la voiture se calme alors quelque peu et elle changea trois fois de mains jusqu’en 1964 où elle entra dans la prestigieuse collection de Pierre Bardinon, un « Ferrariste » devant l’éternel, propriétaire d’une extraordinaire collection de modèles de la marque. En 1974, la voiture est vendue à un politicien italien qui lui-même, la revendit en 1982 à un collectionneur italien basé en Belgique, Ennio Gianaroli.
Une nouvelle maison en 2016 !
La voiture a récemment profité d’une restauration complète et fût remise dans sa configuration du Mans 1951. Elle fût la star incontestée de la vente monégasque de RM Sotheby’s du 14 mai dernier et fût emportée à 7.280.000 € hors frais… Espérons que son nouveau propriétaire la fasse rugir lors d’événements !