Fameux problème que celui rencontré par Subaru au moment de donner une descendance à l’Impreza. Tout d’abord, comme celles qui lui ont précédé, elle ne dispose pas de version diesel. Mais de ce côté, l’horizon s’éclaircit puisque la marque présentera au salon de Genève, en mars prochain, son premier « moulin au mazout ». On sait qu’il s’agira d’un 2 litres à cylindres à plat opposés (un boxer quoi !) délivrant 350 Nm. Aucun chiffre de puissance n’est pour l’instant annoncé, mais il devrait tourner autour des 155 chevaux. On le retrouvera d’abord sous le capot des Legacy et Outback, puis dans l’Impreza.
L’autre souci du constructeur concerne l’image de l’Impreza. Pour le grand public, Impreza = rallye. Et donc sportivité, performances, turbo, traction intégrale, etc. Cette image forte présente le gros inconvénient d’être extrêmement restrictive. Impossible de faire du volume avec un curriculum vitae pareil. Or, le diesel arrive. Il fallait donc donner un grand coup de pied dans la fourmilière pour faire de l’Impreza une familiale pratique et facile à vivre. Bref, plus « passe-partout ».
Le risque, dans cette démarche qui vise à accroître les ventes de 45% d’ici 2010, est évidemment de perdre son âme et sa spécificité. Cette troisième génération évolue donc sur des œufs : plus consensuelle, mais tout en conservant un caractère fort. La recette est désormais connue : on abandonne le turbo (dans un premier temps) et on passe à une structure à deux volumes, mais on conserve la traction intégrale et le moteur boxer.
Passe-partout
Lorsque vous croiserez pour la première fois la nouvelle Impreza dans la rue, ne soyez pas étonnés de la remarquer à peine. Subaru semble avoir en effet tout mis en œuvre pour qu’elle passe inaperçue. Certes, elle n’est pas désagréable à regarder, mais l’impression de déjà vu est manifeste. Les designers n’ont visiblement voulu prendre aucun risque, tant il était difficile de créer un nouveau style après 15 ans (la première génération d’Impreza remonte à 1992, la seconde à 2000) de berlines trois volumes. Sur les versions standard, les restes de sportivité sont à chercher du côté des phares aux allures d’yeux de faucons à l’avant et du spoiler qui coiffe le hayon. Les phares arrière ont droit à des LED qui, outre leur design « techno », ont la faculté de s’illuminer beaucoup plus vite que les traditionnelles ampoules halogène (important pour les freins). Pour les nostalgiques des Impreza sportives, le constructeur propose une version Sport (uniquement sur la 2 litres) équipée de pare-chocs, bas de caisse et échappement spécifique.
Coffre insuffisant
Dans l’habitacle, il faudra aussi « zieuter » vers la version sport pour trouver un volant en cuir ou des sièges baquets. Les autres modèles se contentent d’une ambiance classique sans faute de goût particulière, hormis l’utilisation de plastiques durs à la qualité perçue bien en deçà de ce que la concurrence offre généralement sur ce segment. Les sièges manquent singulièrement de maintien, et le réglage de la colonne de direction est insuffisant en hauteur. Par contre, la qualité de vie à bord a bien progressé par rapport à sa devancière avec, notamment, de nombreux et vastes espaces de rangements (vide-poches, etc.). L’habitabilité est suffisance pour quatre, voire cinq adultes et le coffre s’avère pratique à utiliser à défaut de battre des records en matière de volume (301 litres, c’est 50 litres de moins qu’une Golf !).
Le 2 litres, sinon rien
En attendant l’arrivée très attendue du diesel (probablement à l’automne 2008), on a le choix entre deux moteurs boxer à essence de 1,5 et 2 litres de cylindrée. Ce dernier est à notre avis le seul à envisager si vous voulez ne pas maudire votre nouvelle voiture. Couplé au choix avec une boîte manuelle à 5 rapports ou une transmission automatique à 4 rapports (si, si, ça existe encore !), il développe 150 chevaux dans une sonorité typique (et bien agréable) de cylindres à plat. Vous l’aurez compris, la boîte auto est fortement déconseillée si vous voulez profiter de la mécanique qui, même sans turbo, permet de se faire plaisir au volant.
Mais ce qui fait encore plus plaisir, c’est le comportement routier de cette nouvelle Impreza. Par rapport à la précédente génération, le centre de gravité (une des obsessions des constructeurs de voitures de rallye) a encore été abaissé. La suspension arrière aussi est nouvelle, avec une double triangulation plus basse sous le plancher.
Sur la route, et combiné à l’excellente traction intégrale à différentiel central, cela donne une voiture précise, prenant peu de roulis et extrêmement efficace à conduire. Cerise sur le gâteau, ce comportement ne nuit en rien au confort puisque les inégalités de la chaussée sont filtrées avec brio. Comme quoi, l’Impreza n’a pas tout à fait perdu son âme en conservant une bonne part de sa personnalité.