Pas de doute, il commence à dater esthétiquement. Un peu torturé, massif, ses lignes commencent à accumuler le poids des ans. Son tableau de bord rappellera quelques errements automobiles des années '80 avec un affichage digital très daté, lui aussi. Complètement illisible à contre jour, il lui manque quelques fonctions utiles comme la température extérieure ou un 2ème trip journalier. Il n'empêche, la position de conduite n'a pas vieilli. Certes le Burgman en impose. Long, large aussi au niveau du tunnel central, il ménage pourtant assez de place pour les pieds qui trouveront diverses possibilités de se poser.
Boîte auto
Au guidon, le commodo gauche impressionne par son abondance de boutons. Il nous rappelle que le Burgman est muni d'une transmission sophistiquée. Le moteur bicylindre en ligne calé à 360° est monté fixe dans le cadre, la puissance se transmet via un bras oscillant qui intègre une transmission gérée électroniquement. Le mode "power" raccourcit la démultiplication, le Burgman tire plus court et rend les accélérations plus vives, au détriment de la vitesse de pointe et de la consommation. Un mode normal permet de passer les vitesses. En fait, il s'agit de variations de poulies préétablies, donc des rapports de démultiplications prédéfinis. Honnêtement, nous ne voyons pas trop l'intérêt de chipoter avec cet interrupteur assez peu ergonomique au guidon, plutôt que de laisser la gestion électronique faire (très bien!) son boulot! Le bouton "power" est lui beaucoup plus amusant, principalement en ville, où il permet d'arracher la masse du Burgman avec encore plus de vivacité à chaque démarrage ou à chaque relance.
MMode d'emploi
Le gros inconvénient, c'est qu'en mode full automatique (et sans raccourcir la démultiplication avec le mode 'power') le Burgman tire plus court qu'en mode manuel, sur le rapport overdrive. Gênant pour un scoot taillé pour l'autoroute. Résultat, chaque fois qu'on monte sur l'autoroute, il nous faut passer du mode automatique au mode manuel. Si le scoot est déjà lancé, on se retrouve en 5ème, et il faut passer manuellement l'overdrive. Quand on quitte l'autoroute et si on est distrait, la gestion électronique de la transmission passera au rapport inférieur. Arrivé à un feu, vous redémarrez en 1ère, en ayant oublié que vous devez passer la vitesse manuellement… Résultat, le moteur gueule à fond de 1ère, vous êtes bon pour chipoter la commande gauche, soit passer la 2ème et les suivantes, soit passer en mode auto. Pas très pratique ni convivial, même si tout fonctionne très bien.
Bouffeur de kilomètres
Pour le reste, pas de soucis, le moteur suffit amplement à mener l'ensemble scooter et occupants, sans jamais se sentir frustré. Malgré le moteur monté dans le cadre, le comportement tient plus du scoot que de la moto et à grande vitesse (largement au dessus des limitations), le comportement se fait flou… ça s'arrange un peu en durcissant la suspension, mais on le paie cash au niveau du confort qui se dégrade d'autant. Mieux vaut ralentir un peu le rythme et préserver le confort, amplifié par une excellente protection au vent et aux intempéries, particulièrement avec la bulle électrique réglée au plus haut. Electriques aussi les rétroviseurs, tellement "automobiles" qu'ils se situent à même hauteur que ceux des voitures. Une impulsion sur un interrupteur et ils se rabattent, vous permettant de vous faufiler plus aisément. La classe! Un peu moins la classe, les 2 petits vide-poches latéraux non verrouillables: impossible d'y laisser quoi que ce soit. Le vide-poche fermant à clé n'est guère logeable, tandis que le coffre sous la selle permet, en s'appliquant, d'avaler 2 casques intégraux, ce qui n'est pas si mal.
Pullman
Mais revenons à la conduite. Nous avons évoqué un léger flottement à très haute vitesse, nous avons aussi ressenti une sensibilité à certains joints longitudinaux, mais pas systématiquement. Tout ceci n'empêche pas le Burgman de se montrer impérial sur autoroute, où il permet de tenir de solides moyennes et de proposer une alternative réaliste aux motos de grand tourisme. Sur route, sa conduite le rend moins attrayant qu'une moto, tout en offrant des compensations au niveau de la protection et de la facilité de conduite. La ville, chasse gardée des scooters, lui réussit aussi, même s'il ne peut rivaliser avec des scoots de plus petites dimensions, et d'autant plus maniables pour se faufiler dans les embarras de plus en plus inextricables de circulation.
Le poids des ans
Le Burgman a vieilli, beaucoup au niveau du design et de certains détails d'équipement, un peu au niveau du comportement. La concurrence d'une nouvelle catégorie de deux-roues, à mi-chemin du scoot et de la moto (Aprilia Mana, Honda DN-01,…), oblige Suzuki à revoir sa copie au plus vite pour ne pas rester au bord du chemin, même si le Burgman a encore de beaux restes, malgré un prix conséquent de 9 530 €, voire 10 530 € avec ABS…