Voiture à conduire !
Cela faisait déjà un petit temps que Toyota planchait sur une voiture de sport rafraichissante et éloignée des hybrides aseptisées du restant de la gamme. Mais voilà, développer une plateforme et un moteur auraient tué tout idée de rentabilité… Vient alors Subaru, le concurrent, mais néanmoins partenaire, qui a approuvé l’idée d’un développement commun !
La suite, on la connaît… Après un nombre incroyable de concept-cars, la voiture de série est enfin sur nos routes ! Enfin, le pluriel est de mise, car aux côtés de cette GT86, Subaru présente sa BRZ. Les différences sont minimes et tiennent en quelques détails cosmétiques sur les pare-chocs ainsi que des réglages de suspension un brin plus fermes sur la Subaru.
Triple source d’inspiration !
GT86, une appellation sibylline, mais qui rappelle la Corolla AE86 des années 80. Toyota s’est d’ailleurs inspiré de cette dernière pour la légèreté de construction et les nombreuses possibilités de personnalisation en « after-market ». Pour le style, c’est la légendaire 2000 GT qui a servi de base. Quant à l’architecture moteur boxer avant et roues arrière motrices, Toyota avance la curieuse Sports 800 comme source d’inspiration.
Du fun, rien que du fun !
Autant couper tout de suite court aux rumeurs, aucun turbo n’est prévu sous le capot : les ingénieurs voulaient favoriser un moteur aussi réactif que possible. Alors, pour fournir ses 200 chevaux, ce 4 cylindres à plat de 2 litres va chercher sa puissance haut dans les tours, à 7.000 tr/min pour être précis ! Le couple paraît assez rachitique comparé aux turbo diesels actuels : 205 Nm à… 6.600 tr/min ! Il va donc falloir apprendre à « cravacher »... Le tout est transmis via une boîte manuelle ou automatique (avec palettes au volant et 6 rapports dans les deux cas), aux roues arrière. Avec une fiche technique pareille, on salive déjà… Mais on se dit qu’il va falloir brutaliser la mécanique !
Tuning, avez-vous dit ?
Chez Toyota, on parle d’une filiation esthétique entre la 2000 GT et cette GT86. Alors oui, on retrouve l’inspiration de l’aïeule dans le traitement ondulé du capot avant, dans la douce descente de la lunette arrière, dans les vitres de custode… Mais la nouvelle venue ajoute une parure de guerrière que la pureté intemporelle de l’aïeule rejette. Quant aux dimensions, elles restent remarquablement compactes : 4,24 m en longueur !
Outre le regard menaçant souligné de LED, la malle arrière s’orne d’un becquet aussi tourmenté qu’un discours politique en période de crise… Et puis, il y a les jupes latérales et les échappements arrière façon bazooka ! Un petit goût de tuning ? Oui, mais léger et c’est voulu ! Ainsi, Toyota et Subaru laissent le champ libre aux préparateurs, de manière à rendre la voiture « personnalisable » à l’envi !
Juste comme il faut !
Glissez-vous à bord et vous voilà dans le monde enchanté des sportives bien comme on les aime ! Levier de vitesse, volant, pédalier, tout tombe parfaitement sous la main ! Le siège offre un maintien impeccable et finalement, seuls les – très – grands gabarits regretteront le manque d’amplitude de réglage… En revanche, si Toyota annonce sa GT86 comme une 2+2, il y a intérêt à ce que vos lascars supplémentaires aient un format teckel plutôt que labrador !
Question finition, les plastiques sont moussés, les contre-portes également, l’Alcantara surpiqué fait bonne impression, mais l’ensemble paraît malgré tout un peu cheap. En cause ? Quelques détails qui détonnent : l’horloge façon réveil-matin des années 80, quelques plastiques un peu négligés et une apparence assez simple. Aucune importance, l’ambiance sportive et confinée est bien de mise ! Et ce genre d’autos ne s’achète pas pour ses boutons plaqués or !
Tricoter des avant-bras !
En pressant le bouton de démarrage, on s’attend logiquement à un grondement rauque, rappelant les terrifiantes Subaru Impreza WRX STI, à la sonorité de machine à coudre affolée… Loupé ! La discrétion des échappements est inversement proportionnelle à leur taille ! Si la sonorité n’évoque en rien une machine de guerre, le levier de vitesses présente un maniement viril, avec des verrouillages fermes, mais un guidage pas toujours optimal. Embrayage un brin subtil, un filet de gaz, et c’est parti !
Les premiers mètres font immédiatement remarquer une mécanique élastique, à l’aise à tous les régimes, mais rendue artificiellement souple sous 2.500 tr/min. Sous ce régime, le moteur tourne rond, reprend sans rechigner, mais semble avoir du jus de chaussette dans ses biscotos ! Au-delà, c’est un réveil assez mou et la poussée reste plutôt linéaire…
La baffe des hauts régimes !
Puis, vient la claque des 4.500 tr/min, un régime où les pistons entament un ballet endiablé dans une mélodie rauque. Les 200 chevaux sont alors au rendez-vous, en rang serré et l’aiguille du compte-tours n’en finit plus de grimper jusqu’à taper dans la zone rouge, à 7.500 tr/min ! Jouissif, mais il faut réapprendre à grimper dans les tours pour avancer prestement ! Le moteur accepte néanmoins la conduite calme à bas régimes, mais sans grand enthousiasme.
Du côté des oreilles, la bande-son est grave, assez prenante et devient vraiment entrainante à hauts régimes ! On y perçoit pourtant difficilement les intonations classiques d’un moteur à plat…
Ludique !
Côté châssis, le compromis est juste parfait. Voilà longtemps que votre serviteur ne s’était plus autant régalé ! Les petites routes de l’arrière pays catalan (lieu de cette présentation en avant-première) présentaient un profil idéal pour cette GT86 ! Fabuleusement équilibrée, elle se place au doigt et à l’œil tout en communiquant fidèlement ses intentions au conducteur. Réglée assez neutre, elle n’hésite pourtant pas à glisser progressivement du train arrière. Une vraie sportive, qui réussit haut la main le test du circuit !
Pour parfaire encore l’efficacité, les ingénieurs n’ont pas hésité à doter leur propulsion d’un différentiel autobloquant mécanique. Mais c’est un peu le canon pour tuer la mouche : le couple assez faible du moteur met rarement la motricité à mal ! Cela dit, les jantes de 17 pouces n’offrent certes pas le grip démentiel de leurs homologues en format 18 ou 19, mais la progressivité des réactions est dès lors garantie.
En clair, comprenez qu’une fois les limites d’adhérence dépassées, cette Toyota se manie toujours avec une grande facilité, voire devient formidablement ludique ! Quel outil ! Cerise sur le gâteau : le confort de marche est absolument étonnant, avec un filtrage très réussi ! Merci, encore une fois, aux jantes « raisonnables » !
Les prix et équipement
A 31.690 €, honnêtement, l’acheteur n’est pas volé. Toyota ne propose qu’un seul niveau d’équipement (« Sport »), mais qui comprend déjà tout le nécessaire : régulateur de vitesse, phares au Xénon automatiques, climatisation bizone… En option, on ne retrouve pas grand-chose, si ce n’est la traditionnelle peinture métallisée, la boîte automatique, un pack aérodynamique (au look tuning bien affirmé…), le GPS, le cuir…
Un prix finalement voisin de la Peugeot RCZ THP 200 chevaux. Cette dernière offre une présentation probablement plus avenante, notamment dans l’habitacle, un châssis lui aussi très réussi mais… Il s’agit d’une traction avant ! Certes prodigieusement efficace, mais par nature, moins sportive et moins jouissive qu’une propulsion telle que cette Toyota ! Et puis, il y a l’exclusivité du moteur à plat, dont la réactivité peut plaire à beaucoup, en dépit d’un certain manque de punch en bas…
Côté consommation, Il faudra probablement tabler sur une consommation comprise entre 7,5 et 11 l/100 km, selon l’enthousiasme de votre pied droit. A confirmer lors d’un test plus approfondi.