Les TT 600 du constructeur britannique ont toujours eu quelques longueurs de retard sur leurs concurrentes japonaises et n’ont jamais pu faire le poids face à elles. Triumph a revu sa copie, et de fort belle manière. Exit le quatre cylindres, place à un trois cylindres, spécialité maison, et une cylindrée portée à 675cc. Le moteur affiche de fort belles promesses sur le papier: 125 ch à 12500 tr/min, pour un couple de 72 Nm à 11750 tr/min.
L’originalité paie!
Belles sensations à son guidon aussi. Ce moteur fait preuve d’un sacré tempérament! Très souple, il reprend docilement dès les plus bas régimes, pousse «velu» jusque vers 10000 tr/min, où il s’emporte jusqu’au rupteur. Si les 72 Nm de couple ne paraissent pas renversants, il faut savoir que la courbe accuse 10 à 15 Nm de plus que ses concurrentes jusqu’à 12000 tr/min! Ça change complètement l’agrément de ce genre de moto, enfin exploitable sur la route, même si les supersport sont avant tout conçues pour s’exprimer sur circuit. Les reprises à mi-régime sont bien présentes et apportent un agrément dont sont incapables les 600 quatre cylindres. Triumph a déjà gagné son pari!
Beau travail
Côté châssis, les longerons du cadre coulé enveloppent la partie supérieure du moteur, profitant ainsi totalement de l’étroitesse de celui-ci. Il perd onze centimètres en largeur par rapport au bouilleur de la TT 600! Le bras oscillant est coulé en deux pièces assemblées, la fourche Kayaba inversée de 41mm supporte deux étriers radiaux à quatre pistons. Du beau matos, de la belle finition, soulignés par un dessin très travaillé. La ligne fine est accentuée par un trait acéré, reprenant parfois des recettes vues ailleurs comme le pot sous la selle qui vous tiendra chaud, mais aussi un joli regard mixant le phare rond et les yeux en amande, des coloris sobres et unis qui nous changent des incontournables bariolages japonais, obsolètes un an plus tard. Fine comme une lame, la Triumph est aussi très haute: la selle culmine à 840mm et les bracelets imposent une position complètement basculée sur l’avant. Radicale la triple! Quand on vous dit que ces bécanes sont taillées pour la piste!
La meilleure?
Freinage et suspensions fournissent un excellent boulot, et hissent sans problème la Triumph au niveau de ses concurrentes japonaises. Sa stabilité remarquable à haute vitesse ne la prive pas de l’agilité attendue d’une moto de cette cylindrée. Toutes les qualités dynamiques propres à ce type de moto sont au rendez-vous, l’agrément moteur en plus. Agrément encore renforcé par un bruit envoûtant, participant à des montées en régime franchement jouissives. La Triple aurait-elle résolu la quadrature du cercle? Elle offre l’agilité d’une 600, alliée à un caractère moteur s’approchant des 1000, même si la puissance (inexploitable!) de celles-ci n’est pas atteinte. A 10490€ le bout, ce n’est pas une mauvaise affaire!
Les professionnels ne s’y sont pas trompés: la 675 rafle tous les comparatifs et truste les prix et les récompenses d’un bout à l’autre de la planète. Le succès est total pour le constructeur anglais, qui a réussi en moins de vingt ans à se faire une jolie place au soleil avec des modèles aussi emblématiques que différents, tels la Speed Triple, toujours considérée par beaucoup comme un des meilleurs roadsters du marché, l’étonnante (et efficace!) Rocket III ou la mythique Bonneville, déclinée en différentes variations comme la Scrambler ou le Café-Racer Thruxton.
© Bruno Wouters