Ce court-métrage de 8 minutes, intitulé "C'était un rendez-vous", montre une traversée de Paris à grande vitesse, tournée en un seul et même plan depuis l’avant d’une voiture. On est en août 1976 et il est 5h30 du matin. Le film débute à la sortie d’un tunnel du périphérique parisien (porte Dauphine) et se termine devant les marches de Montmartre.

Le véhicule, lancé à toute allure, ne s’arrête jamais, brûlant les feux rouges, franchissant des lignes continues et empruntant des sens uniques à contre-sens… Lelouch n’a bénéficié d’aucune autorisation pour tourner ce film qui, durant ses premières années, n’a été projeté que dans des petits cinémas underground.

De la légende à la réalité

Le mythe raconte que Lelouch aurait demandé à un ami pilote de prendre le volant d’une Ferrari 275 GTB et de traverser Paris aussi rapidement que possible. La réalité est néanmoins bien différente. En effet, c’est Lelouch lui-même qui pilotait le véhicule équipé d’une caméra. Il ne s’agissait pas d’une Ferrari mais bel et bien de sa propre Mercedes-Benz 450 SEL, retenue « pour sa suspension hydropneumatique afin de disposer d’une image souple ». La caméra (une cam-flex Éclair 35 mm équipée d’un grand angle) était fixée au pare-choc avant de la limousine allemande. La bande son pour sa part a été refaite avec le son du moteur d’une Ferrari afin que « les fans de conduite sentent la puissance du moteur ».

Après le tournage, Lelouch a été convoqué par la police parisienne. Le préfet lui a retiré son permis de conduire pour le lui rendre quelques instants plus tard… Autres temps, autres mœurs !