La locution « software defined vehicle » est devenue très la mode dans l'industrie automobile ! Ce qu’elle signifie ? En clair, aujourd’hui, les voitures ne sont plus simplement conçues autour d’un design attrayant, mais bien autour de logiciels et de données. Si vous avez acheté une voiture ces cinq dernières années, il est fort probable qu’elle en sache bien plus sur vous et sur votre manière de conduire que vous ne l’imaginez !
Il est évident que ces données ont une valeur inestimable pour les constructeurs ! Elles leur permettent d’offrir une expérience plus sûre et plus confortable aux conducteurs... Par exemple, votre GPS peut apprendre votre itinéraire quotidien et vous proposer automatiquement le meilleur trajet dès que vous démarrez. Mais au-delà de ces fonctions pratiques, des informations sur votre style de conduite sont aussi stockées, comme votre manière de freiner et d’accélérer...
Les constructeurs automobiles vendent vos données à votre insu
Mais les constructeurs ne sont pas les seuls intéressés par ces précieuses informations… Votre assureur aimerait en effet bien savoir si vous avez tendance à rouler trop vite ! Votre employeur, quant à lui, pourrait vouloir suivre les déplacements de votre voiture de société...
Une enquête récente de Consumer Reports révèle que quasiment tous les constructeurs actifs aux États-Unis collectent et partagent ces données avec d’autres entreprises !
Et c’est là que le bât blesse… La collecte, le stockage et le partage des données sont encadrés par des réglementations strictes, comme le RGPD, afin de garantir le respect de la vie privée des conducteurs. Pourtant, l’enquête met en lumière un manque de transparence et de sécurité dans la gestion de ces données !
Beaucoup de conducteurs ignorent ces pratiques et donnent involontairement leur consentement en acceptant les conditions générales présentées sur un simple popup, sur l’écran d’infodivertissement, lors du premier démarrage de la voiture. De même, en installant des applications mobiles liées au véhicule, les utilisateurs cliquent souvent sans réfléchir sur « Accepter », validant ainsi ces conditions.
Des failles de sécurité mises en évidence par des incidents récents
Les constructeurs ne traitent pas toujours ces données de manière responsable. En janvier, la Federal Trade Commission a sanctionné General Motors, lui interdisant de vendre des données de conduite aux agences de crédit pendant cinq ans.
En Europe aussi, de graves effractions ont été commises en matière de protection des données. Fin 2023, le journal allemand Der Spiegel a révélé qu’un volume massif de données appartenant à 800.000 propriétaires de véhicules électriques du groupe Volkswagen, était resté accessible sans protection sur un serveur Amazon.
L’un des plus gros problèmes est que ces données sont revendues à grande échelle, se retrouvant entre les mains de multiples acteurs (comme des développeurs d’applications et des courtiers en data), ce qui rend leur sécurité de plus en plus compromise…
Que pouvez-vous faire en tant que conducteur soucieux de votre vie privée ?
La loi vous offre la possibilité de refuser la collecte et la revente de vos données. Certains constructeurs offrent un désengagement via l’application mobile de la voiture. D’autres imposent de fouiller dans le système d’infodivertissement ou de remplir un formulaire sur un site web pour retirer votre consentement.
Pour les conducteurs moins à l’aise avec la technologie, ces démarches peuvent être un véritable obstacle. Et encore faut-il qu’ils soient conscients du problème ! Or, dans la majorité des cas, ils ne le sont même pas…
Il reste donc beaucoup de travail à accomplir, tant pour les constructeurs que pour les autorités de régulation, afin de mieux encadrer ces pratiques et d’informer les conducteurs sur l’utilisation de leurs données personnelles.