Lorsque votre site favori se met en tête de conquérir le podium aux 12 heures de Huy historiques, cela donne des souvenirs pittoresques ! Après avoir joué les novices en 2010 et les sportifs déchus en 2011, nous misions toutes nos chances sur cette année !
Citroën DS, le retour !
Trois boucles de 150 kilomètres chacune, dont certains tronçons franchement cassants, le tout en une seule journée, autant choisir une monture confortable ! Quoi de mieux, dès lors, qu’une Citroën DS ? Cette fois, toutes les chances sont vraiment de notre côté d’autant que, pour une fois, nous avons procédé à deux reconnaissances du parcours ! Impossible de se perdre !
Ça commence bien…
Vendredi soir, contrôle technique. Face aux Porsche 911, Austin Healey et autres Triumph TR affûtées comme des couteaux suisses, nous nous sentons l’âme de doux poètes gentiment aventuriers ! Et quand les concurrents barricadent leurs voitures de Tripmaster, chronomètres et autres lampes de lecture, nous n’avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent… Pas même un compteur de vitesse, vu que celui-ci a décidé de déclarer forfait peu avant le… départ ! Nous voilà replongés deux ans en arrière…
Affûtés, mais pas fermés pour autant ! Les Douze Heures de Huy, c’est aussi une sacrée expérience humaine, avec des contacts facilement noués, une ambiance bonne enfant et quelques franches rigolades ! Au moins, à ce niveau, nous ne terminerons pas derniers !
Au boulot !
Jour J ! Un brin tendus, nous accusons réception du road-book et là, directement, je m’applique et rédige mes devoirs ! Entre deux croissants, je note le temps idéal à chaque changement de direction, histoire de compenser l’absence de compteur kilométrique. Pas de compteur de vitesse non plus, mais après quelques exercices de spéléologie dans mon grenier, j’ai fini par retrouvé un Coyote inactif depuis quelques années. Quant au chronomètre, mon GSM fera l’affaire ! Bon, il n’y a plus qu’à admirer nos concurrents prendre le départ… Pour notre part, nous partirons dans la queue du peloton !
Plus ou moins là-bas, à gauche !
Quelques commentaires encourageants de la charmante speakerine, deux bouteilles d’eau fraiches embarquées et c’est parti ! Et cette fois, plus d’erreur de guidage, j’ai le parcours encore fraîchement en tête ! Fier comme jamais, je guide mon acolyte vers le départ de la première RT ! Ici, ça se corse sévèrement, car il faut bien avouer que ce n’est pas facile d’évaluer à vue de nez une moyenne de 50 km/h ! Quand les concurrents ajustent leur vitesse sur la précision métrique d’un tripmaster, je guide Etienne au pif, avec des « un poil plus vite, un fifrelin plus lent » aussi efficaces qu’un lance-pierre en temps de guerre… On fait comme on peut et advienne que pourra !
La Poudrerie de Clermont !
Sans encombre, en pointant à chaque reprise dans la bonne minute aux contrôles horaires, nous arrivons à la réputée Poudrerie de Clermont. Une RT courte, très courte, qui impose une moyenne de 50 km/h sur un parcours joyeusement sinueux et comportant deux spectaculaires épingles ! Quand les 911 hurlent de leur voix stridentes à travers la campagne, nous nous contentons de répondre aux vaches avec des mugissements asthmatiques !
Pas grand-chose sous le pied droit, mais là où les propulsions passent en glissant du derrière, nous négocions nos virages dans une posture moins chorégraphique, mais tout aussi spectaculaire : ça chaloupe, ça prend du gîte et ça tangue aussi ! Les pneus hurlent, pendant un bref instant je me rappelle le naufrage du Titanic, mais ça tient ! Je me surprends à lorgner sur le Coyote : 245 km/h ! Je ne me souvenais pas avoir acheté cet ustensile du côté de Marseille… Si même l’électronique jette l’éponge, où allons-nous ?
Mais la revanche de la grande Citroën sonne quelques kilomètres plus loin, lorsque sur un itinéraire défoncé, la suspension hydraulique fait des merveilles en évitant de nous refiler le Parkinson ! Magique, c’est le mot, la DS survole les obstacles sans avoir l’air d’y toucher et à bord, la croisière s’amuse…
Tous les espoirs sont permis !
Arrivés au bout de notre première boucle, je me prends à rêver d’un top 50 ! Aucune erreur de guidage (c’est bien une première), des contrôles horaires pointés dans la bonne minute et des RT qui, à la grosse louche, nous paraissent brillamment relevées ! Une petite inspection sur le classement nous confirme nos bonnes impressions : 20ème de notre catégorie sur 26, et à un jet de pierre des cinq concurrents précédents ! Vu notre équipement digne d’un goulag soviétique et les pénalités « plein pot » engendrées par la DS (cylindrée de plus de 2 litres et année de construction postérieure à 1970), c’est respectable !
Adieu veau, vache, cochon…
Deuxième boucle. Comme des vieux routards, nous enquillons gentiment les premières dizaines de kilomètres, pointant toujours dans la bonne minute aux CH et évaluant à vue de nez nos RT du mieux possible… Nous envisageons une édition 2012 étincelante ! Puis, soudain, l’inquiétude, avec une assistance de direction à tendance syndicaliste, refusant tout service lors des changements de direction. L’hydraulique serait-elle aux abois ? Ce qui est confirmé quelques kilomètres plus tard, avec un freinage scabreux. Il est temps de rendre les armes, la DS déglutit son liquide vert et la suspension s’essouffle comme un marathonien en bout de course… Le retour se fera en dépanneuse !
A refaire ?
A refaire ! Cette troisième édition n’aura finalement pas connu notre consécration, et si ces 12 heures de Huy se sont transformées en 6 heures pour nous, nous ne sommes pas prêts d’oublier cette expérience. Mémorable, car l’ambiance sympathique, l’itinéraire concocté avec soin, les paysages somptueux, l’organisation impeccable et la qualité du plateau laisseront une trace. Une journée pas comme les autres ! Rendez-vous l’année prochaine !