Le discret chuintement de son moteur à bas régimes et son look de « vieille » 911 bodybuildée la rendraient presque anonyme. Mais sous cet aspect légèrement suranné se cache l’une des supercars les plus homogènes de tous les temps ! Véritable condensé technologique, la 959 n’est toujours pas démodée, 25 ans plus tard !
Retour dans les 80’s !
A l’aube des années 80, la FIA tente d’attirer les constructeurs en changeant son règlement : désormais, seuls 200 exemplaires devront être commercialisés pour homologuer un modèle en Groupe B, cette division aussi spectaculaire que dangereuse ! Porsche saute sur l’occasion et planche sur une version hors normes de la 911. Une déclinaison routière est développée et présentée au salon de Francfort 1983, sous la forme d’un prototype. Surnommée Weissachwunder, soit « le miracle de Weissach » (chef-lieu de Porsche), la voiture fût unanimement considérée comme « phénoménale » !
Des caractéristiques futuristes
Le moteur en lui-même est une véritable pièce d’orfèvrerie. Certes, il s’agit toujours d’un 6 cylindres à plat, mais c’est là le seul point commun avec le moteur des autres 911. D’une cylindrée de 2.8 l, il se voit aidé dans son effort par deux turbos à double étage. La puissance est annoncée à 450 chevaux à 6.500 tr/min et le couple, à un plantureux 500 Nm à 5.000 tr/min ! Au vu des complexes culasses à 4 soupapes par cylindre, le traditionnel refroidissement par air n’aurait pas suffit. Porsche a donc inauguré un système assez rocambolesque, combinant le refroidissement par eau pour les culasses et par air, pour les cylindres… Curieux, sacrément complexe, mais plutôt efficace ! L’enseignement de la course a beaucoup profité à ce nouveau bloc.
Légère et ultra-performante !
La carrosserie en aluminium et kevlar maintient la masse globale dans des limites raisonnables. Ainsi, la 959 n’excède pas 1,5 tonne, ce qui explique les accélérations explosives : le 0 à 100 km/h est promis en moins de 4 secondes et la vitesse de pointe dépasse les 310 km/h ! C’était il y a 25 ans… Un mythe est né ! Si la ressemblance avec la 911 est frappante, la 959 garde une certaine finesse de ligne, en dépit de ses multiples entrées d’air ! C’est qu’il fallait faire efficace et aérodynamique. Ainsi, le Cx ne dépasse pas 0,31. Une excellente valeur pour ce type de voiture, même aujourd’hui !
Une transmission hyper évoluée
Mais la véritable pièce de résistance, c’est probablement la transmission. Le couple est répartit de manière variable sur les quatre roues. Ainsi, le train arrière peut encaisser entre 50 et 80 % de la puissance. Quatre modes différents permettent de peaufiner la motricité en fonction des conditions rencontrées. La boîte manuelle comporte 6 rapports, étagés aux petits oignons !
En compétition
C’est au Paris-Dakar 1986 que la 959 s’est particulièrement illustrée, en réalisant le doublé ! Sa carrière en Groupe B fût brutalement interrompue, suite à la suppression pure et simple de cette division en 1986, suite à l’accident tragique d’Henri Toivonen… Porsche décida donc de l’adapter pour les 24 heures du Mans, sous la dénomination 961. Et ce fût un véritable succès : raflant la première place dans sa classe, cette Porsche réussît l’exploit de terminer à la septième place au général !
Aujourd’hui
Vendue à un prix exorbitant, la 959 fût une rivale de choix face aux Lamborghini Countach et autres Ferrari Testarossa de l’époque. Si ces dernières peuvent être considérées comme des monstres sacrés, elles ne faisaient pas moins figure de camion face à la fine Porsche. Suprêmement efficace, la 959 se jouait des conditions climatiques et établissait de nouveaux standards en matière de tenue de route. Aujourd’hui encore, ceux qui ont la chance de pouvoir s’asseoir au volant sont ébahis par son niveau d’efficacité. Le comportement routier, avec son adhérence hallucinante, demande une certaine pratique avant de pouvoir être pleinement exploité. Freinage d’enfer et motricité parfaite complètent le tableau. Quant au moteur, sage et docile à bas régimes, il se réveille dans une clameur métallique et pousse comme un beau diable au-dessus de 4.500 tr/min ! Nettement moins caractérielle et charismatique que ses rivales transalpines, la 959 fût pourtant incomparablement plus efficace.
La production totale atteint 283 exemplaires, toutes versions confondues. C’est dire si l’oiseau est rare… Voilà qui explique une cote très soutenue, tournant aux alentours de 200.000 € ! Et attention à l’entretien, le fauve, très fiable au demeurant, exige des mains expertes !