Depuis plusieurs années, les pick-up ont le vent en poupe, ne cessant de grappiller des parts de marché dans le secteur des utilitaires légers. Ils plaisent aux professionnels, forcément, mais également aux particuliers grâce à leur taxation plus clémente (du moins pour le moment…). Dans cette catégorie, le plus vendu en Europe n’est autre que le Ford Ranger. Et ce depuis de nombreuses années maintenant. Mais un nouveau venu entend bien se faire une place dans l’arène : le Jeep Gladiator ! Avec un nom pareil, nul doute qu’il veut en découdre. Mais cet engin au look charismatique et à l’encombrement XXL est-il suffisamment armé pour terrasser l’actuel champion ?
Finition, équipement : égalité
C’est fini l’époque durant laquelle les pick-up étaient des utilitaires purs et durs. Aujourd’hui, ils sont équipés des dernières technologies. Mais également plutôt bien finis. Avec le régulateur de vitesse adaptatif, une connectivité de pointe reprenant Android Auto ou Apple CarPlay et une kyrielle de capteurs et caméras, la liste des options des deux pachydermes est ultra-complète ! Si le Ford se détache, c’est en termes de finition. À son volant, impossible de se rendre compte qu’on est dans un utilitaire capable de tracter 3,5 t ! Dans la Jeep, le constat est différent. Les charnières sont apparentes, le plastique est plus présent et la carrosserie est visible sur certains endroits de l’habitacle. Ce dernier est plus rustique. Mais, cela dit, c’est aussi ce qui fait son charme. Sans compter que dans ce cas-ci, on peut démonter son toit, ses portes, replier son pare-brise… Certes, dans la pratique, on ne le fera sûrement pas très souvent en Belgique. Mais tout de même, l’idée de pouvoir en profiter à l’occasion peut faire rêver ! Egalité.
Confort : avantage Ranger
Sur la route aussi, le Ranger fait oublier son côté utilitaire. Si le moteur n’est pas toujours des plus discrets, les bruits de roulement et de vents sont, eux, très bien maîtrisés. Quant au confort des suspensions, il se montre équivalent à ce qu’on peut espérer trouver dans un SUV classique du même gabarit à bord du Ranger malgré ses lames à l’arrière. Les aspérités de la route sont bien masquées sans pour autant que le bestiau ne prenne de roulis. La qualité d’amortissement est similaire, voire légèrement supérieure, dans le Gladiator. Un petit avantage sans doute dû aux suspensions arrière à ressort et non à lames. Mais pour ce qui est de l’insonorisation, le Jeep est loin derrière ! Une fois en charge, le moteur semble pratiquement installé dans l’habitacle. Il est également difficile de faire des miracles avec de telles lignes. La calandre et le parebrise sont droits comme des « i », de véritables murs avec lesquels il est impossible de fendre l’air en silence. Rappelons que le Gladiator peut se défaire de pratiquement tous ses panneaux de carrosseries : toit, portes, et même le pare-brise peuvent tomber. Super fun ! Mais pas terrible pour l’insonorisation …
Moteur : avantage Jeep
Il suffit de comparer les fiches techniques pour se rendre compte que le Jeep prend de l’avance côté motorisation. Son V6 diesel développe 264 ch et 600 Nm de couple contre 213 ch et 500 Nm pour le plus gros des 4 cylindres proposés sous le capot du Ford. Cela se ressent dans les accélérations qui semblent plus franches à bord du Gladiator. Surtout que, niveau consommation, nos deux adversaires avoisinent les 10l/100 km. Victoire directe pour Jeep donc ? Eh bien non ! Pour que toute cette puissance puisse être utilisée, il faut en effet qu’elle passe par une transmission. Et sur ce point, la boite automatique à 10 vitesses de Ford est une merveille ! Si elle ne donne pas l’ascendant à la Ford niveau consommation, elle lui permet en revanche d’être extrêmement souple à conduire. Les déplacements à basse vitesse sont un jeu d’enfant et se font tout en douceur. On s’imagine aisément manœuvrer une imposante remorque à double essieux millimètre par millimètre. Un véritable avantage pour les professionnels ! Le Ford reprend-il l’avantage grâce à sa boite 10 plus convaincante que la boîte auto (8 rapports) de la Jeep ? Non. Car la transmission intégrale Selec-Trac du Gladiator plus complète, qui comprend notamment un mode 4X4 auto plus rassurant pour évoluer sur des surfaces glissantes, permet à la Jeep de reprendre l’avantage.
Comportement routier : avantage Ranger
Finalement assez proches en termes de comportement général, cette bataille se joue principalement sur la direction de nos 2 concurrents. Le Ranger ne se conduit plus comme un utilitaire, mais quasiment comme n’importe quelle voiture. Une voiture de plus de 2 tonnes et de plus de 5 mètres de long certes, mais une voiture tout de même. Le ressenti dans sa direction se montre finalement très naturel. On se croirait presque aux commandes d’une (très grosse) Fiesta ! Dans le Gladiator, la direction reste très typée 4X4 pur et dur. Avec une grande démultiplication et un flou marqué autour du point milieu. En conduite quotidienne, le Ranger prend clairement l’avantage.
Budget : avantage Ranger
La version double cabine Wildtrak de notre Ford d’essai débute à 46.089 €. Le Gladiator en édition Overland est annoncé à partir de… 65.900 € ! À ce prix-là, ce n’est plus un avantage pour le Ranger, mais une victoire écrasante ! De plus, côté pratique, il faut noter que le Ford accepte tout juste plus d’une tonne dans sa benne et peut tracter jusque 3,5 t. Alors que le Gladiator, bien plus encombrant à l’usage, n’offre pas une benne plus grande. Et ne peut transporter que 500 kg dedans. Le Gladiator ne peut, de plus, tirer qu’une remorque de 2,7 t. Des différences très importantes pour les professionnels !
Conclusion : avantage Ranger
En tenant compte de faits rationnels, le Ranger s’impose facilement et conserve son titre. Le Jeep n’a tout simplement pas les armes pour espérer inquiéter le champion de l’arène. L’acheteur rationnel se tournera en toute logique vers le Ford. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore… Si l'on apprécie le Gladiator, c’est en effet avant pour son style et sa gueule ! Car le Gladiator, c’est une Jeep, une vraie avec tout l’univers que cela comporte. Un achat passion donc.