Jean-Francois Christiaens

2 SEP 2024

Essai : McLaren GTS 2024, l’art de filer à l’anglaise

Remplaçant la précédente McLaren GT, cette GTS en peaufine la recette mais conserve les mêmes ingrédients de base : sportivité et polyvalence. De quoi magnifier l’art de filer à l’anglaise à la moindre occasion ?

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Légère et pratique, la McLaren GTS se profile comme l’une des supercars les plus utilisables au quotidien tout en restant explosive. Mais son côté ascétique est aussi sensible au niveau technologique."

Sans atteindre le volume annuel produit par des blasons exclusifs plus « généralistes », McLaren ne cultive plus la même extrême rareté que lors de ses débuts avec la mythique F1 des années 90. En plus de ses modèles taillés pour la compétition, la marque anglaise articule dorénavant sa gamme en trois piliers : les sportives « Supercar » (comme les Artura, 750S ou 765 LT) ; les plus radicales et exclusives « Ultimate » (comme les P1, Speedtail ou Senna) ainsi qu’un pilier plus « Grand Tourisme » censé permettre un usage moins contraignant au quotidien de sa McLaren. Ce dernier pilier était constitué jusqu’ici par la bien nommée McLaren GT découverte en 2019. Un modèle qui cède maintenant la place à cette GTS 2024. Soit une version légèrement peaufinée, un peu plus légère et un plus puissante de la précédente GT.

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Design

Comme on ne croise pas tous les jours une McLaren dans la rue (enfin tout dépend de l’endroit où l’on habite, bien sûr…), les évolutions apportées au dessin de la McLaren Grand Tourisme ne sautent pas forcément aux yeux dès le premier regard. Une étude plus attentive mettra toutefois en lumière l’arrivée d’un nouveau bouclier avant orné de prises d'air plus prononcées afin de canaliser plus d'air vers le radiateur. Sur les ailes arrière, on découvre aussi de nouvelles ouïes bien plus saillantes. Le but recherché de la manœuvre est identique : canaliser plus d’air à destination cette fois du bloc V8 4.0 l biturbo installé en position centrale arrière.

À elles seules, ces deux petites modifications résument bien « l’esprit McLaren » : pas d’esbrouffe inutile. Mais une attention fonctionnelle aux détails.

Bien sûr, qui dit « facelift » dit aussi petites améliorations cosmétiques plus générales pour marquer le coup. Et la GTS n’échappe pas à la règle, avec l’apparition d’une signature lumineuse modernisée ; de nouveaux coloris (dont le Lava Grey) ; de jantes inédites (comme celles dite Turbine, en alliage forgé) ou encore de nouveaux revêtements intérieurs avec des sièges en cuir grainé aniline.

Monoculture de la monocoque

Plus globalement, cette GTS reprend aussi à son compte la culture de la monocoque en carbone chère à McLaren. L’ensemble du véhicule reste, en effet, articulé autour de cette cellule légère mais rigide. La MonoCell II-T en fibre de carbone qui sert d’épine dorsale à la GTS lui permet d’atteindre le poids à vide de 1.520 kg (-10 kg par rapport à la GT) avec l’aide de son toit en composite (fibres de carbone recyclées).

Cette cellule, couplée à l’usage d’un langage stylistique général plutôt uniforme et la présence également de portières en élytre, induit un lien de parenté évident avec les autres McLaren. Cette GTS se démarque tout de même du reste de la famille par la présence d’un grand hayon arrière à ouverture électrique. Il donne accès à un volume de coffre de 420l en plus du coffre avant de 150l. De quoi rendre cette GTS « pratique » à l’usage. Du moins sur papier.

Expérience

Avec 570l de chargement disponible au total, la McLaren GTS se montre, en effet, en théorie presque aussi logeable qu’un break ! Dans la pratique, bien sûr, il faut tout de même un peu nuancer ces chiffres. Assez plat, le grand rangement arrière accueillera plus facilement des sacs souples que des grandes valises. Il faudra, en outre, bien les arrimer pour éviter qu’ils ne volent vers l’habitacle lors des freinages appuyés, aucune séparation physique n’étant prévue.

Bon point tout de même pour la clientèle type de McLaren : le « coffre » tout en longueur de la GTS a été dessiné pour pouvoir accueillir facilement un sac de golf. Peu de supercars permettent cet exploit !

Sur le plan pratique, au niveau des détails, on notera aussi la présence d’une prise 12 volts dans le coffre avant. De quoi même emporter sa glacière électrique pour des expéditions champêtres si on le souhaite. Mais pour le quotidien, ce coffre avant, équivalent à celui qu’on retrouve sous le capot d’une Porsche 911, se montrera le plus pratique pour embarquer un sac de commission afin d’éviter que la marchandise ne se répande dans l’habitacle une fois en route.

Visibilité et luminosité

Autre caractéristique propre à cette McLaren GTS par rapport à de nombreuses supercars moins faciles à vivre au quotidien : la visibilité périphérique est ici plutôt bonne (grâce au grand hayon et aux montants fins autorisés par la coque en carbone très rigide). Et on peut même égayer l’atmosphère à bord via un toit vitré en option. Ce dernier remplace le toit noir brillant en composite de série et dispose d’une fonction électrochrome bien pratique. On peut basculer entre cinq niveaux d’opacité par simple pression d'un bouton.

Supercar, avant tout…

Esprit Grand Tourisme ou pas, cette supercar reste néanmoins une… supercar. Il faudra donc se laisser « tomber » à bord ou s’en extraire avec autant d’élégance que possible. D’autant plus que dans ce cas-ci, il faut enjamber la coque en carbone et essayer d’attraper la porte en élytre pour la refermer. Si on cherche un véhicule GT exclusif moins contraignant à l’usage, la nouvelle Bentley Continental GT, par exemple, semble plus appropriée.

Même constat au niveau du système d’infodivertissement. Les clients adeptes des technologies dernier cri, de la connectivité de pointe et des écrans XXL resteront sur leur faim. La McLaren GTS ne profite, en effet, pas de sa refonte pour moderniser sensiblement son poste de conduite par rapport à la GT. En plus du cockpit digital de 10,25 pouces assez minimaliste, on retrouve le petit écran central tactile de 7 pouces en orientation portrait sur la planche de bord. Il offre juste la compatibilité Bluetooth (pas encore Android Auto ni Apple CarPlay) et sa navigation embarquée n’atteint pas le même niveau d’efficacité que celle des applications du type Waze ou Google Map. Dommage, pour un modèle Grand Tourisme a priori apte à partir à l’aventure pour de longues distances. Et avoir son smartphone ventousé sur le pare-brise de sa McLaren ne fait pas très classe, il faut bien le reconnaître…

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Conduite

Tous ces petits désagréments paraissent toutefois bien anecdotiques dès qu’on roule à bord de cette GTS. Car, certes, ce n’est peut-être pas la voiture de Grand Tourisme la plus pratique ni la plus moderne du marché. Mais sur le plan du rapport agrément dynamique / confort, elle n’a pas son pareil. Même si elle est agréable à vivre au quotidien, elle reste une supercar développée pour flatter les sens des puristes, avant tout. Et cela, elle le fait parfaitement !

Sur le plan mécanique, la GTS profite de légères améliorations pour laisser le V8 4.0 l biturbo McLaren (M840TE) davantage s’exprimer. Un phasage de la combustion plus agressif et un calage d'allumage révisé lui permettent de gagner 15 ch par rapport à la GT. Le conducteur dispose alors de 635 ch à 7.500 tr/min et de 630 Nm entre 5.500 et 6.500 tr/min. Avec le poids à vide aussi légèrement abaissé à 1.520 kg, cela fixe le rapport poids/puissance de la plus pratique des McLaren à 418 ch par tonne. Pour se donner un ordre de grandeur, la Bentley Continental GT énoncée plus tôt n’offre « que » 313 ch/t malgré les 771 ch de sa mécanique hybride en raison d’un poids à vide de près de 2.500 kg ! Tout est une question de priorité. Avec la McLaren GTS, on évolue plutôt dans les sphères (tout en faisant mieux !) d’une certaine Ferrari Roma aux 620 ch pour 1.570 kg (395 ch/t).

Focus sur la conduite

Au confort luxueux et aux gadgets électroniques modernes, cette McLaren GTS préfère la simplicité et l’efficacité. Rien ne vient perturber la concentration du conducteur compte tenu de son poste de conduite ascétique. Le volant, ne disposant d’aucun bouton d’ailleurs, commande une direction précise et tranchante. L’architecture du modèle, avec le moteur implanté derrière les occupants, confère une grande impression de vivacité à l’inscription. Le nez plonge vers la corde. Quand on hausse le tempo, il ne faut toutefois pas hésiter à inscrire la voiture en restant légèrement « sur les freins » pour bien charger l’avant (la répartition statique est de 42,5 % à l’avant et de 57,5 % sur l’arrière). La motricité est, ensuite, excellente en sortie de courbe et la boîte à automatique enquille avec efficacité ses 7 rapports. Soit en mode automatique, soit via l’aide des palettes derrière le volant.

Quand on bascule la configuration de la GTS vers ses modes Sport voire Track via les deux molettes adéquates (l’une pour la configuration moteur/boîte et l’autre pour les liaisons au sol), on se retrouve au volant d’une vraie supercar explosive virant à plat. Le 0 à 100 km/h est expédié en 3,2 s  et on saute d’un virage à l’autre avec allégresse. On notera toutefois qu’il s’agit d’une « efficacité froide », un peu clinique. Le V8 biturbo, même s’il peut donner de la voix via un échappement sport, n’offre pas le même frisson que des moteurs atmosphériques atteignant des régimes himalayens ou des blocs aux vocalises plus travaillées. Mais là, on pinaille…

Si les circonstances le permettent, on peut passer la barre des 200 km/h en moins de 9 s (8,9 s avec le Launch Control) et pointer à 326 km/h. Même si nous n’avons pas tenté l’exercice, la McLaren GTS devrait donc rester aussi à son aise sur circuit, comme ses sœurs. D’autant plus que sa légèreté ne devrait pas arriver à bout des quatre disques en carbone céramique (390 mm devant, 380 mm derrière) pincés par des étriers à six (devant) ou quatre (derrière) pistons en série. Sur routes ouvertes, en tous les cas, c’est difficilement envisageable sans finir derrière les barreaux…

Une certaine idée de la polyvalence

Mais la bonne nouvelle, c’est que la McLaren GTS s’apprécie aussi au quotidien. Mission réussie. Ses commandes sont agréables en conduite coulée (direction pas trop lourde, attaque de la pédale de frein progressive) et surtout l’amortissement hydraulique piloté ménage un bon niveau de confort avec son réglage le plus souple.

La GTS permet aussi d’envisager un usage plutôt serein même en-dehors des routes parfaitement asphaltées. La garde au sol de 110 mm évite de devoir trop slalomer sur des mauvaises routes. Et en cas de besoin, le nez peut être rapidement soulevé jusqu’à 130 mm à l’approche d’un casse-vitesse ou d’un seuil à franchir. McLaren a d’ailleurs amélioré le système pour le rendre plus rapide que sur la précédente GT : il ne faut plus que 4 s, soit deux fois moins de temps, pour que la manœuvre soit terminée.

En revanche, on aurait préféré que la McLaren GTS s’équipe de sièges encore plus confortables. Ceux de notre modèle d’essai, en tous les cas, auraient gagné à être un peu plus moelleux pour assurer un confort irréprochable aussi pour les longues distances.

Prix

Prix McLaren GTS 204

Non contente d’être la McLaren la plus polyvalente, la GTS est aussi la plus « abordable ». Elle est proposée officiellement à partir de 220.000 €, soit un prix équivalent à celui de la Ferrari Roma. Mais bien sûr, on évolue ici aussi dans l’univers de la configuration à la carte. Pour rappel, chaque McLaren est assemblée presque entièrement à la main dans l’usine ultra-moderne de Woking, en Angleterre.

On notera tout de même qu’il est possible de ne pas trop consommer au volant de la McLaren GTS, au cas où le poste carburant aurait pu être un problème pour un éventuel futur acquéreur. Si on a relevé une consommation moyenne de 14,5 l/100 km sur l’ensemble de notre essai, en profitant quand les conditions le permettaient du potentiel de l’engin, on a également noté un appétit de seulement 8,3 l/100 km en nous forçant à suivre le trafic sur autoroute. De quoi effectivement envisager de longues transhumances à l’occasion.
Enfin, notons qu’avec ce prix d’achat sont offertes trois années complètes d’entretien. La garantie standard de la McLaren GTS couvre également le véhicule pendant trois ans avec kilométrage illimité.

Verdict

Même si c’est la plus pratique de la gamme McLaren, la GTS reste une supercar avant d’être une voiture de Grand Tourisme. Son usage imposera donc toujours certaines concessions, plus qu’avec d’autres véhicules prestigieux moins sportifs. Mais le rapport plaisir/contraintes est clairement convaincant !

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