Quelque chose de diabolique ?
L’allure guindée de jeune fille bien éduquée en prend un coup ! Audi a trempé la gentille A5 Cabriolet dans une marmite de potion magique et en a sorti un engin aux muscles débordants, aux échappements énormes et à la grille béante. Pas à dire, elle en jette ! Mais si vous restez sage avec la teinte, elle conserve malgré tout une relative discrétion !
Impressionnante, hein ?
Intimidante de l’extérieur, la RS5 a le sens de l’accueil. Dans l’habitacle, les inserts en alu se mélangent au cuir pour créer une ambiance très luxueuse. Audi oblige, tout est parfaitement ajusté et seuls les meilleurs matériaux sont retenus. Côté position de conduite, le constructeur a trouvé un subtil compromis entre la confortable position assise d’une berline et la conduite semi-allongée d’un coupé ! A l’arrière, aucun problème pour emmener votre marmaille, qui se réjouira d’un petit tour dans la bête !
Bref, tout est parfait, tout tombe parfaitement sous la main et le compte-tours aguiche avec sa zone rouge à… 8.500 tr/min ! Pourtant, on pourrait regretter qu’outre les innombrables logos « RS5 » et les quelques effets de style, l’atmosphère ne soit pas plus exclusive encore. Et si on a hâte de faire vrombir le tout, un détour sous le capot s’impose pour voir ce qui s’y cache…
Le diable s’habille en Prada
Sous le capot, le V8 s’exhibe sous ses belles culasses rouges. Profitons-en tant qu’il est encore temps, car ce moteur est l’un des derniers chefs d’œuvre mécaniques à se passer de turbo. D’une cylindrée de 4,2 litres, ce moteur va donc chercher ses 450 chevaux à… 8.250 tr/min ! Le couple est lui aussi haut perché, avec une valeur de 430 Nm disponible entre 4.000 et 6.000 tr/min !
7 vitesses et une grosse masse !
Audi oblige, la puissance est répartie entre les quatre roues via le système Quattro. La boîte S-Tronic à double embrayage compte sept rapports. La bonne nouvelle, c’est que le différentiel sport répartissant la puissance entre les roues arrière est disponible ! La mauvaise, c’est qu’il s’agit d’une option… En continuant la lecture de la fiche technique, on se dit qu’il faut bien 450 chevaux pour mouvoir les presque deux tonnes à vide ! Audi annonce néanmoins 250 ou 280 km/h et un 0 à 100 km/h avalé en 4,9 secondes.
On y va ?
Bon cette fois, on y va ! Fébrilement, le doigt presse le bouton de démarrage et le V8 claque dans l’air avant de stabiliser sur un ralenti accéléré, mécanique froide oblige. Auditivement parlant, ça donne des frissons, mais ça reste assez discret. Evolutions tout en douceur pour s’extirper de la pagaille urbaine : la RS5 se conduit sans y penser. On oublierait presque que l’on a affaire à une mécanique d’exception, car le silence est de rigueur, même capote baissée ! Le confort de suspension, lui, est tout à fait étonnant !
Rage éduquée !
Sous 4.000 tr/min, le V8 s’exprime avec beaucoup d’éducation et ne parle pas vraiment aux émotions. Dommage… Mais passé ce cap, c’est la chevauchée sauvage, avec une bande sonore de V8 NASCAR qui hérisse les poils sur les bras ! La poussée est velue sans être brutale, et continue jusque 7.500 tr/min ! Au-delà, l’accélération se calme un peu et la boîte claque le rapport suivant. Et c’est reparti pour un tour ! La boîte, fabuleuse, monte les rapports à la vitesse de l’éclair et lâche des rots retentissants dans l’échappement, lors des rétrogradages… Ce qu’elle fait d’ailleurs, parfois brutalement.
Sécurité avant tout !
Avec sa transmission Quattro, la RS5 ne se retrouve jamais en manque de motricité. Du grip, elle en délivre à la pelle, à croire que de la super glue sort des pneus ! Mais forcez la cabriole dans les virages, avec un petit lever de pied comme on les aime, et l’arrière ne rechignera pas à enrouler progressivement. Simple, ultra efficace et jamais piégeur. Les freins, eux, ne semblent pas vouloir défaillir, tant que l’on s’en tient à une utilisation « raisonnable ». Pourtant, la masse est bien là et se ressent dans les virages serrés, avec quelques légers mouvements de caisse.
Et pourtant…
Même en conduite dynamique, la RS5 reste éduquée. Le V8 s’exprime d’une voix suggestive, mais ne hurle pas sa hargne. Certes, il nous manquait le panache de l’échappement sport optionnel… Du côté des commandes, tout est facile, à l’instar du comportement. La RS5, c’est le missile pour tous, pas la sportive pure et dure réservée à ceux qui aiment la conduite virile… Certains apprécieront, d’autres lui regretteront un léger manque de caractère. D’accord, c’est vraiment chercher la petite bête. Pour notre part, on trouve le compromis parfaitement réussi pour un usage quotidien !
Ces petites douloureuses
Côté prix, avec les options quasi obligatoires, il est difficile de descendre sous les 110.000 €, soit un gros 10.000 € de plus que le prix de base. C’est que là encore, Audi aurait pu se montrer plus généreux avec la dotation de série qui comporte quelques insupportables mesquineries. Et puis, il y a toujours cette garantie de seulement deux ans… Côté consommation, descendre sous les 11 l/100 km demande une retenue de moine confirmé ! Mais à bavarder longuement avec la pédale de droite et le budget carburant s’envole : plus de 16 l/100 km semble alors un minimum !
Conclusion
D’accord, c’est cher. Mais comme à son habitude, c’est avec beaucoup de sérieux qu’Audi opère au tronçonnage de son RS5. La fantaisie, elle, est assurée par le moteur vif, incisif et qui n’en finit pas de grimper dans les tours. A l’heure des moteurs aseptisés par turbo, cela reste un grand moment de bonheur mécanique ! Si les performances ont de quoi défrayer la chronique, la RS5 n’en reste pas moins civilisée et aussi apte aux trajets quotidiens qu’une 2.0 TDI. C’est d’ailleurs là, sa plus grande maîtrise.