Chef, fait froid !

Histoire de se mettre directement dans le bain, les instructeurs nous appellent pour un petit briefing, dès 8 heures du matin… Etant d’ordinaire aussi matinal qu’un Mexicain en vacances, je n’ai cette fois, aucun mal à me lever ! Les consignes sont claires : un petit rappel de la bonne position de conduite, de la bonne manière de tenir le volant, quelques conseils de routine et en route Simone ! L’organisation, toute germanique, frise la perfection : à 3.600 € TTC le stage, c’est bien le minimum mais au vu du package, personne n’est volé !

C’est du lourd !

En guise de monture, Audi n’a pas lésiné sur les moyens. Honnêtement, sur un lac gelé, un TDI de 90 chevaux semble largement suffisant pour exécuter quelques jolies figures, mais chez Audi, on s’est décidé à mettre un peu de musique dans la chorégraphie… Ce sont donc des Audi S5 Sportback qui nous sont confiées ! L’A5 est sans nul doute, l’une des plus belles réussites stylistiques du moment. La version Sportback paraît probablement plus pataude mais, promis juré, une fois en mouvement sur la glace, l’élégance est évidente…

Trop de chevaux ?

Sous le capot, on retrouve un V6 suralimenté de 3 litres et dégainant la bagatelle de 333 chevaux via une boîte S-Tronic comptant 7 rapports. Alors honnêtement, on pourrait se satisfaire du quart de la puissance et… de la moitié du nombre de vitesses dans la boîte !

On n’ose imaginer les cabrioles que nous aurions réalisées si ces S5 avaient été des propulsions… Le spectacle aurait probablement été assuré, mais question efficacité, rien de mieux qu’une bonne transmission intégrale ! Surtout dans ce cas-ci, car la répartition du couple privilégie les roues arrière à raison de 60 %. Une répartition qui peut allégrement changer, en fonction de l’adhérence. Voilà du Quattro comme on l’aime !

Premier exercice…

Première mise en jambe : le slalom… tout en drift ! Comprenez, en regardant le chemin par les vitres latérales ! De l’extérieur, à voir les funambules de moniteurs glisser harmonieusement sur la glace et ponctuer leurs glissades de quelques rageurs coups d’accélérateurs, on n’en mène pas large… Pourtant, une fois au volant, la logique est assez claire et le coup de volant devient naturel. Un bon coup de gaz pour faire déboîter l’arrière, on contre-braque, vise le cône, redonne un coup de gaz, re-contre-braque, évite le photographe, enchaîne avec la deuxième portion, sort le bras pour jouer aux fanfarons et finit par se faire rappeler à l’ordre par les moniteurs ! Quel pied !

Du plaisir, surtout, et avant tout !

La matinée et le début d’après-midi de cette première journée seront principalement consacrés aux exercices de glisse. De quoi s’habituer au mode d’emploi assez particulier d’une Quattro : indécrottable amateur de propulsion, j’ai pour habitude de contre-braquer avec une certaine verve lorsque l’arrière se sent des envies de grande indépendance. Avec une transmission intégrale, il s’agit plutôt de laisser le train arrière enrouler autour du virage tout en maintenant la dérive avec les gaz et les roues braquées vers l’intérieur du virage. Drôle de sensation que de regarder la « route » dans un sens et de braquer les roues dans l’autre, mais avec un peu de pratique, on finit par en jouer et surtout… par prendre du plaisir !

Franchement, si vous n’avez pas compris un traitre mot du paragraphe ci-dessus, peu importe ! Sachez qu’au volant, les sensations abondent, le feeling s’intensifie, la confiance grimpe et surtout, une large banane s’inscrit sur votre visage ! Et c’est bien là le principal…

« Le serpent »

Après ces petits échauffements, place au sport ! A savoir, un petit circuit tracé sur la glace, bordé de murs de neige et au parcours franchement sinueux. Le petit piment ? Un chronomètre ! Autant l’avouer tout de suite à mes fans (je pense aux trois rennes aperçus dans les bois), je n’ai pu réaliser qu’une médiocre performance face au chrono, me valant une place dans le fond du classement… En cause, un certain penchant pour la glisse, tellement drôle, mais pénalisante face au chrono !

Car là réside tout le sport : pour être efficace, il s’agit de ne pas tomber dans la démesure… A trop glisser et ce sont les secondes qui s’écoulent ! Bref, mon côté fanfaron, je ferais mieux de le laisser au placard… Mais là encore, peu importe ! J’ai même failli rigoler aux éclats dans la voiture, tant la chose est amusante ! En revanche, mon liégeois de confrère, qui a tout d’un Sebastien Loeb en herbe, me laisse pantois par sa maîtrise et son sens de la mesure…

Cette fois, c’est du lourd…

Après les hors-d’œuvre, place à quelque chose de plus conséquent… Trois circuits, nettement plus rapides et aux murs de neige parfois, plutôt rapprochés ! S’agira de viser juste ! D’autant que ça roulera nettement plus vite ! Honnêtement, difficile d’être au top dès le début, à moins d’avoir un talent, un cœur et, pour les hommes, des parties intimes en béton armé ! Pourtant, petit-à-petit, on prend ses repères, et les quelques belles et longues glisses sont autant de jouissances pour l’égo ! Un petit coup d’oeil dans le rétro et… Dommage, le photographe n’était pas dans le coin…

Et le chrono ? Il y a du mieux, je me retrouve dans le premier tiers et à une petite poignée de secondes des meilleurs (sur un temps de plus de deux minutes)… Satisfaisant, mais peut certainement mieux faire… Ai-je été trop prudent ? Peut-être… Car si mes camarades ont abondamment visité les murs de neige, faisant appel à un vigoureux tracteur pour s’en sortir, je suis fier d’être resté sur la piste tout le temps, à une spectaculaire et curieusement efficace pirouette près ! L’honneur est sauf ! Et honnêtement, au diable le chrono et autres classements. On l’a dit et répété, le principal, finalement, c’est de se faire plaisir… Et là, c’est de la conduite orgasmique !

Un petit détail encore : peu importe vos compétences et votre talent sur sol sec, voire mouillé… Sur la glace, tout est différent, tout le monde se retrouve donc à zéro. Entre le ski nautique et le ski de fond, il y a un sacré monde !

Magique…

Cerise sur le gâteau, nous finirons ce stage, avec les trois circuits rassemblés, ce qui donnera un total de sept kilomètres… Sept kilomètres de pure jouissance où les oreilles sont caressées par les hurlements symphoniques du V6 et où je ne me lasse pas de contempler ce ballet de voitures, dansant les unes derrière les autres… Comme des paillettes dorées, la neige projetée par les voitures donne une ambiance féérique à ces lieux… Les forêts majestueuses semblent tolérer d’un œil bienveillant nos puériles glissades…

Les bonnes choses ont toujours une fin, et après ces quatre jours, c’est avec nostalgie que nous prenons le chemin du retour. Dans la tête, les souvenirs se bousculent, depuis, bien sûr, les longues glisses sur les lacs, aux balades en motoneige, au crépuscule, sous un soleil rasant et dans l’immensité d’une nature qui a tout ses droits…