Certes, si l’on lorgne vers un roadster, une infime dose d’esprit du « toujours ouvert » doit au moins sommeiller en soi. Mais, tout de même, quoi de mieux qu’une belle journée lumineuse pour profiter des plaisirs dispensés par un roadster, sorte de « service minimum » de l’automobile se contentant d’un retour à l’essentiel ? Rien de tel que d’humer l’odeur des barbecues en traversant les petits villages, entendre la mécanique gronder en traversant un tunnel et sentir la bise fraichir sur son visage en pénétrant dans un sous-bois… Un vrai bonheur !
Dans le cas de l’Audi, on module d’autant plus facilement son niveau d’aération que le filet anti-remous escamotable électriquement s’avère pratique à l’usage. De toute façon, avec son pare-brise enveloppant et ses quatre (et non deux comme sur le TT) vitres latérales, le roadster-coupé de BMW protège déjà parfaitement ses occupants des remous extérieurs.
Six… moins deux !
Passé par la case bistouri au mois d’avril, le nouveau Z4 ne donne pas de coup de vieux à ses homologues déjà sur les routes. Tout comme la remise à niveau des années 2010 du TT, lancé en 2006, le facelift du Z4 reste effectivement assez discret sur le plan stylistique. La refonte technique, par contre, se veut nettement plus radicale avec la disparition d’anciens (mais charismatiques…) six cylindres en ligne au profit de mécaniques quatre cylindres turbo plus sobres. Soit exactement le même tour de passe-passe qu’avait entrepris Audi en bannissant le V6 3.2l de l’offre mécanique au moment du face-lift.
A l’inverse, tant chez BMW qu’Audi, on retrouve donc aujourd’hui au catalogue un moteur essence d’entrée de gamme permettant de baisser le prix d’accès sous la barre des 35.000 € : sDrive 18i de 156 ch chez BMW (34.600€) et 1.8 TFSI de 160 ch (33.460€) chez Audi. Bonne nouvelle à l’issue de cette rencontre au parfum estival : les deux mécaniques délivrent assez de sel pour profiter pleinement du plaisir distillé par ces roadsters sans frustration !
Artificiel
Certes, on n’atteint pas les performances supersoniques des déclinaisons haut de gamme délivrant plus de 300 ch proposées tant chez BMW (SDrive 35is de 340 ch) qu’Audi (TT RS Plus de 360 ch). Mais l’agrément reste réel.
Chez BMW, il passe d’abord par une agréable souplesse d’utilisation au quotidien. Mais c’est surtout la bande-son travaillée de ce 2.0l turbo qui donne des frissons. Pour peu, avec ses borborygmes caverneux et autres explosions dans l’échappement aux levers de pied, ce « small block » donnerait presque l’impression de commander un gros V8 ! En conduite sportive, on regrettera tout de même la longueur des rapports de transmission, même avec la boîte automatique à 8 rapports proposée en option. De quoi lisser les sensations. D’autant plus que le moteur manque un peu d’explosivité dans les hauts-régimes.
Sur ce plan, le 1.8 TFSI d’Audi semble plus convaincant. Plus discret (mais à la sonorité plus naturelle…), ce moteur offre tant une excellente rondeur d’utilisation (couple maxi déjà disponible dès 1.400 tr/min !) que de pétillantes montées en régime. Il faut dire que malgré sa cylindrée inférieure, le bloc Audi délivre un couple légèrement plus généreux (250 contre 240 Nm), peut composer avec une transmission mieux étagée et doit surtout animer une carrosserie en aluminium sensiblement plus légère (1.380 contre 1.470 kg).
Ballerine
C’est d’ailleurs cette sensation de légèreté qui caractérise le mieux l’Audi TT. Dans les enchaînements de virage, elle virevolte comme une ballerine en se plaçant au lever de pied. Pour les amateurs de conduite « sportive », il n’y a pas mieux !
Le roadster Z4 joue dans un autre registre, plus bourgeois. S’il aime moins être bousculé, ses suspensions s’avèrent plus conciliantes avec les vertèbres des occupants. Un typage qui correspond parfaitement à son habitacle moins spartiate. Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si le Z4 se coiffe d’un toit rigide escamotable et non plus d’une « vulgaire » toile comme l’Audi TT.
Dur ou souple ?
Si la manœuvre de repli exige un temps légèrement plus long (19 s contre 12 s pour l’Audi) et que sa « transe » ne peut s’exécuter que sous 40 km/h (contre 50 km/h pour l’Audi), c’est surtout du côté pratique que la différence entre les deux couvre-chefs se marque plus clairement. Se repliant en « Z » sur la plage arrière, la capote de la TT n’empiète jamais sur le volume de coffre. Peu importe la configuration retenue, on dispose ainsi toujours de 250l de chargement et surtout d’une ouverture généreuse.
Les panneaux rigides du toit de la BMW, repliés dans le coffre, limitent quant à eux le volume utilisable à 180l en roadster (contre un généreux 300l en coupé) et encombrent sensiblement l’accès vers la soute. Mais bon, avec un peu de bonne volonté, on conserve assez de place pour embarquer les valises pour une escapade en amoureux dans les deux cas.
Cerise sur le gâteau : grâce à ses nombreux et vastes rangements intérieurs (notamment sous la plage arrière), l’Audi TT roadster pourra même transporter le magnum de champagne pour épater le soir. A boire « secoué », évidemment !
Conclusion
C’est bien dans les vieilles marmites qu’on réalise les meilleures soupes ! Malgré son grand âge, l’Audi TT n’a pas pris une ride sur la route. Elle reste même amusante à cravacher avec sa mécanique d’entrée de gamme 1.8 TFSI pétillante. Plus bourgeois, le roadster Z4 joue dans un registre moins sportif et radical. Du moins dans sa déclinaison d’accès sDrive 18i. Mais sa présentation plus soignée et la bande-son enivrante de son 2.0l turbo devraient en séduire plus d’un !