Nous avions déjà pu tourner autour du C600 à Milan et à Bruxelles. Chacun se forgera son opinion sur la ligne du BMW, une ligne très "BMW" justement, avec des accents high-tech, et une mise en valeur d'éléments techniques comme l'amortisseur monté latéralement. On adhère, ou pas, mais on regrette que ces accents technologiques soient trahis par l'aspect peu valorisant de certains composants. La poupe, cohérente avec son support de plaque triangulé, dénote malgré tout avec ses clignotants rapportés de part et d'autre, et fort exposés aux chocs. Le pot d'échappement, très court, manque de raffinement au niveau des attaches, le carter de transmission finale pêche par un dessin et une finition grossiers, les plastiques noirs abondent, eux aussi peu raffinés et aux fixations parfois branlantes. Le tableau de bord manque d'inspiration, avec un cerclage en plastique gris, et le réglage de la bulle (réglage qui a en tout cas le mérite d'exister!) ne comble pas vraiment le regard qui se pose sur lui. Le Tmax n'a pour l'instant guère de raison de trembler! A la décharge du C600, il nous faut toutefois préciser qu'il s'agit de modèles de présérie, et que la qualité perçue devrait progresser au niveau de la texture des plastiques et de la précision des assemblages pour les modèles de production. Dont acte…

Bienvenue à bord

L'accueil à bord rassure: le C600 permettra aux plus grands d'entre nous de se sentir à l'aise: il est possible de tendre les jambes vers le tablier sans squatter la place du passager, même pour un géant! Notre mètre quatre vingt trouve donc facilement sa place, mais la hauteur de la selle et sa forme, qui s'évase vers l'arrière, nécessite de se tenir légèrement en avant, là où elle se rétrécit, pour poser aisément les pieds au sol. La selle est ainsi dessinée qu'elle permet de s'asseoir indifféremment vers l'avant ou vers l'arrière, permettant à tout un chacun de trouver son bonheur en fonction de sa taille et/ou de son style de conduite, en gardant toutefois en mémoire que les plus petits d'entre nous ne seront pas obligatoirement à la fête.

La mélodie du bonheur?

Gentlemen, start your engine! Grosse excitation, nous allons enfin voir ce que le scooter BMW a dans le ventre. Aïe! Avant de voir, il faut entendre! Entendre ce crépitement misérable: on se croirait presque en présence d'un monocylindre… Décevant et peu flatteur! Gaz, et le C600 s'arrache sans trop d'empressement sur les premiers mètres, puis commence à faire parler la poudre et se propulse avec vigueur en direction du feu suivant. Gros coup de freins: pas de problème, ça décélère sérieusement, avec toutefois une nette tendance sur l'arrière à activer l'ABS. Nous remettons le couvert au feu vert et, ça se confirme, si le BMW marque le pas sur les premiers mètres, il se rattrape bien ensuite. On se rend d'ailleurs assez vite compte que même comme cela, la roue arrière "cire" facilement sur les marquages au sol. BMW a intelligemment choisi de calmer le tempérament de son scooter les premières secondes, histoire d'éviter quelques acrobaties qui pourraient s'avérer malvenues sur le mouillé!

Ca pousse!

Lourd lors de manœuvres à l'arrêt ou pour le béquillage central, le C600 se mue en danseuse une fois en mouvement, aucun problème pour le mener au centimètre près entre les voitures. Même à des allures proches de zéro, le "C" fait preuve d'un très bel équilibre, et nous prenons vite sa mesure dans les embarras de Madrid. S'il ne fait pas vraiment mieux que le Tmax, il se comporte largement aussi bien dans ce cas de figure, et cache bien sa surcharge pondérale. Le moteur promet beaucoup, mais se montre moins onctueux que celui du japonais, avec quelques vibrations et sa bande son, qui blessera à la fois les oreilles et l'ego de son propriétaire. Après quelques feux, nous montons sur une autoroute urbaine bien chargée elle aussi, mais on se rend vite compte que le C600 peut ici encore s'exprimer. Finie, la mise en mouvement laborieuse des premiers mètres. Une rotation de la poignée de gaz et le C600 bondit littéralement!

Confirmé: ça pousse vraiment!

La circulation s'éclaircit, l'autoroute se dégage, et nous recommençons le même jeu: à 120 - 130 stabilisés, gaz! Et ça repart avec une vigueur réjouissante. Quelle allonge! Le Tmax bouffe ici son pain noir et paie cash son déficit de watts! La bulle réglée sur la position médiane nous convient bien, la position de conduite aussi, jambes tendues sur le tablier, le guidon tombant naturellement sous les mains, et les rétroviseurs offrant une vision parfaite sur les journalistes qui nous suivent. Nous ne résistons pas à ouvrir les gaz en grand, et touchons le rupteur. Verdict au GPS: 177 km/h! La messe est dite! A l'agilité déjà appréciée en ville se greffent une stabilité sans faille et une allonge exceptionnelle, le tout délivré dans un parfait confort. Nous quittons l'autoroute pour découvrir la campagne. Chanceux, les Madrilènes: à quelques kilomètres de chez eux s'offrent des routes formidables, celles qui mettent la banane à tout amateur de deux roues normalement constitué, un environnement dans lequel le C600 confirme ses remarquables aptitudes. Ici encore, le Tmax a du souci à se faire, avec un concurrent qui se comporte largement aussi bien,et en prime cette allonge qui fait toute la différence!

Les détails qui fâchent

La perfection n'étant pas de ce monde, passons aux détails qui fâchent, comme ce barillet de contact revêche contre lequel nous nous sommes battus chaque fois qu'il s'est agi de (dé)verrouiller la direction, la selle qui, sur notre 600, demandait les deux mains pour s'ouvrir, l'une pour actionner la clé, l'autre pour soulever conjointement la selle! Par contre, une fois ouvert, "grande distinction" pour le très astucieux système Flex Case, qui permet de ranger deux intégraux sous la selle à l'arrêt. Le système est équipé d'une sécurité empêchant le démarrage quand le soufflet en kevlar est déployé. Notons encore le ridicule et illisible compte-tours, niché au coin d'un pavé digital, riche de nombreuses informations (jauge à essence, niveau d'huile, trips, consommation et vitesse moyennes, heure, température extérieure, et (en option) pression des pneus et état de fonctionnement de la selle et des poignées chauffantes. Beaucoup d'informations donc, mais pas toujours très lisibles, en fonction de la lumière et des reflets parasites.

Pour que le bonheur soit complet…

Le C600 Sport marque encore des points avec un prix "placé" de 10.690 € auquel vous seriez toutefois bien inspiré d'ajouter 960 € pour le pack High Line, non point pour les clignos blancs et l'éclairage de jour à LED's, sexy au demeurant, mais bien pour les très utiles selle et poignées chauffantes, parfaitement intégrées en usine, et pour le contrôle de la pression des pneus. Pas de doute, la lutte sera serrée entre l'outsider et le tenant du titre, d'autant que le C600 brille aussi par sa consommation modérée: entre 5 et 5,4 l/100km lors de notre essai mené tambour battant, séances de photos énergivores comprises!